Au fil des jours
par
Publication : octobre 1976
Mise en ligne : 11 mars 2008
Une fois de plus, les Etats-Unis nous montrent la
route à suivre :
A partir de 1979, la semaine dans l’industrie automobile ne sera plus
que de quatre jours !
Les ouvriers de l’automobile qui bénéficient déjà
d’un congé annuel de 33 jours en auront désormais 40.
Qui plus est, le salaire de base des ouvriers a été majoré
et bénéficiera d’une augmentation automatique liée
aux hausses du coût de la vie ; le fonds spécial d’assistance
aux chômeurs sera relevé et les primes versées aux
pensionnés pour compenser les effets de l’inflation seront augmentées.
Selon les experts, cet accroissement du prix de la main-d’oeuvre devrait
inciter les compagnies à faire un plus grand effort d’automatisation,
c’est-à-dire à substituer des machines à l’homme.
Ces mêmes experts prévoient que d’ici 1990 la production
automobile augmentera de 47 % mais que l’emploi dans cette industrie
ne progressera que de 5 %.
Quelle belle illustration des théories de J. DUBOIN !
*
L’O.N.U. vient de publier une étude du professeur
LEONTIEV, Prix Nobel d’Economie, sur « l’Avenir de l’Economie
Mondiale ».
Cette étude montre que, malgré l’accroissement de la consommation
de minerais, les ressources disponibles pourront satisfaire la demande
dans le cadre d’une expansion rapide et que la pollution pourra être
contrôlée sans gêner l’expansion. Selon LEONTIEV,
les obstacles à la croissance de l’économie mondiale sont
politiques, institutionnels plutôt que physiques.
C’est ce que nous avons toujours dit !
*
Une initiative à méditer : celle de
LEROY-SOMER GUINARD (pompes) qui se décentralisent en mettant
en place à la campagne des unités de production à
dimensions humaines, avec l’ambition avouée de « faire
de ces usines le prototype même de la future société
industrielle en matière d’auto-organisation ».
A l’usine de Neuvy-Saint Sepulchre (Indre) le travail à la chaîne
a été supprimé ; la responsabilité complète
d’un ensemble ou d’un sous-ensemble est confiée à un groupe
de 3 ou 4 personnes. La parcellisation des tâches disparaît
et l’expérience montre que le temps d’usinage est identique et
que la qualité est grandement améliorée.
Les ouvriers décident avec la direction des problèmes
d’intérêt général (horaires souples, formation
du personnel, extension de l’usine, ...). Bien sûr, on parle encore
de profit (comment pourrait-il en être autrement en économie
capitaliste ?) mais l’expérience mérite d’être suivie,
et perfectionnée... dans le cadre d’une économie distributive.
*
Lors du récent Forum organisé par l’EXPANSION,
François MITTERAND a tenté de rassurer les chefs d’entreprise
qui l’interrogeaient sur le programme de l’Union de la gauche, en affirmant
qu’il n’était pas question de toucher à l’économie
de marché.
Espérons qu’il ne s’agit là que de propos électoralistes.
Car, si la Gauche ne fait pas preuve de plus d’imagination en matière
économique, et cela dès son accession au pouvoir, nous
nous retrouverons bien vite dans la situation actuelle.
*
Décidément la Lumière ne nous
viendra pas du Nord !
L’Académie Royale de Suède vient en effet d’attribuer
le Prix Nobel d’Economie à Milton FRIEDMAN, professeur à
l’Université de Chicago. Et le professeur Friedman est le chef
de file de ce qu’on appelle « l’Ecole Monétariste »
qui proclame la suprématie de la monnaie sur l’économique.
Cette théorie, crédo des économistes américains
du début du siècle, s’est effondrée avec le fracas
que l’on sait, lors de la grande crise des années 30. Ce qui
n’empêche pas M. Friedman, apôtre du libéralisme
absolu et de l’économie de marché, de la reprendre à
son compte comme s’il ne s’était rien passé.
Consolons-nous cependant, car, plus conscient que ceux qui l’ont primé,
le professeur Friedman n’hésite pas à se qualifier lui-même
d’homme du XIXe siècle !