« La France fera face » (Le Premier ministre).
En clair : les Français paieront la note, c’est-àdire
vous et moi, avec en prime les multiples désagréments
de coupures de courant intempestives et prolongées, pouvant dans
certains cas être dramatiques (hôpitaux, cliniques, etc...).
La projection à la T.V. du « Jour le plus long »
contraignit E.D.F. à imposer en Bretagne, « La nuit la
plus noire ». Même attraction la semaine suivante pour une
autre région.
Revanche et triomphe des technocrates du Kilowatt !
ENERGIE ET RENTABILITE
« Vous voyez bien qu’on ne peut assurer l’alimentation
du réseau français sans la construction et dare-dare de
centrales atomiques. On n’a que trop tardé, par la faute de ces
farfelus, de ces ignorants qui s’efforcent d’ameuter des sots, car l’atome
« pacifique » est sans danger, nous l’affirmons solennellement.
» (le D.G. d’E.D.F. et le directeur du C.E.A.... conjoints !).
Tiens donc ! sauf quand un « accident » se produit (les
journaux de France, d’Angleterre, des U.S.A., de Suède, du Canada).
Et les déchets ? Qu’en faire ? Immergés ou enterrés,
il faudrait enfin réaliser qu’ils restent sur notre planète,
et demeurent dangereux pour des milliers d’années. Joli cadeau
à faire à nos enfants ! Les vôtres aussi, Messieurs,
seront dans le coup !
« Bof ! les journalistes, c’est bien connu, ignorent tout de ce
dont ils parlent, de toutes façons, il faut maintenant y passer,
alors silence dans les rangs ! ».
Eh bien justement non ! Le citoyen-contribuable est en droit de se poser
des questions.
1° Pourquoi les gouvernements successifs ont- ils laissé
se développer aussi intensément les centrales à
fuel ? Parce que le pétrole était bon marché, répondent-ils.
Cette situation était cependant susceptible de changer ! La preuve
! Gouverner, m’a-ton appris, c’est prévoir. - Non, blablater
!
2° Pourquoi avoir toléré et même encouragé
la fermeture des mines, où il y a des centaines de millions de
tonnes qui peuvent en être encore extraites ? Et là où
ce n’est plus possible, la combustion du charbon dans le sous-sol même,
permet la production de gaz. Cela se fait bien en U.R.S.S. Pourquoi
ne pas avoir appliqué ce procédé chez nous ?
3° Pourquoi avoir ralenti à l’extrême la construction
de centrales hydrauliques ? Pourquoi n’avoir pas, là où
c’est possible, accéléré l’installation de micro-centrales
automatiques ? Et les usines marémotrices ? C’est fini ? Bien
trop chères, répond-on. Et la ligne Maginot, c’était
le père Noël ? Et le mur de l’Atlantique, c’était
gratuit ?
LES AUTRES SOURCES D’ENERGIE
On pourrait aujourd’hui, sans plus d’efforts, compte
tenu des techniques et moyens dont nous disposons, entreprendre enfin
le barrage de la baie du Mont Saint-Michel. Ving-cinq milliards de kwh
! Une paille ! De quoi réduire la facture des importations. Même
si cela doit faire de la peine à tous ceux qui, du puits à
la pompe, s’engraissent... sans se tacher !
Et pourquoi nos responsables politiques oublient- ils ces deux sources
d’énergie, inépuisables autant que gratuites : le vent
et le soleil ? Mais on ne s’y intéressera vraiment que le jour
où l’on aura trouvé le moyen de faire payer leur utilisation.
Tous les espoirs seront alors permis. Imaginons un compteur de calories
solaires dans chaque deux-pièces-cuisine. Quelle affaire ! Réussir
à faire payer les courants d’air ! Quelle trouvaille ! Quelle
source de bénéfice !
ANTICIPATION
Poussant plus loin les recherches, quel pactole serait
la mise au point, par les puissants laboratoires de la N.E.Z.A., d’un
micro compteur qui permettrait de facturer notre respiration ! Il ne
resterait plus qu’à en confier l’exploitation à la tentaculaire
I.T.N.B. (International Trou du Nez Business) avec ristourne possible
pour ceux qui consentiraient à évacuer dans les réservoirs
de la nouvelle géante l’I.T.T.CONS (International Trust and Trouduc
Consortium) le méthane s’échappant par l’autre extrémité
de la tuyauterie !
Cette prodigieuse source de gaz naturel nous libérerait du chantage
au pétrole. L’humanité serait alors sauvée, et
plus important encore, le capitalisme aussi ! Fini le spectre du chômage
! Que d’emplois créés pour la mise en place. Que de releveurs
de compteur, de contrôleurs fiscaux embauchés ! Quelle
nouvelle richesse ! Quels magnifiques profits ! L’âge d’or, quoi...
Oui, mais... comment financer ce formidable investissement ? Où
trouver tant d’argent ? Elémentaire, cher Watson. Les D.T.S. (Droits
de Tirages Spéciaux) dernier cri de la technique monétaire
sont tout indiqués. Puisque c’est aussi du vent !
LE GASPILLAGE DE L’ELECTRICITE
Aujourd’hui, étant donné le développement
atteint par l’ensemble de nos moyens de production, il est peu probable
que notre consommation d’électricité continue à
doubler tous les dix ans comme on le prétend. Cela doit ressortir
clairement des études de prospective faites par E.D.F.
Tiens ! Une fois encore coïncidence bizarre. C’est peut-être
la raison pour laquelle nous assistons depuis quelques années
à une campagne publicitaire intense pour le « Tout électrique
». On vient, provisoirement, par décence, tout de même,
d’y mettre une sourdine, mais elle se poursuit de bouche à oreille,
des agents d’E.D.F. aux abonnés présents ou futurs. Si
au point de vue « confort », c’est l’idéal, au point
de vue énergétique c’est parfaitement lamentable !
