Aux abonnés absents


par  S. BAGU
Mise en ligne : 30 avril 2007

Les deux conférences-débats annoncées dans nos derniers numéros, avec la parution du livre de Marie-Louise Duboin, ont eu lieu en mars, à Vaulx-en-Velin le 7 et à Tonnay-Charente le 16.

Dans les deux cas, c’est un courageux lecteur qui a pris sur place l’initiative de ces réunions, qui s’est démené avec peu de moyens pour trouver une salle et pour publier largement des annonces.

Dans les deux cas, ces personnes capables d’initiatives ont été à la fois déçues de constater que la plupart des amis qui leur avaient promis de venir leur ont fait faux bond, et heureusement surprises de voir venir des personnes inattendues mais intéresssées, heureuses de découvrir des choses qu’elles ne insoupçonnaient pas et qui les ont fait réfléchir.

Dans les deux cas, la qualité du public remplaçant le nombre, l’intérêt des débats n’en a été que plus grand et l’on s’est quitté avec l’intention d’aller plus loin ensemble. Voici le témoignage que l’un d’eux a bien voulu exposer ici :

Grâce à deux annonces successives dans la Grande Relève, de la conférence-débat organisée à Vaulx-en-Velin le 7 mars, je croyais y voir venir des abonnés de la région Rhône-Alpes. Pensant que ceux qui habitent à moins de 100 km de Lyon feraient le déplacement, j’espérais qu’ils seraient nombreux à venir témoigner par leur présence leur sympathie à Marie-Louise Duboin et l’encourager dans sa croisade pour éveiller l’esprit critique de nos compatriotes. Je me faisais une joie de les connaître. Quelle déception ! Nous n’étions, hélas, que deux abonnés du coin, mon ami Azzedine, qui a découvert Jacques Duboin au printemps 2006, et moi-même, abonné depuis 20 ans. Or la distance n’est pas la cause de cette désaffection, car on a eu la très grande joie de recevoir un jeune couple de lecteurs venu exprès de la Nièvre. Un aller-retour comme ça, dans une soirée, chapeau ! Un grand merci donc à Jean-Pierre P... et à son épouse. Quant aux quelques fidèles qui ne se sont pas sentis capables de faire le déplacement parce qu’atteints par des affections dues à l’âge, je les comprends parfaitement. Mais aux autres abonnés absents, j’exprime ici clairement mon amertume, car Marie-Louise, avec Jean-Pierre, pourraient se contenter de passer une retraite paisible et méritée en cultivant leur jardin ! Vous vous êtes peut-être dit : « ça ne sert à rien d’aller l’écouter puisque nous sommes déjà convaincus »… Certes, l’excuse est valable, mais je la refuse pour plusieurs raisons :
- Ce n’est tout de même pas souvent que l’occasion nous est donnée de la rencontrer et cette démarche l’aurait confortée dans le bien fondé de son combat. Nous aurions pu prouver au public venu s’informer que le réseau se réclamant de Jacques Duboin est assez étoffé, même si les médias nous ignorent.
- Leur but aurait pu être d’amener des amis, des relations, pour leur faire découvrir l’économie distributive, même en ayant la sagesse de se dire qu’on n’en fera peut-être pas un néophyte dans l’immédiat, ou même jamais. Mais c’était l’occasion d’entreprendre la démarche. Pour ma part j’ai marqué sept essais en amenant sept personnes de mon entourage et j’espère bien en transformer la moitié dans les mois qui viennent.
- Après le débat, nous aurions pu envisager des actions communes, échanger nos adresses autour du pot abondamment garni qui fut offert ensuite. Vaulx-en-Velin est une ville bien vivante, loin de l’image triste d’une banlieue-dortoir. Grâce à la quarantaine d’ethnies qui la composent, il y a un bouillonnement culturel intense qui étonne toujours le visiteur et Marie-Louise en témoigne, et elle est prête à revenir. Alors, cher(ère)s abonné(es), la prochaine fois venez sans hésitation, vous serez accueillis à bras ouverts.

