Ces premières lignes sont écrites le 07 novembre 2022, alors que débute la COP 27 (27e conférence des parties) pour le climat, à Charm el-Cheikh, en Égypte. Le pays d’accueil n’est ni un havre de démocratie, ni exemplaire pour son approche des questions environnementales, dans sa quête du modèle occidental. La délégation française s’y rend en avion, y compris les activistes du climat, puisque l’organisation d’un parcours vertueux est improbable selon nos modes de vie actuels. Notre président y tient un discours souvent prudent, misant sur des partenariats [1] [2], échaudé sans doute que son gouvernement ait été précédemment sommé par la justice administrative et le Conseil d’État de tenir les engagements climatiques de la France.

Pendant ce temps, la guerre se poursuit en Ukraine et de multiples tensions meurtrières persistent ailleurs dans le monde. Les organisations d’extrême-droite font tâche d’huile en Europe, pendant que Donald Trump et Jair Bolsonaro œuvrent pour revenir au pouvoir aux États-Unis et au Brésil. États-Unis, Chine et Russie déploient des stratégies de puissance, aveugles aux catastrophes qui s’amplifient sur la planète, où l’on ne sait combien de générations d’humains pourront encore y survivre. La crise énergétique, via «  les lois du marché  », permet à Total d’engranger des bénéfices indécents [3], tandis que l’inflation rend la vie impossible à des millions de nos concitoyens.

Dans notre pays, certains profitent encore de la douceur de novembre sur les plages, conscients de l’anomalie climatique, et tentent peut-être de conjurer une éco-anxiété grandissante. Le 09 novembre, la Route du Rhum s’élance toutes voiles dehors pour la traversée de l’Atlantique. Et la Coupe du Monde de football se tiendra bien au Qatar du 20 novembre au 18 décembre, en dépit des milliers de travailleurs migrants morts sur les chantiers lors de la construction des stades, et malgré la nécessaire climatisation des enceintes au cours des rencontres à venir. «  Business as usual   » [*]. Jusqu’à quand  ?

Pourtant, nombreux sont ceux qui cherchent et défendent sur le terrain d’autres voies plus apaisées du vivre ensemble, incluant les non humains [4] [5]. On retiendra notamment les expériences communalistes que relate François Chatel dans le dernier numéro de la GR [6]. Et bien des esprits s’efforcent de convaincre qu’il est temps que cesse cette fuite en avant. Qu’il est temps de voir que le productivisme, le consumérisme et la croissance ne contribuent ni à donner du sens aux activités humaines ni au bonheur des peuples. Ces moteurs du libéralisme profitent à ceux qui veulent continuer de régner sur un monde d’inégalités sociales, de concurrence du tous contre tous, qui leur va si bien, avec leur intelligence artificielle. Pour que ça change, dit plus radicalement dans l’Humanité des débats  : «  Sortons du conflit de la répartition pour mener la vraie lutte des classes, celle qui dispute à la bourgeoisie et à l’oligarchie financière le pouvoir sur la valeur  » [7]. Et essayons de ne plus «  faire comme d’habitude  », si l’on veut ré-enchanter le monde.