L’électricité est une forme haute d’énergie. Elle
se transporte facilement, se transforme facilement et avec un grand
rendement en énergie mécanique. La dégrader en
chaleur, forme basse de l’énergie, est un gaspillage éhonté
dans les circonstances actuelles. C’est un peu comme si, sous prétexte
de confort et d’énergie, on décidait d’importer des Rolls
Royce pour transporter les ordures ménagères.
La comparaison est peut-être un peu poussée, mais voyons
de plus près. Sur cent calories dégagées par la
combustion d’un certain poids de fuel dans la chaudière de votre
immeuble ou de votre pavillon, soixante-dix assurent votre chauffage,
et trente partent par la cheminée. Rendement d’une telle installation
: 70 %. Dans une centrale électrique, dont les chaudières
sont techniquement mieux adaptées et mieux conduites, vingt calories
seulement sont perdues. Le reste, quatre-vingts, produit de la vapeur
qui actionne une turbine, laquelle entraîne un alternateur, qui
débite dans un transformateur lequel alimente une ligne de transport
qui alimente un transformateur, puis un ou deux autres qui alimentent
enfin votre radiateur, lequel avec un rendement intrinsèque de
100 % ne restitue cependant que trente calories. Rendement de l’ensemble
: 30 %. Voilà un confort qui coûte cher à la Nation.
Mais Dieu soit loué, le chiffre d’affaires d’E.D.F. est en augmentation.
En son nom, on réussit à nous faire tout avaler. Et en
celui du « profit », même et surtout des centrales
atomiques. Quel marché en perspective. On était cependant
en droit de penser que les responsables d’un service public aussi important
auraient un comportement bien différent de celui d’un simple
boutiquier. Hélas ! Trois fois hélas comme aimait à
le dire « qui vous savez ». Mais peut-être pensait-il,
ce disant, à tous ceux sur lesquels il fut obligé de s’appuyer
?
LE GASPILLAGE DE L’ESSENCE
Autre gaspillage : la consommation d’essence. On a tellement seriné qu’un homme sans automobile n’était pas digne de son époque, ni même de ce nom, que sur cinq voitures, une seule transporte un passager. Pour aller chercher un paquet de cigarettes, on attèle 50 CV. Quant à la limitation de vitesse !! Vous avez déjà essayé, vous ? Ne pas dépasser les 90 km/heure vous donne droit à un coup d’oeil de commisération de la part de tous les autres conducteurs qui vous doublent allègrement. On fait figure de « demeuré ». En ville, la conduite « pied léger » vous vaut cette fois, invectives et « queues de poisson ». Curieusement l’augmentation du prix de l’essence ne fait qu’aggraver les choses (1). Ils veulent avoir du plaisir pour leur argent, les « champions ». Alors on « écrase le champignon ». On brûle du « coco ». On grille de la « gomme », on « cire » des embrayages. « C’est la vie çà », « çà fait marcher les affaires ». Et pour couronner le tout le maître mot est lâché « çà donne du travail » !!
DONNER DU TRAVAIL
En effet dans ce régime, où l’on produit
abondamment avec de moins en moins de peine à l’aide de machines
et d’automatisures, pour pouvoir consommer, « faut avoir du travail
». Alors allons-y gaîment :
Fabriquons des autos même s’il y en a tellement qu’on ne peut
plus s’en servir.
Fabriquons des engins de mort pour pouvoir vivre.
Construisons des centrales atomiques même si on doit en mourir
à terme.
Faisons la guerre, tas d’hurluberlus, c’est ce qui donne encore le plus
de travail. Dommage qu’on en crève au comptant.
Les hommes paraissent aujourd’hui mettre un point d’honneur à
être sur terre non pour y vivre le mieux possible, mais le plus
stupidement possible !
DE QUOI J’AVAIS L’AIR !
J’évoquais toutes ces choses dernièrement
devant des personnes réputées sérieuses et de «
bonne société », lorsque m’étant tu, attendant
leurs commentaires, je lus sur leurs visages le même étonnement
que celui que doit avoir un phoque découvrant une bicyclette
dans les glaces du pôle ! Puis un sourire condescendant se dessina
sur leurs lèvres pâles, sans un mot. Je réalisais
tout d’un coup, comme le chante le cher Brassens « j’avais l’air
d’un c.., ma mère » !
Tant il est vrai que : quel que soit le milieu, l’éducation et
le niveau d’instruction, la proportion d’imbéciles est une constante.
« En France, on n’a pas de pétrole, mais on a... »
la pléthore d’égoïstes bornés qui en dernière
analyse se comportent comme des « abrutis ». C’est le beau
résultat que la « pub », les « mass media »,
« l’audio-visuel » et les professeurs d’économie
politique ont, après bien des efforts, enfin obtenus.
Mais il reste heureusement une minorité d’esprits ouverts, et
c’est à eux que je m’adresse en leur disant : réfléchissez
un instant et reconnaissez avec moi que notre système des «
salaires-prix- profits », agonisant, dépasse en ridicule
mon « anticipation » et dégage une odeur plus nauséabonde
encore.
Concluons donc ensemble : sans financiers ni affairistes de tous poils,
les hommes cesseraient enfin de marcher sur les mains, et réaliseraient
peut-être qu’elles sont là pour être offertes !
(1) Voici comment se décomposent les F 2,25 d’un litre d’essence, à la pompe : Arabes : F 0,40 ; impôts : F 1,37 ; raffineurs et pompistes : F 0,48.