Pourquoi imaginer une autre société ?

Le problème du chômage
par  P. KRUISSEL
Publication : mars 2004
Mise en ligne : 9 novembre 2006

Le manque de revenus décents quand on ne trouve pas à vendre son travail a des conséquences désastreuses dans tous les domaines. Or il n’existe dans l’économie actuelle que deux solutions pour supprimer le chômage : la croissance et la réduction du temps de travail. Mais la croissance ne réussit plus, depuis bientôt trente ans, à enrayer le fléau, alors qu’elle génère des perturbations écologiques irréversibles et qu’elle n’améliore plus le bien-être général. Quant à la RTT, elle crée peu d’emplois, et lorsqu’elle est généralisée, elle provoque des tensions sur le marché du travail et ne répond pas forcément aux souhaits individuels.

Patric Kruissel en conclut qu’il faut sortir de ce système et imaginer d’autres bases à la société afin que les modes de production s’orientent progressivement vers une économie, non plus au service des puissances financières, mais plus respectueuse des Droits de l’Homme, plus équilibrée entre le Nord et le Sud et moins agressive pour notre environnement.

 Conséquences du chômage

La principale conséquence du chômage dans un ménage est la perte de revenu (allant de 25 % jusqu’aux minima sociaux pour les personnes en fin de droits). Le chômage génère une exclusion multidimensionnelle (sociale, politique, économique…). Cette exclusion a très souvent des conséquences dramatiques sur l’éducation des enfants (alimentation, habillement, confort, espace habitable, prévoyance santé, soutien scolaire, loisirs, sport, culture, vacances…). Le surendettement aboutit, dès la suspension de paiement, au déclenchement des procédures de recouvrement (rappel, intervention des huissiers de justice, saisies diverses).

Le chômeur bénéficie d’un espace temps dont rêvent tous les actifs, mais ne profite pas de ce loisir pour tisser des liens sociaux et se renferme, au contraire, dans un isolement relationnel. Chez les chômeurs, les décès par maladies cardio-vasculaires et rénales augmentent de 50 % et le risque de décès par suicide double.

En plus des conséquences néfastes au niveau individuel, de nombreuses études montrent la corrélation entre chômage et délinquance, donnée que les pouvoirs publics ne peuvent ignorer. Si, face aux achoppements de la recherche d’un premier emploi, des moyens illégaux d’argent facile se présentent, notamment le trafic de drogue, il est fatal que certains basculent dans la délinquance.

La plupart des personnes arrêtées et condamnées à l’emprisonnement pour vols ou violences sont issues des milieux touchés par la pauvreté et le chômage. Un million de chômeurs supplémentaires sur 5 ans entraînent 50.000 morts supplémentaires, 60.000 cas de maladies mentales, 14.000 condamnations pénales. D’après Brenner [1], 10 % de chômage supplémentaire entraine une hausse de 1,3 % du taux de mortalité attribuable aux cirrhoses, de 4 % du taux d’arrestations, de 6 % du nombre d’incarcérations, de 3,4 % du nombre de crimes économiques, de 0,8 % du nombre de crimes violents (1,9 % chez les jeunes). Le chômage génère indéniablement du stress à l’intérieur même des entreprises, surtout celles soumises à la concurrence internationale et au risque de délocalisation. Les employeurs eux-mêmes se servent du chômage pour augmenter la pression sur les salariés (refus de hausses de salaire, accélération des cadences…). L’OIT signale que le coût des problèmes de santé mentale liés au travail, dont le stress, représente 3 % du PIB. Enfin ces désordres sociaux créent un sentiment d’insécurité, une perte d’identité et un refuge vers des solutions parfois peu adaptées (votes extrémistes, intégrisme religieux, dérives sectaires, mépris des valeurs citoyennes).

 Coûts économiques du chômage

La facture officielle se monte à 70 milliards d’euros (cotisations URSSAF, ASSEDIC et caisses de retraite, perte fiscale pour l’Etat et les collectivités locales…) à laquelle il faut ajouter une grande partie du coût des minima sociaux et du coût des allégements de charges patronales. Les coûts économiques du chômage représentent 6 % du PIB. Une étude canadienne [2] donne une fourchette comprise entre 5 et 12 % du PIB.

