Sottisier


Publication : 1er décembre 1935
Mise en ligne : 5 octobre 2006

  Sommaire  

Sous ce titre, nous relevons quelques sottises parues récemment. S’il fallait les publier toutes, il faudrait un volume !

De M. Marcel Lucain, Paris Midi :

« Il éclate aux yeux qu’on cherche, depuis plusieurs semaines, une mauvaise querelle au ministère. Déjà, en pleines vacances, on avait tenté de déclencher, contre lui, des troubles dans nos ports, nos grands centres syndicaux. Mais les émeutes sanglantes de Brest et de Toulon, menées par des métèques et des bandes d’anarchistes à la solde, avaient dégoûté les ouvriers. De même, les meetings organisés chez nous par des envoyés spéciaux de Moscou, en collusion avec d’autres puissances intéressées, avaient échoué devant la volonté non interventionniste et pacifique du pays. »

De M. Marcel Lucain, Paris-Midi :

Lorsque l’Angleterre voulut essayer de la déflation, tous les marins de la flotte de Sa Majesté britannique mirent sac à terre. Devant cette mutinerie, on rétablit les soldes comme par le passé. Le gouvernement anglais a-t-il accusé Moscou ou le Front populaire ? Ou les métèques et les anarchistes ?

 

De l’Agence Radio :

« Le jour où l’ouvrier a demandé protection à l’Etat contre le chômage, il a cru acquérir de la sécurité. II a abdiqué entre les mains de l’Etat, afin de se garantir contre certains risques et d’avoir la certitude du pain quotidien. Mais il est allé ainsi au devant d’autres risques. Risques financiers, par l’importance du déficit qui se creuse au budget de la nation. Risques monétaires, que fait apparaître la persistance même de ce déficit. Risques militaires, enfin, qui naissent d’eux-mêmes de toute politique fébrile de réarmement.

« Le grand chômage qui a débuté en 1930-31 est donc en quelque sorte à l’origine du mouvement qui a fait surgir à travers l’Europe tant de casernes nouvelles et des nouvelles usines de guerre. En demandant sa subsistance à l’Etat, l’ouvrier sans travail a accru les droits que l’Etat exerçait déjà sur lui. La sécurité internationale n’y a rien gagné, et la paix du monde en a été rendue plus fragile. »

Ceci est plus qu’une sottise. C’est un raisonnement atroce. C’est le chômeur qui serait responsable de la crise ! Qu’attend-il pour crever, puisqu’on a tort de donner des allocations de chômage !

 

Du Journal, sous un courageux***.

« L’obstacle, le seul danger, c’est l’agitation politique. La crainte d’une crise gouvernementale et de ses conséquences paralyse tout. Elle détruit l’équilibre monétaire en même temps qu’elle empêche l’équilibre financier. La cause du mal est donc claire. Le remède ne l’est pas moins. Quant aux responsabilités en cause, elles éclatent aux yeux. »

La Chambre a été en congé pendant cinq mois. Avant cela elle avait abdiqué en autorisant les décrets-lois. Alors que demande-t-on de plus en fait de passivité ?