Cultures régionale, nationale, internationale
par
Publication : décembre 1987
Mise en ligne : 10 juillet 2009
BEAUCOUP d’insuffisance dans la connaissance des cultures
linguistiques fait parfois transcrire des pensées contestables
et regrettables. C’est ainsi que j’ai eu la pénible "surprise"
de lire ("La Raison" n° 322323 de sept.-oct. 1987) un
article reflétant, à mon avis, un raisonnement inapprofondi
sur cette question par un camarade LibrePenseur.
L’auteur, pour avancer ses arguments "énormes" n’a
pu se placer que dans le cadre de pensée de l’économie
de marché ; et c’est bien là sa prison : il n’a pas encore
pu en sortir puisqu’il ne concède aucune alternative !
Je reviens au sujet : les cultures régionales ; l’auteur écrit
que " ...le retour aux sources (l’étude des idiomes régionaux)
s’opère au détriment de l’adaptation de notre jeunesse
au monde moderne" et qu’"il conviendrait de maîtriser
non seulement sa propre langue maternelle mais, en plus, celles de nos
partenaires : l’italien, l’allemand, "aux économies dynamiques"
(on croirait entendre l’ineffable Ph. Sassier ! - en ce qui concerne
la finance, ce qui n’a rien à voir avec le bien-être du
peuple), l’anglais, l’espagnol"... et plus loin : "...pour
faire face, le chinois, le japonais". Il a oublié le russe.
Ouf ! Mais il pense "que notre pays ne présente guère
de disposition" et il s’ensuit que le Français "est
souvent incapable de communiquer un seul mot dans une autre langue pourtant
fort répandue" ; je crois deviner qu’il s’agit de l’anglais
"relativement universel", et il conclut : "Ne serait-il
pas bon d’acquérir d’abord une vaste culture et une grande expérience
avant d’opérer un retour aux sources ?".
Toutes ces déductions me paraissent imprégnées
d’une réalité marchande un peu trop sentencieuse. Quand
je dis qu’il est prisonnier de l’économie de marché, de
l’éducation échangiste, je m’en explique : malheureusement
beaucoup de camarades Libre-Penseurs, Syndicalistes, Anarchistes, etc...
sont encore prisonniers MORALEMENT d’une habitude de pensée dépendant
de la "routine" échangiste. Ils raisonnent et se placent
dans le contexte marchand-emploi-salaire-achat qui pourtant s’évanouit
à vue d’oeil ! Ils sont hors des solutions pourtant simples, parce
qu’ils raisonnent en termes de rentabilité, de gain qu’ils croient
nécessaires et immortels. Oh ! je sais... révoltés
par les injustices perpétrées par l’argent, l’autorité
et les violences de l’armée, les mensonges et les crimes des
religions, les inégalités des hiérarchies, etc...
ils sont d’authentiques anti-capitalistes. Mais beaucoup ne voient pas
comment (sans violence) et par quoi remplacer le capitalisme (1). D’où
ce raisonnement terre à terre issu du système, faisant
paraître le problème des langues insoluble ! Maintenant
il est une autre façon de voir : le capitalisme, le régime
du profit, l’économie de marché sont la CAUSE de TOUTES
les misères. Si au contraire l’auteur s’était placé
dans un contexte, son raisonnement aurait été bien différent.
A savoir que dans une société NON capitaliste, de distribution
de l’ABONDANCE de produits utiles, possible aujourd’hui grâce
aux technologies foudroyantes de la robotique - par le canal du REVENU
SOCIAL MAXIMUM possible distribué à TOUS en "monnaie"
de consommation NON capitalisable - ouvrant l’ère des loisirs
(et non du chômage !), en un mot de l’ECONOMIE DISTRIBUTIVE, toutes
les difficultés n’étant plus soumises aux contraintes
du marché pourraient être plus facilement surmontées.
Ainsi donc, nos enfants pourraient-ils réapprendre et cultiver
leur langue régionale dans le pays de leur naissance, sans que
cela "nuise" à leur avenir (assuré par le Revenu
Social à vie) ; ainsi que leur langue nationale, le Français,
étudié de façon correcte. Enfin, ce qui préoccupe
tellement notre ami, et il a raison, pour communiquer avec TOUT le monde
et PARTOUT dans le monde - non pas en apprenant toutes les langues étrangères,
ce qui est impossible ! mais - la LANGUE INTERNATIONALE ESPERANTO qui,
suivant une émission télévisée- le mois
dernier - et c’est bien rare ! ! - confessait : "que si l’anglais
est la langue la plus parlée, l’ESPERANTO est la langue la plus
répandue dans le monde". Alors .! N’est-ce pas là
la SOLUTION ? ? Il n’est pas nécessaire d’attendre la disparition
du capitalisme pour utiliser l’Espéranto, qui se manifeste et
se pratique dans de nombreuses branches sociales, commerciales (FIAT,
PHILIPS...) et disciplines, congrès, associations, groupements
etc... (même Radio Vatican !). C’est la langue grammaticalement
la plus simple, syntaxiquement la plus souple et précise et la
plus vaste dans ses possibilités y compris scientifiques. Nous
sommes plus de cinq millions d’Espérantophones répartis
dans le monde ; l’UNESCO a reconnu l’an dernier l’Espéranto comme
langue d’échange à l’égal de l’anglais, du français,
etc... ; l’ONU a édité la charte des Droits de l’Homme
en Espéranto : le "Monde" en août 1987, sous
la plume de Brigitte Camus-Lazaro a rapporté objectivement les
assises internationales du Centenaire (1887-1987) de l’ESPERANTO tenues
en juillet 87 en Pologne (à Varsovie) pays natal de notre Langue
Universelle. Regrettons en passant que la France n’ait pas jugé
utile de marquer ce mémorable anniversaire, ne serait-ce que
par un timbre postal !
En résumé, au lieu "d’abrutir" nos enfants en
leur imposant l’étude rébarbative de langues étrangères,
apprenons-leur - d’abord - les TROIS langues qui coulent logiquement
de source : la Régionale, qui ne sera plus alors considérée
comme "un repli, un retour aux sources (sans avenir)", la
Nationale, le FRANÇAIS" pour communiquer partout dans l’hexagone",
et l’Internationale, l’ESPERANTO, pour la communication MONDIALE et
"l’ouverture sur un monde en mouvement" (2).
(1) Tout changement de régime économique
et social qui n’abolirait pas l’économie de marché, donc
le salariat et la monnaie capitalisable feraient automatiquement renaître
les tares du précédent système. (Voir tous les
pays de l’Est).
(2) Les parties entre guillemets sont des citations de l’article de
notre ami.