Pour une seconde monnaie
par
Publication : août 1981
Mise en ligne : 29 mai 2008
DEPUIS le début de l’humanité, les hommes ont été
confrontés avec le problème des échanges : donnant-donnant.
Or, actuellement, les infirmes, les enfants, les personnes âgées,
les chômeurs, n’ont pas le travail comme monnaie t’échange.
Prélever l’argent nécessaire sur ceux qui travaillent
encore, c’est spolier les travailleurs et cela devient impossible.
Le moyen d’échange le plus simple est le troc. Mais dans notre
système beaucoup n’ont rien à troquer.
Y a-t-il une nation qui ait pu résoudre ses problèmes
de chômage, d’inflation, de lutte contre la misère ? Non.
Aucun parti politique ne présente de solutions. Soyons sincères,
on se moque tes travailleurs. Bien sûr, un effort a été
fait en faveur des classes défavorisées, c’est très
bien, mais c’est grand dommage que ce soit ceux qui produisent qui en
font les frais.
Nous ne sommes plus dans une société de disette, mais
au contraire dans une société de surabondance : comment
partager un gâteau qui est beaucoup plus gros que la capacité
de le manger ? Un enfant rirait de ce problème. Les politiciens,
eux, ne rient pas du tout, qu’ils soient de droite ou de gauche.
Pourquoi l’argent qui m’est donné pour acheter les produits de
la terre, mon loyer, mes habits, toutes choses qui me sont nécessaires,
dépendrait-il de la chute ou de la hausse du dollar ?
Je vous fais une comparaison. Il existe une conduite d’eau dite potable,
avec laquelle on arrose son jardin, on lave sa voiture et soi- même,
et si on n’est pas trop difficile, on se désaltère. On
nous raconte partout qu’il n’y aura bientôt plus d’eau potable.
Mais cette eau potable, on la gaspille. Alors pourquoi ne ferait-on
pas deux canalisations, une pour l’eau potable et l’autre pour l’eau
ordinaire ? Il en va te même pour l’argent. On peut imaginer deux
monnaies, l’une intérieure, se détruisant au moment de
l’achat, non capitalisable et gagée sur la production disponible
et une monnaie internationale. La monnaie intérieure permettrait
aux producteurs d’être payés et aux « pauvres »
de ne manquer de rien.
Bien sûr, chacun aurait droit à sa part légitime
de monnaie internationale pour se procurer certains articles, passer
des vacances à l’étranger, etc. Mais pour ce qui concerne
tout ce qui est produit en France, tous les services, médicaux
et autres, il n’y a aucune nécessité à les indexer
sur une monnaie étrangère, quelle qu’elle soit.
Notre idée n’est pas du communisme, ni du capitalisme, elle est
le moyen logique de distribuer la production sans passer par un système
monétaire désuet qui brime tout le monte : il y a une
maison à construire ? les ouvriers sont là, le terrain
est là ; les matériaux sont là... Alors quoi ?
Qu’auraient fait nos ancêtres ? Croyez-vous qu’ils n’auraient
pas construit la maison ?
Moi je suis sûr qu’ils l’auraient construite. Cette idée
n’est pas une révolution sanglante, elle est un moyen logique
de distribuer la production, sans passer par la monnaie dite précieuse.
L’important actuellement, pour notre propagande, n’est pas de présenter
à tout prix l’économie distributive dans son intégralité
à l’opinion publique, mais plutôt « d’agiter »
le problème des deux monnaies qui risque d’être mieux accepté
par le commun des mortels. L’important est que le problème soit
posé et perçu.
En ce qui concerne nos nouveaux élus, il faut leur envoyer un
maximum de lettres en les mettant en garde. Leur tire que s’ils s’obstinent
à rester tans l’économie de marché, avec 1 800
000 chômeurs, en route rapidement vers les 2 millions, ils seront
comme Léon Blum en 1936, torpillés par la finance.
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Guy Roty-Colard nous précise que son frère Paul, auteur de l’article ci-dessus, est aveugle et vit au S.M.I.C., bien entendu. Mais que vivant dans une lumière intérieure, il est parfaitement heureux et ne désire nullement voir de ses yeux naturels.