La rupture !
par
Publication : décembre 1985
Mise en ligne : 16 mars 2009
LES politiciens nous préparent une campagne
qui sera longue et tapageuse, puisqu’elle a déjà commencé
! C’est sans doute la raison pour laquelle nous avons reçu des
lettres de plusieurs lecteurs nous disant en substance, je cite «
souhaitant.., que les mouvements se référant à
l’économie distributive s’unissent pour pouvoir surmonter ces
montagnes de tabous, je souscris à l’idée de présenter
un candidat « distributiste » aux prochaines législatives,
quoi que ce soit très onéreux », ou encore : «
Chacun va-t-il continuer à végéter dans son coin
? ... unissons VRAIMENT nos efforts : un seul souci, un seul objectif
: que les idées de J. Duboin sortent de leur ghetto ! ».
L’union, dans l’action, sous un même sigle n’a jamais été
possible, mais elle n’est pas indispensable. Elle n’est pas possible,
tout simplement parce que trop nombreux sont les camarades qui ne veulent
l’union qu’à condition que ce soit sous LEUR bannière
! Pas indispensable, heureusement, parce qu’il est bon que les distributistes
s’adressent sous toutes les formes d’expression accessibles et à
tous les publics ; disons même à toutes les classes de
la société, puisque celles-ci existent encore... et telle
association qui s’adresse plutôt aux écolos ne serait probablement
pas comprise des intellos, il faut différents styles.
Mais si la dispersion dans la forme est nécessaire, par contre,
sur le fond, il est primordial d’avoir en commun une argumentation solide,
étayée sur des faits, sans cesse remise à jour
par une étude sérieuse de l’actualité, avoir des
chiffres, des exemples, des documents à présenter. C’est
cela l’objectif de la « Grande Relève », c’est dans
cet esprit qu’elle a été fondée et qu’elle poursuit
le travail de son fondateur : pour être le mensuel de réflexion
de tous les distributistes, quelle que soit la forme personnelle qu’ils
donnent à leur action de propagande. Il y a un énorme
travail à faire, et c’est indispensable pour rester crédibles,
pour nous faire comprendre, montrer que nous sommes réalistes.
C’est pour cela que nous aimerions voir plus de nos abonnés nous
envoyer des articles, qui ne soient pas une simple répétition
de nos thèses, car nous en avons des tonnes, mais des articles
basés sur l’actualité, sur une étude originale
d’un fait de notre temps, afin que leur travail puisse être utilisé
par tous les autres. Toute action de diffusion de nos thèses
doit commencer par de tels efforts et la Grande Relève est là,
depuis son origine, pour les unir.
Malheureusement, beaucoup de camarades préfèrent agir
au gré de leur imagination et c’est ainsi qu’on trouve dans des
revues qui se disent distributistes, des affirmations très subjectives,
qui n’ont rien à voir avec nos thèses, mais relèvent
de convictions sur d’autres sujets, et même sur des croyances,
plus ou moins ésotériques. Il n’est pas question de reprocher
ces croyances, ces visions personnelles du monde, mais il faut bien
s’apercevoir que ces amalgames donnent au public une image très
confuse des propositions de J. Duboin et que de tels mélanges
avec nos objectifs socio-économiques contribuent bien plus à
l’inefficacité de ces militants que le fait qu’ils soient groupés
en des associations différentes.
Dans l’immédiat, et quelles que soient les campagnes que des
distributistes ne manqueront pas d’entreprendre (pour profiter d’une
période où les gens se posent des questions devant tous
les bobards électoralistes qu’ils entendent), il y a une façon
de s’unir, une façon efficace, et sûrement la meilleure
pour avancer vers notre objectif, c’est admettre qu’on s’attache tous
à ne faire passer qu’UNE SEULE idée : LA RUPTURE NÉCESSAIRE
POUR TOUS ENTRE LES REVENUS ET LA DURÉE DU TRAVAIL. Mettons-nous
d’accord pour ne faire passer que celle-là, dans un premier temps,
et nous y arriverons. C’est ce qui me paraît le plus réaliste.