Oyez tous ce cri du cœur !


par  Dédé
Publication : avril 2015
Mise en ligne : 13 juillet 2015

Voici un texte en forme de manifeste, que je désire partager aujourd’hui avec vous, car il me semble crucial que toutes les structures politiques, syndicales, associatives soucieuses de justice et de progrès social, prennent en compte la montée des inégalités comme étant la cause principale de la stagnation et de la régression des conditions de vie de la majorité des populations aujourd’hui. Si nous ne partons pas de ce constat, il nous est impossible de forger les outils qui nous permettront tous ensemble, de dépasser le stade de la désespérance et du sentiment d’impuissance qui nous paralyse tous et nous fait accepter que l’inacceptable s’inscrive dans la durée.

Je sais que nous avons des analyses, des expériences et des pratiques diverses ; mais je sais aussi et surtout que nous poursuivons les mêmes buts : travailler pour une société meilleure, plus juste et moins violente.

Parmi nous, les uns privilégient l’épanouissement personnel, d’autres l’accès à la culture ou l’engagement dans des activités bénévoles ; d’autres encore l’action revendicative, ou le combat politique, ou la défense juridique ; l’intervention auprès des autorités pour combattre les injustices, ou encore la création de monnaies solidaires, ou bien l’amélioration du cadre de vie, la circulation de l’information, et bien d’autres formes d’action encore, toutes privilégiant la solidarité et l’exercice de la responsabilité à contre-courant d’un environnement tout entier tourné vers la compétition et le chacun pour soi et la recherche sans limites du profit...

Hé bien, selon moi, toutes ces richesses, cette diversité, ne doivent pas nous faire perdre de vue que l’accroissement monstrueux des inégalités auquel nous assistons depuis maintenant plusieurs décennies, nous prive des moyens de me­ner à bien nos différents projets d’amélioration de notre vie quotidienne, et qu’il importe que nous nous regroupions et luttions pour exiger des pouvoirs publics de tous niveaux et de toutes natures, de reprendre le contrôle de l’activité financière pour une répartition équitable de la richesse produite sans laquelle toute vie en société civilisée est impossible.

Pour être plus clair encore, je dis que les pouvoirs publics ne peuvent plus continuer à faire appel à la bonne volonté et à la capacité de résilience de la société civile tout en prétendant qu’il n’y a pas d’argent pour cela, et que le bénévolat et les efforts financiers des particuliers, voire le sponsoring des entreprises pourvoiront à tout.

Il faut arrêter de se moquer du monde ! Jamais les gros actionnaires et les grands groupes multinationaux n’ont fait autant de profits ! Jamais l’évasion, pardon, “l’optimisation fiscale”, n’a été aussi répandue et n’a autant manqué aux budgets des États ! Jamais les lobbies n’ont agi avec autant de détermination auprès des législateurs pour faire valoir leurs intérêts propres au détriment de l’intérêt général ! Jamais les paradis fiscaux n’ont été aussi nombreux, dont un certain nombre au coeur même de notre vertueuse Europe !

Et à qui les pouvoirs publics, garants de la prospérité générale, demandent-ils de mettre la main à la poche, au nom de la solidarité et de la bonne gouvernance ? - À vous, à nous tous, chers camarades-citoyens-militants-bénévoles-bienfaiteurs à qui, pourtant, le même État ne manque jamais de prélever scrupuleusement l’impôt ! Mais jamais aux multimilliardaires qui ont arrondi leur pelote sur notre dos et qui se permettent en plus de nous donner des leçons de morale et de bienséance !!!

Je sais, pour vous croiser dans une multitude de cercles, groupes de travail, collectifs et autres réseaux multiformes et protéiformes, certains même à l’instigation des pouvoirs publics, communes, territoires, pays, comcom et autres Conseils citoyens, que nous sommes tous à la manœuvre pour tenter d’empêcher cette société de sombrer tout à fait dans la misère et la désespérance, la violence et le tribalisme.

