La droite et le chômage
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Mise en ligne : 31 décembre 2007
Industriels très impliqués dans le monde du travail, Pierre Bouvier et Pierre Chavance proposaient dans leur livre « Trois chemins pour l’emploi », publié en 1996, trois mesures pour réduire ou même supprimer le chômage : réduire la durée du travail, réduire les heures supplémentaires, permettre de véritables “temps partiels”, c’est-à-dire du travail à temps partiel avec garantie du retour au temps plein à la demande du salarié.
Or que DIT le gouvernement depuis 2005 ?
— que la priorité des priorités, c’est la baisse du chômage.
Mais que FAIT le gouvernement depuis 2005 ?
— il prend, dans le domaine du travail, des mesures qui vont à l’encontre de cet objectif. Et non pas par erreur, mais par volonté délibérée d’éviter une baisse trop rapide du chômage.
Les effets de ce qu’on appelle le papy-boom se font sentir depuis 2005, et devraient durer jusque vers 2012-2015. Pendant ces années, on verra jusqu’à 800.000 départs à la retraite par an, tandis qu’il n’y aura que 500.000 nouveaux actifs à se présenter sur le marché du travail. De tels écarts conduisent naturellement à une forte baisse du chômage, sans qu’il soit besoin de prendre aucune mesure particulière.
Mais cela ne convient ni au gouvernement ni au patronat, pour qui une telle baisse rendrait les salariés plus revendicatifs pour obtenir de meilleurs salaires.
C’est Villepin qui a commencé à prendre des mesures destinées à freiner cette baisse du chômage : allongement de la durée du travail sur la journée (forfaits jour pour tous), sur la semaine et sur l’année ; déblocage des heures supplémentaires, avec comme conséquence l’augmentation de la durée du travail ; recul de l’âge de départ en retraite, allongeant ainsi la durée du travail pendant la vie ; loi Fillon des quarante annuités pour les fonctionnaires en attendant les 41, puis les 42 ; décotes imposées aux fonctionnaires qui n’auraient pas leurs annuités ; limite d’âge des fonctionnaires portée de 65 à 67 ans ; mesures prises pour maintenir les plus anciens au travail ; mises en place de CDD-vieux, de cumuls emploi-retraite ; bonifications de retraite pour retraite prise plus tardivement ; pénalités pour les fonctionnaires liquidant leur retraite avant l’âge légal ; réduction très importante des postes dans la fonction publique, autant de postes qui ne seront pas offerts aux jeunes recherchant un emploi ; et “assouplissement” des 35 heures, pour ne pas dire allongement de la durée légale du travail, …
Sarkozy poursuit [1], dans le même sens : augmentation supplémentaire de la limite légale des heures supplémentaires ; défiscalisation et suppression des cotisations sociales des employeurs sur ces heures, en remplacement d’augmentations salariales ; volonté de dégrader les régimes spéciaux de retraite au niveau de ceux de la fonction publique ; affaiblissement de ce qui restait de la loi sur les 35 heures ; extension du “compte-épargne-temps”, ce qui signifie “le droit” de ne pas prendre ses congés payés, ni ses jours de RTT. Il est désormais possible de “racheter” des “comptes-épargne-temps” à taux zéro, ce qui revient à faire des heures supplémentaires mais, celles là, non majorées.
Le résultat est que le chômage baisse si lentement sur le long terme, qu’il lui arrive d’augmenter comme au mois d’août dernier… ce qui explique les dernières mesures prises pour ne plus publier les chiffres mensuels du chômage…
… et montre à quel point il faut se méfier de ce qu’on raconte : le mensonge est devenu une méthode de gouvernement !
[1] NDLR : élu sur un programme dit “de rupture”…