Plainte contre X...
par
Publication : mai 1981
Mise en ligne : 28 octobre 2008
DANS sa chronique du 31 janvier dernier, sur France-Inter, Michel Droit
analysait avec beaucoup d’émotion le dernier livre de Roger Ikor
« Je porte plainte ».
Sujet de cet ouvrage ? Il s’agit, hélas, d’un récit atroce
et vécu celui de la mort, à l’âge de 18 ans, du
propre fils de l’auteur. Ce solide garçon de 1,75 m avait adhéré
à l’une de ces nombreuses sectes qui prolifèrent un peu
partout dans le monde d’aujourd’hui. C’est contre elles, nous a dit
Michel Droit, que Roger Ikor porte plainte, car leur action destructive
a inexorablement retiré à son fils les moyens et les raisons
de vivre. Sous couvert d’écologie et de spiritualisme, les adeptes
sont invités à se nourrir de graines, à jeûner
même totalement pendant 3 ou 4 jours consécutifs, à
refuser toute assistance médicale. Et c’est ainsi qu’après
un affaiblissement progressif et une, plaie purulente soignée
par application d’argile, le jeune homme est décédé
: il pesait 42 kilos.
COMMENT REAGIR
Bien entendu, Michel Droit ne s’est pas contenté d’une brève analyse de ce drame. Il en a évoqué les causes profondes et notamment ce désarroi des jeunes devant un avenir menaçant, au sein d’une société vidée de tout idéal. Est-il possible d’y remédier ? En première étape, Michel Droit a suggéré deux mesures dont l’efficacité paraît des plus douteuses :
1) L’interdiction des sectes : indépendamment des objections
de principe toujours prêtes à surgir au nom des libertés
d’opinion, d’expression et de réunion, on voit très mal
en effet comment cerner suffisamment le sujet pour éviter un
contournement des textes. Où tracer la frontière entre
les groupements parfaitement licites des défenseurs de la Nature,
ou des adeptes d’une nourriture végétarienne, ou des praticiens
du yoga, et les fameuses sectes ?
2) L’abrogation de la loi fixant la majorité à 18 ans
loi néfaste selon Michel Droit, parce qu’elle paralyserait l’action
des parents et leur ôterait tout moyen juridique de s’opposer
à l’adhésion de leurs enfants.
Là encore, nous sommes sceptiques pour au moins deux motifs.
Le premier est le caractère purement théorique de l’interdiction
parentale s’appuyant sur la minorité de l’enfant. Autant les
parents peuvent exercer une action décisive par une information
objective, autant l’opposition autoritaire peut-elle tout au plus retarder
l’affiliation à la secte, et ce au prix d’un braquage des plus
dangereux pour l’avenir.
Le second est une constatation de fait : les adolescents ne sont pas
les seuls à se laisser séduire et nous connaissons tous,
dans notre entourage, des adultes apparemment pondérés
et réfléchis qui décident un beau jour de rompre
toute attache avec leur passé professionnel et familial, pour
tenter l’aventure d