Au fil des jours

Chronique
Mise en ligne : 15 mai 2006

 Sacrés patrons !

M. Veit Sorger, patron des patrons autrichiens, s’est ému de ce qui se passe en France. Lors d’une réunion le 7 avril à Paris, de la Confédération européenne des entreprises (CEE), nouvelle dénomination de l’Union des Industries de la communauté européenne (UNICE), il a déclaré : « Nous sommes très désolés de voir ce qui se passe en France, mais pour nous, cela résulte du fait qu’elle n’a pas su réformer à temps ». Il n’a pas manqué de souligner que l’Autriche qui a réalisé “à temps” des réformes fiscales et sociales connaît une croissance « supérieure à la moyenne ».

Plus conciliant, le directeur général du patronat britannique, Digby Jones, a estimé que la France « n’a rien à craindre des réformes qui cherchent à réduire le niveau désastreux du chômage de ses jeunes parce qu‘elle est déjà bien armée pour faire face à la mondialisation ».

Il n’empêche... le patronat européen dans son ensemble est inquiet. Son président, le toujours jeune baron Ernest-Antoine Sellière, après avoir expliqué [1] que le changement de nom de l’organisation patronale européenne (y compris les futurs entrants et la Turquie) marquait la volonté des patrons de « dépasser les approches nationales et de parler d’une même voix pour se faire entendre de la Commission et du Parlement », s’est inquiété du blocage de l’intégration européenne depuis l‘échec des référendums en France et aux Pays-Bas : « C’est au moment où la mondialisation produit tous ses effets que l’Europe a choisi de s’arrêter ».

Les dirigeants du patronat européen appellent les gouvernements des Vint-Cinq à reprendre le processus de réforme institutionnelle et réaffirment les objectifs des entreprises : intégration pleine et entière des marchés, lutte contre les tendances protectionnistes, modernisation du modèle social « pour le préserver » (bien sûr !!!). Ils ont marqué leurs craintes sur les conséquences de la crise sociale en France qui traduit, selon Seillière, « des résistances à l’ouverture, avec des tendances protectionnistes et patriotiques ». Il n’a pas précisé que, comme l’argent qui n’a pas d’odeur, le grand patronat n’a pas de patrie. En fait, la véritable crainte des patrons européens est que l’exemple français soit contagieux !

 On en apprend tous les jours

Le quotidien anglais The Guardian a publié début avril des photos prises en février 1947 de deux prisonniers dans un camp d’internement britannique situé à Bad Neendorf, près de Hanovre, qui confirment que les troupes britanniques d’occupation en Allemagne ont pratiqué la torture, entre 1945 et 1947, sur des Allemands soupçonnés de sympathies communistes : 372 hommes et 44 femmes, le plus souvent supposés “agents de Moscou”, ont été torturés au moyen d’instruments de supplice récupérés dans une prison de la Gestapo. The Guardian a pu se procurer ces informations grâce au Freedom of Information Act, une loi votée en 2000 qui permet à tout citoyen britannique d’exiger des administrations qu’elle ouvrent leurs archives, mais il lui a fallu insister pour obtenir aussi les photos qui avaient été retirées du dossier à la demande du ministère de la défense.

 Immigration : l’exemple espagnol

Entre février et avril 2005, le gouvernement espagnol a mis en place un processus exceptionnel de régularisation des travailleurs immigrés sans-papiers [2].

Pour obtenir cette régularisation, les sans-papiers devaient prouver qu’ils résidaient en Espagne avant le 7 août 2004 et qu’ils ne possédaient pas de casier judiciaire dans leur pays d’origine. Parallèlement, leur employeur devait présenter un contrat de travail en règle pour un minimum de six mois (trois mois seulement dans le secteur agricole), pour permettre à leurs employés de bénéficier d’un permis de résidence.

Plus de 500.000 immigrés (dont environ la moitié sont originaires d’un pays d’Amérique centrale ou du Sud) ont finalement été régularisés en Espagne.

Cette régularisation a eu de nombreux effets bénéfiques. D’abord pour les ex-travailleurs clandestins qui ne pouvaient quitter l’Espagne, de peur de ne pouvoir y revenir. Posséder des papiers en règle a changé leur vie. Ensuite pour les compagnies aériennes qui ont vu augmenter significativement le nombre de voyageurs entre l’Espagne et l’Amérique latine (environ de 30% durant le mois de décembre 2005)... et qui en ont profité pour augmenter leurs tarifs !

Enfin cette régularisation remplit également les caisses de la Sécurité sociale. Les nouveaux contrats de travail des immigrés auraient ainsi permis de récupérer 750 millions d’euros en 2005 grâce aux cotisations des travailleurs et des employeurs. Pour 2006, le gouvernement estime, en prenant en compte l’année complète, qu’il percevra 1.350 millions d’euros de cotisations en plus. Le ministère du travail a été agréablement surpris, car il avait estimé les cotisations de ces immigrés en tablant sur un salaire moyen de 800 euros alors que leurs paies moyennes se sont élevées à 1.050 euros. (Globalement, les cotisations des travailleurs espagnols correspondent à un salaire moyen de 1.380 euros). Un effet positif sur les impôts de 2005 est également prévisible.

À voir les projet de Nicolas Sarkozy, il y a peu de chances que la France suive cet exemple pour résorber ses nombreux déficits.

Dommage !


[1Le Monde, 9-10/04/2006

[2Le Monde, 13/01/2006.


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