Un peu d’histoire et de géographie :

Bourgogne
par  Lucien
Publication : octobre 1993
Mise en ligne : 25 avril 2008

 richesses passées et présentes

Connue de tous par son grand vignoble prestigieux, la Bourgogne doit son nom aux Burgondes, peuple d’origine germanique qui s’établit dans cette partie de la Gaule au Vème siècle. Du traité de Verdun (843) qui démembra en trois parties l’empire carolingien, il reste la séparation entre l’actuelle région Bourgogne qui s’étend approximativement sur l’ancien duché de Bourgogne et qui relevait de la mouvance du royaume de France (annexé à celui-ci à la fin du XVème siècle) et l’actuelle Franche-Comté, à l’Est, qui correspond à peu près à l’ancien Comté de Bourgogne, annexé à la France sous Louis XIV.

Construction d’origine politique, la Bourgogne a des limites périphériques plutôt floues. Son cœur historique correspond à l’actuel département de la Côte-d’Or. Elle s’étend sur des paysages très variés (Morvan, Plateau de Langres, vignobles de Côte-d’Or, plaine de la Saône, etc) ce qui fait au bout du compte de nombreux atouts dans beaucoup de domaines économiques, notamment agricoles et touristiques.

Cette région fut, depuis la romanisation jusqu’à notre époque, une grande région carrefour en Europe occidentale. Comme la Champagne, la Bourgogne connaissait au Moyen-Age des foires très actives, par exemple celle de Chalon-sur-Saône. A cette période, la Bourgogne unissait les deux pôles économiques les plus actifs en Europe : l’Italie et la Flandre. Ce grand axe économique faillit trouver une concrétisation politique au XVème siècle dans un grand Etat situé entre le royaume de France et l’empire germanique.

Du Xème au XVème siècle, la Bourgogne connut en effet une expansion remarquable. Les nombreux monuments et vestiges historiques témoignent de cette richesse : abbayes ou églises romanes de Vézelay, de Fontenay, d’Auxerre, l’église gothique de Dijon, l’hospice de Beaune dû au Chancelier Rolin, grand conseiller et banquier des ducs de Bourgogne. L’église de Cluny (Cluny III) consacrée en 1095, resta pendant plusieurs siècles, jusqu’à la construction de Saint-Pierre-de Rome, la plus vaste du monde. Elle fut rachetée en 1798 par un marchand de biens de Mâcon qui en entreprit la démolition, jusqu’en 1823, pour l’utilisation de ses pierres pour une opération immobilière : elle fut donc victime d’un mercantilisme étroit.

Avant même la révolution industrielle, depuis l’époque romaine, la Bourgogne avait déjà une assez importante industrie métallurgique basée sur l’exploitation des forêts et du fer bourguignon. C’est ainsi qu’en 1792, il y avait 200 établissements métallurgiques et en 1832, 85 mines en activité [1]. Entre 1830 et 1880, le développement du chemin de fer eut comme conséquence une exploitation importante des forêts qui fournissaient la matière première, pour les traverses des voies ferrées et l’énergie.

 la révolution industrielle

Cependant dès la deuxième moitié du XIXème siècle, la concurrence des autres régions charbonnières entraîna la fermeture de la plupart des établissements et des mines. Seul le Creusot et ses environs résistent. En 1836, sous l’impulsion des frères Schneider, le Creusot se développe comme une grosse cité industrieuse. L’invention du marteau-pilon en 1847, au Creusot, permet l’usinage de très grosses pièces pour les chemins de fer et l’armement. En 1970, après fusion avec une autre société, le groupe donne naissance à Creusot-Loire. Mais la crise commencée dans les années 70 rattrapa la société qui déposa son bilan en 1984. Depuis, le potentiel industriel a été repris par d’autres grands groupes.

 et en Franche-Comté

Sa voisine de l’Est ne manque pas non plus d’industrie, loin de là. C’est même la première région par habitant pour les emplois industriels. Citons le groupe Peugeot à Sochaux et Montbéliard, Alsthom à Belfort. Mais ces grosses sociétés industrielles apparaissent comme des monolithes bien fragiles dans un tissu d’emplois bien lâche. Par ailleurs, cette région connaît des activités traditionnelles de grande précision : lunetterie, jouets, montres électroniques.

 en conclusion

“Délocalisations”, “dégraissages”, effondrement des prix agricoles, l’emploi dans tous les secteurs se maintient avec peine aujourd’hui. Avec entre 9 et 10 % de leur population active au chômage, ces deux régions se situent, malgré tous leurs atouts géographiques et historiques, dans la moyenne française.

Pourtant riches de vieilles traditions sociales, rappelons la lutte originale que tinrent pendant des années les employés de LIP, dans les années 1973 et suivantes, les Bourguignons et Francs-Comtois n’ont pas dit leur dernier mot.


[1J-P. Regad-Pellagru, L’économie de la Bourgogne, Ed. Ellipses, p. 29.