Il est une planète au fin fond de l’espace
Dont mon ami Roger dit qu’elle nous menace.
C’est pourtant me dit-il, le plus fin des joyaux
Et dans tout l’univers, il n’est rien de plus beau.

Mais ce monde inconnu, si l’homme y débarquait,
Pourrait-il y rester  ? L’eau liquide y serait  ?
A-t-il une atmosphère  ? Avec de l’oxygène  ?
À quoi ressemble-t-il  ? À la rougeur martienne  ?

Bien mieux que tout cela  ! On peut y respirer
Vivre, s’y reproduire et s’y multiplier.
On croirait que cet astre a été fait pour nous,
Tellement ses attraits répondent à nos goûts.

Ses montagnes et ses pics, ses îles et ses mers  ;
Ses neiges, ses glaciers, ses volcans, ses cratères,
Excitent nos envies d’aller les explorer  :
On voudrait tout gravir et dans l’eau se baigner.

Mille essences de plantes ou bien d’arbres et de fleurs
Offrent leurs plus beaux fruits, leurs saveurs, leurs odeurs…
Les océans, dit-on, regorgent de poissons,
Et la faune, partout, y est à l’unisson.

Tournant sur elle-même elle fait nuits et jours,
Dosant pluies et chaleurs et frimas tour à tour.
Elle orbite si bien qu’elle crée des saisons
Et que chaque élément à nos vies correspond  ! 

Tu dis qu’elle fait peur et nous met en danger  ?
Si nous sommes avertis, pourra-on l’éviter  ?
Il faudrait tout changer, m’a expliqué Roger.
Sans doute, est-il trop tard. Mais on peut essayer...

Pour voir tous ses trésors, admirer ses détails,
Aucun grand télescope et aucun attirail
N’est vraiment nécessaire. Il suffit d’un autre œil.
Pour un autre regard. Et surtout qu’on le veuille.

Roger est fort savant et parle comme un livre
Et de ce grand mystère, il faut qu’il me délivre  :
Pour mieux voir ma merveille, aucun besoin d’expert  ;
Regarde juste à tes pieds. On la nomme «  La Terre  ».

(©Jacques Grieu)