Plein emploi ! Plein d’emplois !

Il y a déjà quarante ans :
par  P. BUGUET
Publication : avril 2017
Mise en ligne : 7 août 2017

En feuilletant les Grande Relève que nous avons conservées, Jean-Pierre Mon est tombé sur un article qui est reproduit ci-dessous parce que son actualité est saisissante… alors qu’il a été écrit en janvier 1977 !

Tel est l’invariable slogan des grandes centrales syndicales. Restons braqués sur l’emploi peau de chagrin. C’est sage, c’est simplissimus, donc c’est sain. Ne cherchons pas d’autre issue, il faudrait réfléchir, analyser, ça fatiguerait la tête. Et si nous trouvions autre chose, quel branle-bas ! Ne nous laissons pas entraîner sur la pente savonneuse de la révolution technique, faisons l’autruche. Nos lois économico-sociales ont été pensées à l’apparition de la lampe à pétrole une fois pour toutes.

Nos ancêtres ont travaillé, nos grands-pères ont travaillé, nos pères ont travaillé, nous, nous voulons du travail.

La compétence syndicale ne peut être en défaut : plein emploi ! recommande-t-elle, plein d’emplois ! répétons nous.

Nous vivons du travail, nos fils vivront du travail, leurs enfants vivront du travail. Oui, le travail à perpétuité c’est l’idéal, c’est la libération, susurrent les augures syndicaux, s’inspirant révolutionnairement de prophètes de l’âge de la houe qui allaient clamant aux hommes en lutte contre l’ingrate nature : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ! »

— Que manges-tu travailleur ? Du travail ou du pain, du lait, des fruits , de la viande ?
— De quoi t’habilles-tu ? De travail ou de vêtements de laine, de tergal ?
— Où loges-tu ? Tu te tiens devant la machine jour et nuit ou tu habites dans une maison créée pour toi et les tiens ?

Les nouvelles techniques de production t’offrent tout cela, en refusant toujours un peu plus ton concours. Tes efforts passés, tes efforts de chaque jour ont tous tendu à créer, à perfectionner ces techniques qui te relèvent de ta tâche et t’apportent les biens que tu convoites. À présent que tes efforts portent leur fruit, que s’offrent à toi loisirs et bien-être, tu doutes, tant ton attente fut longue, tu chancelles, tant ton espoir fut fervent.

Nous arrivons, nous entrons dans une nouvelle ère. Désormais nous aurons toujours moins de travail et toujours plus de biens à notre disposition. C’est notre conquête à tous, le couronnement de nos efforts.

N’écoutons pas les augures – prophètes noyés dans l’exégèse politico-idéologique - qui nous aveuglent, nous neutralisent par l’énormité de revendications d’un autre âge, de l’âge pré-industriel.

Prenons fermement pied sur terre. Nous n’allons pas accepter cette condamnation aux travaux forcés à perpétuité, sous le prétexte que cet artifice comptable imaginé par le capitalisme pour sauvegarder sa raison d’être, LE PROFIT, est la solution paresseuse !

Ce serait une démission et une stupidité. Démission après la longue lutte pour notre libération matérielle et sociale des générations qui nous ont précédés.

Stupidité, car le palliatif comptable des revenus dégagés par une production nuisible est dangereux et précaire par la dévaluation constante de la monnaie qu’il entraîne, par son incapacité à assurer durablement du travail : 1 million 500 mille chômeurs avoués malgré une production « exemplaire » d’armements.

Les Commissions d’études, les Conseils Économiques des grandes centrales ne se sont jamais appliqués à dégager l’impact irréversible qu’a le progrès des techniques de production sur l’emploi de la main d’œuvre. C’est trop simpliste !

L’assaut du machinisme, de l’automatisme, aujourd’hui de l’ordinateur, libérant l’homme du travail, lui apportant produits et biens pratiquement sans son intervention, est tabou pour ces institutions.

Nos démarches auprès de toute les fédérations syndicales – dans les années 50 – sur l’incidence primordiale de l’élimination du travail humain par la mécanisation et l’automation naissante restèrent lettre morte.

Depuis, 25 années de progrès accélérés se sont écoulées et le slogan reste : plein emploi  ! Cependant, malgré cette application au silence, l’évolution technique se poursuit, le chômage s’accroît irrémédiablement. « Il est à la mesure du progrès technique » écrivait Jacques Duboin dès les années 30. L’accès aux biens et aux service pour des millions d’individus (les chômeurs et leurs familles) est désormais dépendant de secours sociaux. Doit-on, sous le prétexte de plein emploi, s’axer sur des productions inutiles ou nuisibles telles que des milliers de milliards d’armements qui risquent un jour d’être utilisés à notre propre anéantissement ?

Ou bien revendiquer LE SALAIRE GARANTI pour tous, prélude au REVENU SOCIAL que nécessite la production technicienne avancée  ?


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