Quel(s) équilibre(s) démographique(s) sur notre planète ?

Courrier des lecteurs
par  G. EVRARD
Publication : avril 2016
Mise en ligne : 28 avril 2016

Nous avons reçu, ces derniers temps, quelques lettres, plus longues que d’habitude, de nos lecteurs. La première est celle de Guy Evrard qui tient à compléter la réponse qui avait été faite dans notre précédent numéro par T.B., de Saint Georges des 7 voies qui disait n’avoir pas vu traiter, dans La Grande Relève, depuis son abonnement en octobre 2014, « le sujet de la surpopulation de l’espèce humaine sur la planète » :

Au-delà des angoisses infondées, il est évident que des équilibres démographiques doivent être recherchés sur notre planète, aux capacités finies, tant en ressources naturelles et alimentaires que pour recycler les effluents des activités humaines, avant que l’Univers offre à nos descendants d’hypothétiques Terra Nova.

Trois textes de Guy Evrard ont été publiés dans les numéros 1097, 1098 et 1099 de La Grande Relève, sous le même titre repris ci-dessus, comme point de départ d’une réflexion à élargir sur la question démographique, au moment où une crise globale, à la fois écologique, économique et sociale, oblige les hommes à s’interroger sur leur devenir à la surface de la Terre, en dehors de tout questionnement existentiel.

L’auteur s’est basé sur des informations scientifiques diffusées notamment lors de conférences données par les démographes Hervé Le Bras et Henri Leridon, sur le thème Démographie et développement dura­ble, respectivement à la Cité des Sciences et de l’Industrie et au Collège de France, en 2008 et 2009.

La première partie restitue brièvement l’aventure humaine et le peuplement de la Terre dans le temps et l’espace, de la conquête à la fuite en avant au cours des derniers siècles, jusqu’à la crise actuelle. Elle permet de mesurer à la fois “la jeunesse” de l’homme sur la Terre et la formidable accélération des transformations dont il est responsable. Elle provoque cette prise de conscience de l’urgence, maintenant à l’échelle d’une vie d’homme, à affronter les défis qu’il a lui-même soulevés. Avant que terre ne meure, pour reprendre le propos de Jean Dorst [*].

La seconde partie montre qu’une analyse scientifique des mécanismes de transition démographique qui se mettent en place lorsque les peuples accèdent au progrès, c’est-à-dire lorsqu’ils prennent conscience de la baisse de mortalité qui en résulte et tendent alors à réduire les naissances, laisse entrevoir la fin de l’accroissement démographique vers 2050. Certes, les démographes restent prudents en raison de l’inertie propre à ces transitions et aussi parce que de multiples facteurs d’influence subsistent, tels que l’instabilité géopolitique de certaines régions et probablement les développements à venir de la crise écologique. Une prudence dont on mesure le bien-fondé aujourd’hui.

Dans la troisième partie, il devient évident que le destin de l’homme dépend de sa capacité à reconquérir la Terre, dès maintenant. Non plus pour la dominer et l’exploiter en transformant en marchandise toute ressource qu’elle nous fournit, jusqu’à l’eau qui a permis le développement de la vie et bientôt sans doute l’air que nous respirons, comme la logique libérale capitaliste nous y entraîne, jusqu’à laisser la planète exsangue. Mais en s’efforçant de toujours mieux comprendre les mécanismes d’équilibre de la biosphère, afin de mieux s’y intégrer, pour qu’en profitent encore de nombreuses générations. Alors, la maîtrise de la démographie par les peuples eux-mêmes devient un levier puissant pour cette reconquête, puisqu’elle accompagne l’accès au progrès, puisqu’elle oblige à une répartition plus équitable des ressources alimentaires et à des choix de développement résolument solidaires.

Et si les questions démographiques entraient effectivement enfin dans le débat public, comme le suggère notre lecteur ? Sous le couvert du respect de la liberté individuelle fondamentale de procréation, ne craint-on pas en réalité que les citoyens s’approprient collectivement ce droit pour revendiquer plus de pouvoir dans l’organisation de la société ? Il serait temps, avant que les idées post humanistes offrent de nouvelles armes au capitalisme.


[*Jean Dorst (1924-2001), biologiste, ancien directeur du Muséum National d’Histoire Naturelle (1975-1985) et membre de l’Académie des sciences. Avant que terre ne meure, éd. Delachaux et Niestlé, Neuchâtel (Suisse), 1965.


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