 Coûts externes du chômage

Aux coûts économiques, il faut ajouter les effets externes provoqués par les conséquences sociales du chômage. Jacques Nikonoff évalue le coût global du chômage à 13 % du PIB, chiffre contestable en l’absence d’études sérieuses des pouvoirs publics. On peut cependant certifier que la réduction du chômage permettrait de faire des économies non négligeables dans un certain nombre de domaines :

• Forces de police et de gendarmerie en manque d’effectifs. La baisse de la délinquance n’est-elle pas une solution efficace à ce problème ?

• Tribunaux croulant sous les dossiers. Là encore la baisse de délinquance liée au chômage ne serait-elle pas une aubaine pour soulager l’administration judiciaire et remédier à sa lenteur ?

• Surpeuplement carcéral. Le gouvernement a choisi de construire de nouvelles prisons. S’attaquer aux causes de la criminalité n’est-ce pas une meilleure solution ?

 Causes du chômage

Par définition, la productivité est la quantité de production fabriquée par unité de temps. La production étant confondue avec la consommation C, prise au sens large du terme, c’est-à-dire le PIB, elle est donc le produit de la productivité P par le temps de travail T, soit C=P x T.

Or, de 1946 à nos jours,
le PIB a été multiplié par 9,5,
soit une augmentation de 850 %,
le temps de travail a été multiplié par 0,9,
soit une diminution de 10 %,
la productivité a été multipliée par 10,5,
soit une augmentation de 950 %,
la population française a été multipliée par 1,46,
soit une augmentation de 46 %,
la production par habitant a été multipliée par 6,5,
soit une augmentation de 550 %.

La baisse du temps de travail de 10 % est la résultante de deux paramètres : la population active a augmenté de 26 % et la durée annuelle du travail a diminué de 28 %.

On trouvera dans le tableau ci-contre des chiffres de 1946 et de 2002 pour comparaison.

De 1946 à 1975, la progression moyenne annuelle de la productivité horaire a été très forte (5,5 %) mais la croissance a permis de limiter la montée du chômage. Par contre, depuis 1975, la productivité a ralenti (2,6 % en moyenne) et la croissance a été, la plupart du temps, plus faible, donc le nombre de créations d’emplois a diminué et le chômage s’est développé.

 

Trois solutions à ce problème : ne plus générer de gains de productivité, favoriser la croissance, réduire le temps de travail :

Première solution : Ne plus générer de gains de productivité, car à consommation stable, le chômage n’augmenterait pas. Remplacer le tracteur par la bêche, l’ordinateur par la gomme et le crayon, les moyens de transport moderne par le cheval, cet ensemble de moyens permettrait de réduire considérablement les gains de productivité et de donner du travail à tout le monde. Mais c’est absurde ! On n’arrête pas le progrès ! Le facteur productivité, paramètre intangible, a un taux de progression annuelle de 2,5 %. Cela signifie, que chaque année, on a le choix entre : à temps de travail fixe, augmenter la consommation de 2,5 %, ou à niveau de consommation fixe, diminuer le temps de travail de 2,5 %. La situation intermédiaire de partage des gains de productivité entre croissance et RTT est bien sûr possible. Les chiffres cités ci-dessus montrent clairement que notre civilisation a privilégié la production par habitant au détriment de la réduction du temps de travail.