Je sais aussi que nombre d’entre vous commencez à en avoir marre de vous coltiner des problèmes qui avaient disparu de notre horizon pendant les trente glorieuses et qui, à force de s’installer dans le paysage, font de plus en plus ressembler nombre de nos villes à des pays du tiers-monde, pardon “en développement”, qui eux-mêmes font surtout du sur-place depuis tout ce temps, et que nous allons bientôt rejoindre au fond du trou au lieu de les aider à remonter si nous n’inversons pas la tendance...

Alors, au cours de tous nos colloques et rencontres à venir, ne perdons pas de vue que tant que nous n’aurons pas pris à bras le corps ce problème d’évasion fiscale et d’assèchement des finances publiques sous prétexte de dette et d’amaigrissement de l’État Providence, nous nous interdirons de nous donner les moyens de transformer cette société en quelque chose de vivable et d’accessible à l’espérance pour la partie la plus fragilisée de plus en plus nombreuse de la population. 

Certains hommes politiques en responsabilité, et non des moindres, cherchent désespérément le moyen de contenir la montée continue du Front National ? - Qu’ils respectent donc leur promesse de campagne : séparer les banques de dépôts et les banques d’affaires, réformer la fiscalité et lutter contre la fraude et l’évasion fiscale et faire la guerre aux paradis fiscaux, et le vote FN se dégonflera comme une baudruche à mesure que la justice sociale sera rétablie… Je ne dis pas qu’il disparaîtra tout-à-fait, hélas, mais au moins il se ratatinera sur ses maigres troupes fascistoïdes et ne se nourrira plus de la désespérance et de la rage impuissante de tout un peuple en déshérence qui ne sait plus à quel saint se vouer !

Il me semble que l’état du monde associatif et son intervention de plus en plus indispensable dans l’espace public, sans moyens supplémentaires, mérite que l’on se demande jusqu’à quand et jusqu’où nous accepterons de jouer les supplétifs de la puissance publique, et quels moyens nous pouvons nous donner pour nous faire respecter par ces instances. Le bénévolat est une belle chose, mais il ne doit pas se transformer en travail gratuit au service de la collectivité, au détriment des emplois de services publics, dont le recrutement ferait reculer significativement le chômage !

Pour ma part, à la retraite depuis 10 ans pendant lesquels j’ai donné l’équivalent d’un temps complet au mouvement associatif, je m’en tiendrai désormais au stade de la réflexion en prenant du recul quand à l’engagement au quotidien.

Il n’y a pas de raison qu’on ne retrouve pas le chemin du progrès humain et de la justice sociale. Mais il faut pour cela forger de nouveaux outils intellectuels et inventer de nouvelles formes d’organisation sociale, et ne se tromper ni d’adversaire, ni d’objectif. 

En clair, ce ne sont ni les étrangers, ni les sans-papiers, ni les chômeurs, ni les fonctionnaires qui sont responsables de cet état lamentable du monde et de la société, mais bien les prédateurs et les fauteurs de guerre, qui ne se privent pas de piller les ressources de la Planète et de dévaster des régions entières pour en extrai­re sauvagement les richesses et qui, déstabilisant les régimes qui ne servent pas leurs intérêts, se plaignent ensuite de la montée de l’insécurité internationale et du terrorisme et prétendent empêcher les populations déplacées par leurs exactions de tenter de se réfugier dans des régions plus sûres de la Planète, celles qu’eux-mêmes habitent !

Ce qui veut dire qu’à cette crise, il y a des victimes et des boucs émissaires, mais aussi des responsables et des profiteurs. Si l’on veut s’en sortir, il faut les identifier et leur demander des comptes, sans cela toutes nos actions, toute notre bonne volonté, n’aboutiront qu’à faire perdurer cette situation scandaleuse et inique, faute de carburant à mettre dans le moteur !

Devant l’ampleur des problèmes rencontrés, seuls, nous ne pouvons rien. Mais tous ensemble, tout devient possible, c’est pourquoi il faut s’atteler à la tâche sans tarder plus longtemps, et bien se mettre dans la tête que dans ce combat, ce qui nous rapproche compte bien davantage que ce qui nous sépare !

André Barnoin, 
Citoyen du Monde
Militant politique, syndical, et associatif
(et auteur des dessins)

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