Lu, vu, entendu


Publication : mai 1990
Mise en ligne : 23 mars 2009

Stress
En économie marchande, les patrons ont une curieuse conception de la qualité de la vie : ils cultivent le stress parce qu’ils estiment que c’est bon pour le rendement ! Ne riez pas : c’est très sérieusement que le présentateur d’Antenne 2, le 24 mars, nous a révélé cette curieuse pratique.
Mais, depuis quelque temps, on s’est aperçu que trop, c’est trop  : le stress de la vie moderne (peur du chômage, transports, etc..) a finalement un effet nocif sur le rendement. Alors on revient à une "recherche d’équilibre" (sic). En somme, il aura fallu une expérience inhumaine, imbécile pour tout dire, pour en arriver là. Il est vrai que la France détient le record de consommation de tranquillisants per capita, à ajouter aux records d’alcool et de tués sur la route.
Le stress atteint aussi les équidés, et en tête, pas n’importe lequel : Ourasi. Il est à la retraite... enfin si l’on peut dire. Car son heureux propriétaire peut être un heureux retraité. Ourasi rapporte 90.000 F. par saillie, ou plus exactement par jument grosse de ses oeuvres. Or voilà qu’on se contente de l’insémination artificielle et qu’Ourasi ne connait que des joies trop espacées ! D’où stress.

Antenne 2,4 avril.

Si on demandait aux chômeurs et aux précaires stressés ce qu’ils "gagnent" par an ? 90.000 francs  ?

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Médecins Ripoux
Scandale à Nancy : des médecins de haut niveau - chirurgiens par exemple demandent à leurs patients des dessous de table allant de 5.000 à 20.000 francs. Trente témoignages confirment. Ils risquent une suspension d’exercice de la médecine de huit jours (c’est vraiment peu) à trois ans (ce n’est pas énorme).
Décidément, le fric pourrit tout. Vive le libéralisme !

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Socialisme : Ils ont gagné !
C’est le titre d’un article grinçant que Gilles Perrault, auteur notamment de "l’Orchestre rouge" a publié dans le Monde du 11 janvier, sans doute en raison de l’inquiétante évolution actuelle du PS. Il rappelle quelques faits et chiffres
"Sans aller jusqu’à évoquer la nonintervention en Espagne et une collaboration vichyste où les notabilités socialistes furent longtemps plus nombreuses que dans la Résistance, l’après-guerre devait, en effet, fournir au socialisme humaniste français un banc d’essai à l’échelle mondiale. Les chiffres sont aussi approximatifs que ceux du Goulag, mais on évalue les victimes de la répression à Madagascar (1947) à 80.000 morts, celle de la guerre d’Indochine (1946-1954) entre 800.000 et deux millions, celles de la guerre d’Algérie (1954-1962) entre 800.000 et un million. Accessoirement, et conformément à la tradition social-démocrate, la police ouvrait le feu à huit reprises, de 1947 à 1955, sur la classe ouvrière française.
Si l’on rapporte le chiffre de ses victimes à celui de sa population, la France se place donc dans le peloton de tête, sinon en tête, des pays massacreurs de la deuxième partie du siècle. "

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Votre agent de change recommande...
Un agent de change, disait Woody Allen, est quelqu’un qui prend votre argent et l’investit jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus. Tristement, une étude commandée par I American Stock Exchange (Bourse), la plus petite rivale de la Bourse de NewYork, révèle que les investisseurs ordinaires pensent que M. Allen est amusant mais surtout qu’il a raison. Il y a une divergence d’intérêt entre les investisseurs et les personnes qu’ils emploient pour exécuter leurs ordres. Si les agents de change désirent survivre (et beaucoup paraissent destinés à disparaitre des deux côtés de l’Atlantique), ils devront combler le fossé.
A tort, mais de manière compréhensible, la Bourse attache plus d’importance à un autre point : seulement 28°/ des investisseurs américains ont "perdu confiance" en la Bourse des valeurs, c’est le résultat du krach d’octobre 1987. Celà est contredit nettement par les professionnels. Lorsqu’on demande l’opinion des courtiers, 81 °/ répondirent que leurs clients étaient obsédés par l’hécatombe d’octobre 1987. Les investisseurs institutionnels ont impulsé le redressement du prix des actions . Beaucoup d’investisseurs individuels ont abandonné.
Les investisseurs privés sont peut-être découragés, pas par les marchés, mais par les intermédiaires. Dans leurs achats et ventes d’action, ils disent qu’ils sont des professionnels. Etant donné que les journalistes sont assimilés aux marchands de voitures d’occasion dans l’estime du public, cela devrait faire réfléchir les agents de change. Le sentiment des porteurs d’actions serait donc qu’ils sont des citoyens de seconde classe sur les marchés boursiers. La plupart pensent que les marchés sont au-dessous des terrains de jeu et que les individuels n’ont que peu de chances contre les grandes institutions. Un grief particulier est que les institutions sont les premières à connaitre les informations. Les agents de change l’admettent : les deux tiers sont d’accord sur le fait que "lorsque les individuels ont connaissance d’une bonne action, il est habituellement trop tard".
Les investisseurs interrogés ne sont pas désarmés comme une vieille tante sans autre argent de poche que des actions sans valeur. Le porteur typique a 55 ans, un diplôme universitaire et dirige un foyer avec un revenu annuel de 80.000 dollars (470.000 F). Il (la plupart sont des hommes) connait les marchés à prime, les obligations à coupon zéro et l’indice des valeurs des fonds d’Etat. C’est un conservateur plus attaché à sauvegarder son capital qu’à gagner une fortune.
Plus des quatre cinquièmes se présentent eux-mêmes comme peu enclins à prendre des risques. Deux tiers des courtiers au contraire le font. Cette différence est le fond du problème. Les investisseurs aiment les valeurs vedettes (70%) préfèrent des formes plus sûres que les actions (65%) et assimilent les achats d’actions à la spéculation (59%). Les agents de change qui travaillent à la commission, désirent, eux, négocier souvent et risquer de grosses sommes dans des affaires prestigieuses ou tapageuses. Il en résulte que les investisseurs sont échaudés et découragés.

The Economist - Octobre 1989 (Traduction R.M.)


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