Deuxième solution : Favoriser la croissance. Pour contenir l’augmentation du chômage, il faut un taux de croissance minimum de 3 %. Si ce taux était maintenu, notre production serait multipliée par 19 en un siècle, par 370 en 2 siècles et par 7.100 en 3 siècles. Or depuis 1946, fait sans précédent dans l’histoire de l’humanité, le taux moyen annuel de croissance a été de 4,5 % (soit une production multipliée par 82 en un siècle). Mais la croissance conduit-elle à un développement durable ? L’énormité des chiffres suffit à admettre que, non seulement notre développement n’est pas durable, mais que notre niveau de consommation actuel n’est même pas exportable à l’ensemble des pays de la planète ! Si chaque habitant y avait notre niveau de vie, nous rejetterions dans l’atmosphère une quantité de gaz à effet de serre 4 fois supérieure (10 fois pour les USA) à ce que la nature est capable d’absorber. Effet de serre, consommations d’énergie et de matières premières… ne va-t-on pas dans le mur en continuant sur cette lancée ? Si des mesures sérieuses ne sont pas prises pour inciter nos concitoyens à consommer moins d’énergies non renouvelables, notamment en utilisant des moyens de transport plus respectueux de l’environnement, les injonctions prises par nos gouvernants, face aux catastrophes naturelles (canicule, désertification, pluies diluviennes, inondations) risquent d’être fortement liberticides. Cet écolo-fascisme imposé par les autorités nous fera regretter notre imparfaite démocratie. Au rythme où nous gaspillons les carburants fossilisés, en 200 ans nous aurons consommé ce que la nature a fabriqué en plusieurs millions d’années. Au nom de quel droit est-ce que les compagnies pétrolières extraient, transforment et vendent toute cette énergie en si peu de temps ? Comment expliquerons-nous à nos descendants une telle exploitation abusive des ressources énergétiques ?

en 1946 en 2002
population active occupée 18,9 millions 23,8 millions
âge d’entrée dans la vie active 16 ans 25 ans
âge de cessation d’activité 66 ans 58,5 ans
Taux d’emploi des femmes 20 % 45 %
Durée annuelle moyenne du travail 2.100 heures 1.510 heures
Durée hebdomadaire du travail 43 heures 37 heures
Nombre de semaines de congé payé 2 5
Taux de salariés à temps partiel 5 % 15 %
taux de chômage 2 % 9 %

 Développement des pays du Tiers-Monde

Les 225 plus grosses fortunes du monde représentent l’équivalent du revenu annuel des 2,5 milliards de personnes les plus pauvres de la planète. Il suffirait de leur en prélever 4 % pour donner à toute la population du globe l’accès aux besoins de base (nourriture, eau potable, éducation, santé). Seulement 0,17 % de la richesse des pays de l’OCDE, soit 17 centimes sur chaque centaine d’Euros dépensée, permettait de sortir le monde de la misère. Personne ne nous fera croire que l’objectif est inaccessible !

A titre de comparaison, voici quelques montants en milliards de dollars :

Spéculation sur les taux de change monétaires : 1.800 par jour
Dépenses d’armement dans le monde : 840 en une année
Dépenses de publicité dans les pays riches : 400 en une année
Consommation de stupéfiants : 400 en une année
Les 225 plus grosses fortunes : 1.000
La dette des pays en “voie de développement” : 2.500
L’aide à ces pays : 50

 

La misère n’est pas une fatalité, et l’égalité est loin d’être en marche. En 1960, les 20 % de la population mondiale des pays riches avaient un revenu 30 fois supérieur à celui des 20 % les plus pauvres, en 1995 leur revenu était 82 fois supérieur. Pays en voie de développement ? Le vocable est peut-être à revoir. Tant que de telles inégalités subsisteront, tant que les droits de l’Homme ne seront pas instaurés de façon homogène au niveau de la planète, nous ne pourrons juguler l’immigration clandestine. Le sujet devient d’autant plus crucial qu’au problème d’écart de richesse s’ajoute la pression démographique. Notre niveau sanitaire et éducatif a permis une relative stabilisation de notre population, ce qui est loin d’être le cas dans les pays pauvres.

Tant que seront maintenus des écarts de salaire exorbitants entre pays riches et pays pauvres, les entreprises continueront à transporter les matières premières vers les pays à faible coût de main-d’œuvre et les produits finis vers les pays dans lesquels la population est solvable. Les gains financiers de telles opérations permettent largement de rentabiliser les coûts de transport, même si elles induisent des coûts sociaux qui sont à la charge de la collectivité (consommation d’énergie, bruit, congestion, pollutions, misères…).

 Croissance et progrès sont-ils liés ?

