Le triomphe de la com’
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Mise en ligne : 30 juin 2007
Il est incontestable que le candidat Nicolas Sarkozy a séduit 53 % des 85 % de votants parmi les électeurs inscrits. Si c’est parce que les Français préfèrent être dirigés plutôt que consultés, ils vont être satisfaits, et à toute vitesse. Si au contraire, les 45 % d’électeur inscrits qui ont élu le nouveau Président ont été éblouis par son brio au point de ne pas avoir compris ce qui les attend, ce sera pour eux la surprise du Chef. Pour l’instant, l’objectif de ce dernier est d’obtenir, dans la foulée de son élection, le pouvoir absolu en faisant élire une large majorité de députés à sa botte. L’offre de portefeuilles dans son premier gouvernement, faite à cette fin, à des personnalités qui ont pu, dans le passé, être réputées “de gauche”, ne devrait tromper personne, malgré de belles déclarations. On ne verra qu’après les Législatives de quoi seront capables ceux qui y resteront.
Le PS est en pleine déconfiture, et on a envie de dire que c’est bien fait. Car la réaction des éléphants à cette défaite révèle leur dérive vers le libéralisme à ceux qui ne l’auraient pas encore vue, tant elle est restée malhonnêtement inavouée. Quant au discours fluctuant de Ségolène Royal pendant la campagne, toujours à la traîne sur le terrain choisi par Sarkozy, il n’a guère fait apparaître d’enthousiasmantes convictions ; alors tant pis, on ne saura pas ce dont elle aurait été capable, ni si son seul “plus”, promettre la concertation, n’était qu’une manœuvre.
Si, comme promis par le meneur, “on va voir ce qu’on va voir”, au moins les choses seront claires, mais ceux qui se lèvent tôt vont encore devoir en baver.
Est-ce que ce sera suffisant pour que s’élabore enfin ce qui fait si cruellement défaut : un vrai programme capable d’opposer à la dictature de l’argent le souci des droits de l’Homme et de son environnement ?
Hélas, et bien que ce soit tellement urgent, il faudrait pour cela que ce souci passât enfin devant l’ambition personnelle qui met en rivalité permanente les professionnels de la politique, et que tous, simples citoyens, hommes et femmes de bonne volonté, soient capables de s’informer, de réfléchir, de juger, puis d’imaginer, et sans a priori, autre chose que ce qui leur a été mis dans la tête… avec tant de puissants moyens pour les réduire à l’état de consommateurs “polysaturés de com’ ” !