A propos des grèves des services publics
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Publication : mai 1978
Mise en ligne : 2 septembre 2008
Un de nos abonnés fait une suggestion à
partir de l’affirmation suivante qui ne parait pas contestable : dans
un pays moderne, aux institutions demo-cratiques comme celles de la
France, qui aurait remplacé l’économie de marché
par l’économie distributive, il est impensable que les travailleurs
des services publics envisagent d’avoir recours a la grève, comme
l’ont fait récemment ceux de l’EDF. On ne peut douter que les
Français aient désapprouvé ces grèves qui
leur étaient imposées par un très petit nombre
de travailleurs au mépris de l’interêt général
dont ils se réclament parfois.
Cet etat d’esprit devrait rendre les français plus réceptifs
aux theses de l’économie distributive exposée par la plume
et par la parole de nos militants. Dans ces conditions ne serait-il
pas nécessaire et urgent de faire prendre conscience aux françaises
et aux Français du fait que le grand developpement dès
services publics au cours des dernières années a eu des
conséquences insoupçonnées et auxquelles la population
n a pas prêté attention, comme le montre Jean-Marie Bressand
sous le titre « Les Otages » dans l’article remarquable
du « Monde » du 17 décembre 1977 où il développe
les points suivants :
« Il y a des syndicalistes qui se sont aperçu que seules
les grèves « payantes » sont celles ou le public
n’est pas seulement témoin, MAIS OTAGE. Et leur tactique consistait
dès lors à faire endurer au plus grand nombre de citoyens
possible et même à l’ensemble de la population un certain
nombre de désagréments, de contraintes, de dommages, de
souffrances et de pousser l’avantage jusqu’aux limites de l’intolérable,
AFIN QUE LA PRESSION PUBLIQUE S’AJOUTE A CELLE DES GREVISTES.
Ce n’est ni très moral ni très démocratique ; mais
c’est un fait que les grèves des services publics sont devenues
de véritables « PRISES EN OTAGE » du peuple français
».
Avec le développement de la technique, la grève
de certains services publics prend l’aspect dune véritable calamité
nationale du fait de quelques uns qui ont entre les mains le pouvoir
de paralyser le pays. Cela pourrait peut-être permettre de faire
obstacle à un danger fasciste, mais aussi de favoriser la prise
du pouvoir par un parti minoritaire, dans l’illégalité.
(Voir ci-dessous la note de la rédaction).
Citons encore cette réflexion pertinente de J.-M. Bressand :
« Quand on pense au luxe de précautions entourant, au niveau
du Président de la République, l’opération qui
provoquera la guerre atomique, on reste confondu que personne ne se
soit avisé que la guerre sociale et économique peut être
déclenchée à tout montent par une toute petite
minorité qui détient dans ses mains, pratiquement sans
contrôle, le sort de la paix civile ».
Ajoutons que l’auteur, ne se bornant pas à critiquer, propose
une juridiction similaire à celle dès conseils de prud’hommes
pour régler les conflits collectifs survenant dans les services
publics.
Un conviendra qu’une telle juridiction cesserait d’avoir une utilité
quelconque dans une societe beneficiant d’une economie distributive,
en raison dé la complète transformation de la mentalité
des travailleurs qui résulterait du changement, de genre de vie
qui aurait mis fin au règne de l’argent et aux privilèges
d’une classe. Les revendications incessantes, en vue d’un pouvoir d’achat
qui est. sans cesse compromis par l’inflation structurelle propre au
systeme capitaliste, ne s’imposeraient plus aux travailleurs puisqu’ils
seraient assures de fa satisfaction de leurs besoins essentiels avec
équité.
Ceci devrait encourager les français à exiger de leurs
nouveaux élus qu’ils prennent position sur l’économie
distributive qui s’impose chaque jour davantage. Elle respecte la dignité
des citoyens par l’attribution à chacun deux d’un revenu social
(de base et d’émulation) qui a sa justification dans le lait
que chacun de nous a droit à sa part d’usufruit dans l’énorme
patrimoine légué par les générations précédentes.
NDLR - Il en serait tout autrement si ces grèves totales étaient remplacées par des GREVES DE GRATUITE. D’abord de telles grèves seraient plus logiques, dans le système capitaliste : nées d’un contrit entre l’Etat-patron et ses employés, elles seraient supportées par celui dont les travailleurs sont mécontents et non pas par les usagers qui ne sont pas responsables du conflit. Mais en plus ces grèves de gratuité mettraient les usagers du côté des travailleurs et montreraient ainsi à tous qu’un service public peut être au service du public, gratuitement, comme en économie distributive. Cette thèse est développée sous l’impulsion de Joseph Pastor, par les Groupes de Salariés pour l’Economie Distributive.