Un symposium et un film


par  J.-P. MON
Publication : novembre 2017
Mise en ligne : 30 janvier 2018

Le 2 novembre dernier s’est ouvert à Sara­gosse le 17ème symposium sur le Revenu de base (RB) [1]. Pour les militants de l’association espagnole pour le revenu universel (La Renta Basica), ce symposium doit être considéré comme un « point d’inflexion » dans la trajectoire de l’association, comme le déclare son président, Daniel Raventos (Docteur en Sciences Économiques et Professeur titulaire de la Faculté de l’Économie et de l’Entreprise de l’Université de Barcelone). Il rappelle qu’il y a 17 ans, lors de la fondation de l’association, les personnes qui étudiaient et défendaient le revenu de base universel étaient considérées comme des excentriques. « C’était en effet, une proposition très peu connue tant académiquement que socialement… Main­tenant, la situation est tout à fait différente et nous devons nous en féliciter ! »

Le symposium s’ouvre avec la projection du film réalisé par Rudy Gnutti In The Same Boat [2], sur une idée du philosophe et sociologue anglo-polonais Zygmund Bauman qui explique le chemin qu’il faut suivre, « ramer tous ensemble » pour ne pas tomber dans l‘abîme dans lequel nous précipite le système économique actuel. Entre autres mesures, il propose le revenu universel comme base d‘un nouveau système de protection sociale.

Le colloque se poursuit par une introduction de David Casassas (Professeur de sociologie à l’Université de Barcelone et membre du réseau RB) qui explique les aspects normatifs et techniques de la RB ; à sa suite, Txema Sanchez (membre du réseau RB et du groupe Pas de Politique sans Ethique) explique clairement pourquoi le RB doit être inconditionnel (sinon ce n’est pas un revenu universel)  ; le cinéaste Rudy Gnutti, précise qu’à son point de vue, il n’existe pas un RB de gauche et un autre, de droite, car il est totalement incompatible avec l’autorégulation du marché telle que l’entendent les libéraux pour lesquels le RB sera toujours une mesure de gauche.

L’après-midi s’anime avec la session consacrée au thème essentiel et très demandé du financement du RB. On ne s’y est cependant pas longuement étendu puis­que les travaux très connus de Jordi Ascaron (Profes­seur d’Économie appliquée de l’Univer­sité de Barcelone), de Domè­nech, Raventos et Torrens, eux aussi enseignants à l’Université de Barcelone, ont montré à partir d’une large base de données précises que, si la volonté politique existe réellement, le RB peut être financé intégralement par une réforme des impôts [3].

Outre les membres du réseau RB, de nombreuses personnalités politiques et économiques et de responsables d’institutions aragonaises ont participé activement aux diverses sessions du symposium  ; le maire de Sara­gosse, Pedro Santisteve a ouvert lui même la session consacrée à l’indispensable réforme constitutionnelle qui doit garantir des droits sociaux et les mettre à l’abri des changements politiques ; l’historienne Amparo Bella, activiste féministe, députée Podemos au Parlement aragonais, a insisté sur la nécessité d’assurer aux femmes un RB qui donne une visibilité et valorise tous les types de travaux (souvent non rémunérés) qu’elles effectuent ; pour Inigo Errejon, docteur en sciences politiques et député Unidos Podemos, la réforme constitutionnelle doit faire du RB la colonne vertébrale de la protection sociale du 21ème siècle.

Le Samedi matin, la dernière session du symposium, intitulée Le RB, alternative à 30 ans d’allocations minimales, avait pour but d’analyser le fonctionnement des allocations minimales garanties pendant les dernières décennies et de chercher des alternatives à l’échec de l’éradication de la pauvreté qui en résultait. La séance était présidée par Luisa Broto, maire adjointe et conseillère des service sociaux de la municipalité de Saragosse. Étaient présents, entre autres, Mari Carmen Mesa, porte-parole du Collège Professionnel des Travailleurs Sociaux de l’Aragon, Sonia Garcia, secrétaire du Comité d’action sociale des commissions syndicales ouvrières et Julen Bollain, député de Elkarakin Podemos (Ensemble nous pouvons) au pays Basque et membre du réseau RB qui souligne l’échec patent des allocations minimales garanties dans le monde entier. Il affirme qu’il n’existe aucune allocation minimale qui ait éradiqué la pauvreté, notamment à cause des énormes coûts administratifs qu’elle occasionne, de la stigmatisation, ou encore du grand nombre de personnes pauvres qui n’y ont pas accès. Pour lui, ces dispositifs n’ont pas atteint leur objectif d’élimination de la pauvreté même dans des sociétés prospères. Il faut donc remplacer ces politiques d’assistance par le droit universel à la protection qu’offre le RB.

« Ce 17ème symposium fut un succès. La nombreuse assistance qui y participa montre que le Revenu Universel, loin d’être une chimère, est une mesure dont la maturité actuelle rend l’adoption de plus en plus probable. » (Julen Bollain)


[1Voir GR 1097 (avril 2009) pour les diverses appellations du revenu universel.

[2Dans Le Même Bateau.

[3Monogaphie La Renta Basica, www.sinpermiso.info


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