Formation et déformation du travail
Publication : juin 2002
Mise en ligne : 20 janvier 2007
La “France d’en bas”, pour laquelle le nouveau Premier Ministre affirme vouloir faire preuve de sollicitude, commencerait-elle à s’exprimer ?
Il semblerait que oui, mais que cette expression n’aille pas dans le sens de la politique imposée par Jacques Chirac à son gouvernement, ce dont témoigne un journal mensuel dont le numéro de mars a attiré l’attention d’un de nos abonnés de Valence.
Ce journal de quatre grandes pages, diffusé à 7.000 exemplaires et intitulé “Vu d’en haut”, se dit réalisé par les habitants de Fontbarlettes, un grand quartier de Valence que notre correspondant qualifie de “sensible”. Il aborde en sa “Une” le problème de l’emploi, de la façon suivante :
…Durant ces temps électoraux, nous allons beaucoup entendre parler d’emploi, de perspective d’emploi, de plein emploi et de promesses d’emplois. Y a-t-il du nouveau derrière ces mots (maux) si vieux ?
On aurait voulu voir la hargne déclenchée contre l’insécurité par toutes les tendances de l’échiquier politique pendant cette campagne, appliquée aussi dans la lutte contre le chômage et la précarité. S’il y a des milliers de personnes qui souffrent chaque jour de l’insécurité, il y en a des millions qui souffrent du chômage. Mais voilà, l’emploi ne se contente pas de discours de proximité, de renforcements d’effectifs et de hausses de budgets. On peut prendre des mesures spectaculaires contre l’insécurité et s’imaginer que la France est à feu et à sang, pour apporter des solutions déjà prêtes. Pour l’emploi, on ne peut pas faire grand chose, c’est globalement le même message relayé à droite et à gauche.
Des générations entières ont eu à une époque, comme valeur le travail qui générait, reconnaissance, rémunérations, actions collectives, révolte mais aussi promotion et épanouissement. Aujourd’hui le travail est devenu rare. Face à l’inadéquation des ressources et des besoins d’un marché de l’emploi en pleine mutation, le manque de formation est désigné comme facteur premier des difficultés. Et c’est là qu’il faut se battre ; dans quelle mesure les personnes les plus en difficulté peuvent-elle participer à l’insertion professionnelle ? Comment la formation permanente peut elle répondre aux besoins des travailleurs précaires et remédier à l’incertitude que rencontre cette catégorie dans ses efforts d’insertion pour les demandeurs d’emploi les plus en difficulté, l’ensemble du service formation est conçu, et ne doit offrir que des services rapides et des contrats rapides. Ces formations sont la négation même d’une liberté de choix et d’un droit à la formation toute sa vie.
Vous avez dit emploi ? Oui car au-delà de l’emploi et de l’insertion, c’est de la considération dont il s’agit…