J’ai sous les yeux “le coup de gueule” de M.G., de Pléven, paru dans la GR 1074 de mars, dans lequel il reproche aux rédacteurs de notre cher mensuel d’avoir la dent trop dure avec nos compatriotes. Il écrit, je le cite : « [...] Je crois que beaucoup de gens résistent au système actuel, il faudrait aussi le dire, et ne pas tomber toujours dans le pessimisme et la sinistrose ». Ce courrier tombe bien car l’expérience que je viens de vivre avec Azzedine le 7 mars prouve au contraire l’inertie, la démission de ceux dont on pourrait espérer qu’ils résistent au système actuel. En effet, j’avais personnellement expédié, trois semaines avant l’évènement, un tract assez explicite (avec la fameuse citation de Victor Hugo que tous les abonnés connaissent) aux organisations humanitaires suivantes, qui toutes ont un siège à Lyon :
- Ligue des Droits de L’Homme,
- Emmaus,
- Attac,
- Action pour la Dignité Humaine,
- Armée du Salut,
- Solidarités nouvelles face au chômage,
- Les Amis de la Rue,
- Les Restos du Cœur de Lyon,
- Les Restos du Cœur de Vaulx-en-Velin ;

eh bien nous n’avons vu venir per-son-ne de ces associations, pas une d’entre elles n’avait envoyé quelqu’un, aussi incroyable que cela puisse paraître !

Vu ce résultat j’ai un peu culpabilisé, parce qu’au moment de glisser le tract dans l’enveloppe j’avais pensé ajouter un petit mot personnel, puis j’y ai renoncé en me disant que le tract était clair et bien fait (impression confirmée par beaucoup) et que ces gens-là étaient tout de même concernés au premier chef et que par conséquent ils viendraient, et de bon cœur. Naïf que je suis !

Même topo pour l’ami Azzedine qui connaît l’élite intellectuelle vaudaise de gauche comme personne. N’avait-il pas en mars 2006 réuni plus de 300 personnes pour la sortie de son livre Zone Utopique en Péril ? Fort de sa notoriété, il pensait attirer du monde le 7 mars. Mis à part un représentant des Verts, que je remercie au passage, tous ces gens qui pensent détenir la vérité ont brillé par leur absence, préférant sans doute réserver leurs applaudissements pour la venue le lendemain de Ségolène, en espérant peut-être se trouver devant une caméra de télévision. Ségolène dans une envolée fort lyrique a lancé : « Jeunes de Vaulx-en-Velin, la France a besoin de vous ! » ça Madame, ça flatte l’ego, ça ne mange pas de pain et surtout ça ne dérange pas la doxa de l’économie marchande. Comme le dit Azzedine, ces gens-là se complaisent dans leur petit confort intellectuel, et je le rejoins tout à fait.

Tout ceci pour dire que cette désaffection corrobore mes propos parus dans le courrier des lecteurs de la GR 1060 (décembre 2005), où je fustigeais le manque de critiques de feu l’abbé Pierre et le manque de propositions du professeur Jacquard. Les prisonniers du p.a.p. (prêt à penser) se gargarisent d’indignation devant la détresse humaine et si possible au mieux devant une caméra, au pire dans les colonnes de la presse. L’important pour eux c’est de se sentir considérés par l’opinion publique qui les conforte ainsi dans la haute estime qu’ils ont d’eux-mêmes. Je ne minimise pas l’importance de leurs actions concernant la misère humaine, mais ils ne font que la soulager comme l’a dit V. Hugo. Si tel n’était pas le cas, pourquoi ne viennent-ils pas écouter un autre son de cloche ?

Cher abonné de Pléven, essayez de faire comme Marie-Louise vous le suggère dans sa réponse. Essayez de convaincre la bien-pensance de votre région sur la nécessité d’un changement financier !

Malgré tout, je suis très content de cette rencontre, des échos encourageants me sont parvenus directement. Les propos pertinents et incisifs de Marie-Louise ont impressionné l’auditoire. « Enfin quelqu’un qui pense différemment m’a dit une amie, ça fait du bien ».

Maintenant je sais que cet évènement ne sera pas un coup d’épée dans l’eau et je compte bien creuser le sillon encore plus, même si l’attitude des principaux concernés m’a déçu. Au moins ceux qui sont venus connaissent-ils maintenant le nom de Jacques Duboin et le mot économie distributive. Et ça me paraît important.

Pour finir, le matin de son départ, dans un café, nous papotions avec Marie-Louise, Azzedine, Nicole et moi. En face du bistro, dès 10 heures du matin, la foule affluait pour l’arrivée de la belle Ségolène prévue pour midi au centre culturel Charlie Chaplin. Nicole a dit : « Si tout ce monde était venu hier soir écouter Marie-Louise, ils auraient entendu des choses bien plus intéressantes que les paroles consensuelles qu’ils vont entendre à midi ! »


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