Quand on utilise le PIB comme indice de performance économique, on oublie de spécifier que cette agrégation comporte deux sortes de coûts : ceux dont l’effet est positif sur le bien-être (production alimentaire, amélioration de l’habitat, éducation, prévention sanitaire…) et ceux dont l’effet est négatif sur le bien-être (pollutions diverses, destruction de ressources, coûts sociaux…). De sorte que supprimer les causes des conflits armés dans le monde serait un progrès considérable pour l’humanité, …mais une véritable catastrophe économique dans notre système : des dizaines de millions de salariés dépendant de ce commerce se retrouveraient sans travail. Pour préserver l’emploi, l’économie maintient des activités inutiles ou nuisibles au bien-être collectif (la publicité par exemple), mais délaisse des activités indispensables à la collectivité sous prétexte qu’il n’y a pas de profit à la clé.

Le PIB mesure, certes, un flux de dépenses, mais il n’est pas un indicateur de satisfaction, de bien-être, voire de bonheur, notion par nature subjective. Efficace sur le plan de la croissance, le marché profite plus à l’économie qu’à l’écologie, plus aux actionnaires qu’aux salariés, plus à la création de richesse qu’à sa distribution.

Aux États-Unis, il existe un Indicateur de Progrès Véritable (GPI), qui a été cautionné par plus de 400 économistes ; il montre que pendant la période 1950-1975 l’augmentation du PIB a évolué parallèlement au progrés “véritable”, mais que, depuis, l’augmentation du niveau de consommation l’a globalement fait chuter :

1950-1975 1975-2000
PIB + 60 % + 70 %
GPI + 60 % - 16 %

Ce constat aurait dû inciter, depuis 1975, à utiliser la productivité pour développer les loisirs (réduction du temps de travail de 45 %) et le temps consacré au bénévolat. Vivre ainsi avec moins de croissance, pour plus de bien-être aurait eu un effet positif sur le GPI, mais malgré (ou à cause de) la croissance économique, cet indicateur témoigne d’une régression.

 

Troisième et dernière solution : la réduction du temps de travail. Il y a deux façons de réduire le temps de travail, diminuer le nombre de travailleurs ou bien pour chacun d’eux, diminuer la quantité d’heures travaillées. A chacune de ces 2 solutions, correspondent de nombreuses adaptations possibles.

• Première façon : diminuer le nombre de travailleurs actifs. En renvoyant les immigrés dans leur pays ou les femmes au foyer, c’est une solution simpliste défendue par des extrémistes, dont le racisme reçoit, hélas, quelque écho d’un point de vue électoral, mais qui est à rejeter d’un point de vue humain.

En abaissant l’âge de la retraite, c’était la revendication légitime d’une classe d’âge qui a subi une vie active longue et pénible. Aujourd’hui, l’amélioration des conditions de travail et l’allongement de l’espérance de vie changent les données du problème, mais la volonté du gouvernement de financer les retraites par l’allongement de la durée de cotisation, sans modifier les autres paramètres économiques (taux de cotisation, mode de financement…) aura des conséquences désastreuses sur le taux de chômage. Si les entreprises se décident à considérer les sexagénaires comme une source d’expérience, et non plus comme une charge salariale, des personnes de 60 ans et plus vont continuer à travailler, en freinant du même coup l’entrée des jeunes sur le marché du travail. Rappelons que l’âge moyen effectif de cessation d’activité est en France inférieur à 60 ans.

En augmentant la scolarité, ce qui a permis de réduire le taux d’analphabétisme, d’améliorer le niveau de compétences professionnelles et de culture générale. Aujourd’hui, la poursuite des études sert à reculer l’étape d’entrée dans la vie active. Avec un taux de chômage double de celui de la population active, les jeunes subissent de plein fouet l’aggravation du chômage.

En mettant 10 % des actifs au chômage, c’est le choix actuel, ignoble pour les victimes et dispendieux pour la société.

La baisse de la population active n’est donc pas la solution au problème. Reste la dernière solution.

