L’association… une action collective entre citoyens


par  J.-C. PICHOT
Publication : août 2001
Mise en ligne : 20 septembre 2008

  Sommaire  

C’est à la demande de Marie-Louise que j’ai commis ce texte. Sachant que je n’étais qu’un petit parmi une foule de gens engagés à des niveaux bien supérieurs, j’avais depuis longtemps classé le sujet dans le domaine de la vie privée ; mais, à la réflexion, pourquoi ne pas faire connaître aux autres ces petits exemples de comportement citoyen qui occupent une partie de mon esprit et de mon temps ?

Avant tout, que le lecteur sache que j’ai été infecté, dès mon adolescence, par le virus LD 1901 (autrement dit le virus associatif), dont il est très difficile de se défaire, et que, avec l’âge, la dimension altruiste de l’action collective s’est élargie. Certains diraient que c’est pour “gagner le paradis” ; je pense profondément que c’est plutôt pour avoir une existence équilibrée : la route n’est-elle pas plus importante que la “destination”, que bien peu connaissent ?

L’engagement citoyen est naturellement multiforme, et, s’il peut laisser entrevoir à terme des “retours sur investissement” à retombées personnelles, il doit être avant tout, pour moi, désintéressé et si possible utile à la communauté. C’est ainsi que je peux témoigner plus parti-culièrement d’expériences caritative, nutritionnelle et environnementale.

Dans la première catégorie, même si les ONG et autres associations à but humanitaire peuvent souvent être considérées comme les roues de secours d’Etats défaillants ou de structures internationales qui n’assument pas leurs responsabilités, je peux témoigner de l’efficacité sociale et économique d’une aide sans défaillance pendant 20 ans au service d’une communauté de quelques milliers de parias chrétiens du Tamil Nadu, au sud-est de l’Inde, qui se désignent eux-mêmes sous le nom de dalits, ce qui veut dire “hommes brisés”. Grâce à l’engagement soutenu d’une équipe de quelques dizaines d’amis déterminés habitant la même ville d’Ile de France, cette population doublement pénalisée par son identité lourde en motifs d’exclusion, dans un pays qui n’a pas fini d’évacuer les castes et redécouvre les tensions religieuses, a réussi à devenir autosuf-fisante, donc “fréquentable” par les autres Indiens. Notre action a consisté à aider une structure locale de type associatif, le PMD (People Multipurpose Development), à financer des investissements de base tels qu’aménagement d’ateliers traditionnels ou d’écoles, constitution d’un cheptel de va-ches ou construction de réserves d’eau etc. , tout en restant proches de ses responsables par des voyages en Inde ou leur accueil à nos domiciles à l’occasion de voyages de formation à l’étranger financés par d’autres asso-ciations. à la réflexion, je considère que nous n’avons rien fait d’exceptionnel, sauf peut-être à y croire et faire en sorte que tout se passe bien, notamment à travers des relations personnelles suivies. Aujourd’hui, ces frères éloignés poursuivent chez eux dans des conditions plus dignes leur voyage terrestre.

 

La deuxième expérience est un peu plus originale. Ayant appris par France Inter en 1994 qu’une vaste campagne destinée à connaître plus finement les relations entre la nutrition et la résistance à certaines maladies (notamment cancers et maladies cardio-vasculaires) était lancée en France, je me suis proposé et j’ai été accepté dans la “cohorte” de près de 14.000 personnes regroupées à cet effet (très certainement parmi les plus âgés !). Il s’agit de « SU.VI.MAX », acronyme dont les lettres signifient « SUpplémentation en VItamines et Minéraux Anti-oXydants ». Là aussi, l’aventure était collective, mais cette fois sans connaître les autres. Même si certains médias ont parlé de cobayes « sur-vitaminés » (France 3) ou ont laissé planer un doute sur l’indépendance des chercheurs vis-à-vis des industriels de l’alimentation qui cofinancent le programme (Le Point), je peux affirmer qu’il s’agit d’une opération extrêmement sérieuse et qui ne laissera aucun des volontaires marqué à vie par quoi que ce soit, puisqu’ils se seront contentés pendant 8 ans d’absorber tous les matins (sauf oubli on contre-indication médicale momentanée ou durable) une gélule pouvant contenir ou non (placebo) quelques vitamines et minéraux anti-oxydants ordinaires pris en quantités “nutritionnelles” mesurées en milligrammes ou en microgrammes ; en fait quelque chose de très simple à condition de suivre pendant toute cette durée l’engagement de base (par exemple, sans s’arrêter pour convenance personnelle comme l’a fait une biologiste qui, après analyse des gélules qui lui étaient fournies, a découvert qu’il s’agissait du placebo !) et de fournir régulièrement les informations utiles à la cons-titution des dossiers nécessaires à l’établissement des résultats statistiques à la fin de l’étude (il s’agit d’informations concernant les nourri-tures absorbées, relevées tous les deux mois, et des données les plus significatives sur la santé et le mode de vie, sans oublier quelques enquêtes complémentaires sous forme de questionnaires). à ce jour, et sans attendre fin 2002 (terme de l’expérimentation), plus de 13.000 citoyens français ont déjà permis la constitution d’une base de données exceptionnelle sur les habitudes alimentaires de notre pays. Avec un peu de patience, et au plus tard en 2003, nous devrions mieux connaître les relations entre la prise régulière à doses nutritionnelles de ces vitamines et minéraux anti-oxydants et la résistance aux graves maladies prises en compte. Lorsque vous découvrirez, après les vacances d’été, la campagne promotionnelle du PNNS Programme National Nutritionnel Santé, vous vous rappellerez que quelques-uns de vos concitoyens ont modestement consacré depuis près de 7 ans un peu de leur temps et mis en œuvre leur bonne volonté au service des autres ; tout simplement, sans rien demander...

 

J’ai scrupule à développer le troisième sujet. Si l’on peut dire, il est dans l’air du temps et mobilise de plus en plus tous ceux qui ont conscience que notre Terre, que nos ancêtres ont eu pour mission de « peupler et soumettre », est en train de se rebeller et que, quoi qu’il arrive, nos descendants vont en hériter dans des conditions qui risquent d’être difficiles. L’engagement citoyen peut, là encore, passer par l’action associative, tant dans sa dimension “éducative” que dans celle de l’action sur le terrain, notamment auprès des responsables politiques, nationaux autant que locaux ; vaste programme qui dépassera, lui, la durée d’une vie.

« Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer » !

Les exemples se multiplient : nous n’avons plus d’excuses pour rester sans rien faire.


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