Une prophétie : la croissance du chômage


Publication : octobre 1978
Mise en ligne : 14 octobre 2006

RESORBER le chômage ! c’est ce que se proposent, sans l’ombre d’un succès, tous les gouvernements qui se sont succédés chez nous depuis 1929, c’est-à-dire depuis le début de la fameuse crise. Sa persistance, au cours des hostilités, alors que tant de travailleurs étaient mobilisés’ aux armées et aux fabrications de guerre, ne semble pas avoir fait comprendre qu’il s’agit de quelque phénomène nouveau. L’opinion quasi-générale est encore que le nombre des emplois offerts s’élève assez vite pour compenser le nombre de ceux que la machine a supprimés. Presque personne ne, semble voir la révolution qui s’est opérée depuis que l’humanité a changé la nature des forces motrices qu’elle emploie. La machine aide les hommes, continue-t-on à affirmer, elle ne les remplace- pas. C’est raisonner comme au temps de l’outil. Il faudrait admettre une bonne fois que la machine est un assemblage rationnel de corps résistants, disposés de manière à obliger les forces naturelles à provoquer des mouvements déterminés, et que la conséquence de ces mouvements est de faire exécuter aux machines des travaux presque toujours impossibles à faire à la main. Elles donnent à la production une rapidité, une sûreté, une ampleur qui tiennent du prodige ; elles réduisent presque à néant les frais de fabrication. Quelquefois, elles remplacent non seulement les muscles de l’homme, mais encore son intelligence, comme c’est le cas pour les machines-comptables et les machines à calculer. Nous sommes donc les témoins d’une révolution infiniment plus considérable que celles que provoquèrent, autrefois, d’autres progrès techniques comme le collier d’épaule, les traits et le dispositif d’attelage en file des chevaux, le gouvernail d’étambot, la boussole, le papier, l’imprimerie, etc.

(Extrait de « Demain »)