• Deuxième façon : baisser la durée annuelle de travail des actifs. C’était l’objectif de la loi des 35 heures en France, faisons-en le bilan. Par rapport aux 39 heures, les 35 heures représentent une réduction de 10 % du temps de travail, taux équivalent au taux de chômage. Quels sont les effets sur les créations d’emplois et sur le chômage ? Toute réduction du temps de travail s’accompagne de gains de productivité non négligeables, pour plusieurs raisons : les salariés travaillant moins, sont moins fatigués, moins souvent absents, plus productifs ; et les entreprises profitent de cette réduction pour aménager le temps de travail (réduction de pauses, augmentation de l’utilisation des équipements…). Ce n’est plus seulement la RTT, mais l’ARTT (aménagement et réduction du temps de travail).

Le Conseil Economique et Social a chiffré les gains de productivité liés à une RTT :
• Un salarié à 50 % produit comme 0,64 salarié
• Un salarié à 60 % produit comme 0,77 salarié
• Un salarié à 70 % produit comme 0,87 salarié
• Un salarié à 80 % produit comme 0,92 salarié
• Un salarié à 90 % produit comme 0,96 salarié (cas du passage aux 35 heures).

Plus la réduction du temps de travail est faible, plus elle génère de gains de productivité, et donc plus le nombre d’emplois créés est réduit. Le cabinet de Martine Aubry avait estimé que le passage aux 35 heures aurait créé un million d’emplois, soit 4 % de la population active. En réalité la DARES les estime à 370.000, auxquels on peut ajouter 100.000 emplois préservés (limitation de certains plans sociaux).

Pourquoi cet écart ? Deux explications : soit l’estimation a été sensiblement surévaluée, soit seuls 55 % des salariés ont bénéficié des 35 heures.

Quel a été l’impact sur le chômage de cette création de 370.000 emplois ? En période de croissance économique les entreprises augmentent le nombre d’heures de travail et la productivité avant d’embaucher, ce qui génère une production supplémentaire. En période de récession, le nombre réel de chômeurs est sous-estimé parce que certaines personnes découragées ne sont plus comptabilisées. Dans un contexte de croissance, ces personnes, en retournant sur le marché du travail, réintègrent la population active. Ainsi selon la loi dite d’Okun, la création des 370.000 emplois génère une baisse du chômage de 185.000 (soit 2 fois moins). Il reste encore 2 millions et demi de chômeurs. Pour enrayer le chômage, compte tenu des gains de productivité générés, il faudrait que chaque salarié travaille à mi-temps, ce qui pourrait entrainer la création de 5 à 6 millions d’emplois.

 

En conclusion, aucun des deux seuls paramètres à notre disposition pour résoudre le chômage n’offre d’espoir :

La croissance économique
• ne génère pas suffisamment d’emplois,
• s’avère désastreuse d’un point de vue écologique et menace le développement des générations futures,
• n’assure pas le bien-être social de la population actuelle.

La réduction du temps de travail • est peu créatrice d’emplois (une baisse du temps de travail de 10 % pour 55 % des salariés a induit, en France, une baisse du chômage équivalente à 0,7 % de la population active),
• génère des tensions sur le marché du travail, créant localement des pénuries de main-d’œuvre,
• généralisée, elle ne correspond pas forcément aux souhaits individuels des citoyens (certains veulent travailler moins, d’autres préfèrent gagner plus).

 

Comme le montrent les statistiques du G8, les pays où l’on travaille le moins affichent les taux de chômage les plus importants. Mais l’analyse des chiffres bruts devrait être complétée par un indice de la qualité des emplois créés. Dans les pays anglo-saxons les emplois créés ont fortement augmenté la précarité de la population active. Le stress dans les entreprises japonaises a atteint un sommet inquiétant. Aux Etats-Unis, le taux d’incarcération est huit fois plus fort qu’en France (8 prisonniers pour mille habitants). De deux maux il faut choisir le moindre, et il est sans doute préférable d’indemniser un chômeur que de supporter les conséquences socio-économiques de son incarcération.

Doit-on en déduire que notre société doit se complaire, comme elle le fait depuis trois décennies, avec un taux de chômage désastreux d’un point de vue économique, incompréhensible d’un point de vue social et intolérable d’un point de vue humain ?


[1Brenner : « Estimating the effects of Economic Change on National Health and Social Well-Being », 1984.

[2Marcel Bédard : « Les coûts économiques et sociaux du chômage » juin 1996.


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