Pour une véritable démocratie
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Mise en ligne : 31 décembre 2007
Autre preuve que nous ne sommes plus seuls à réfléchir aux bases économiques sur lesquelles peut être fondée la société pour être enfin démocratique, le livre d’un professeur d’économie à Lausanne, diplômé de l’Institut Supérieur de Commerce de Paris :
Ce livre de Michel Laloux1 est sous-titré “Restituer la démocratie à la société civile”. Son auteur laisse à un personnage imaginaire, une jeune Polonaise qu’il prénomme Napoléona, le soin d’exprimer sa pensée en répondant aux questions du lecteur, qui sont posées par un certain Yoann. Cette présentation dérouterait sans doute ceux que la pensée dominante conditionne savamment, jour après jour, s’il s’en trouvait un pour lire ce livre ! Mais pas ceux qui ont eu “les yeux ouverts” par Jacques Duboin, car Napoléona leur rappelera fort son mémorable “Kou, l’ahuri”.
Napoléona situe le mal de notre société dans l’État unitaire, c’est-à-dire celui dans lequel les trois “pouvoirs”, le législatif, l’exécutif et le judiciaire, et l’administration qui en découle, sont organisés autour d’un pouvoir politique central. Michel Laloux, en adepte de Rudolf Steiner, entend lui substituer un État organisé selon la tri-articulation de l’organisme social, qui amène ce philosophe à distinguer en toute chose ce qui est de nature juridique, culturelle ou économique, chacun de ces trois domaines ayant une dynamique propre. Telle est la clé qui ouvre sa démocratie évolutive, car il faut enfin admettre que les professionnels de la politique ne peuvent pas avoir les compétences nécessaires pour décider dans tous les domaines.
Et une telle clé permet apparemment d’aborder les sujets les plus tabous. À commencer, et nous sommes, ô combien, d’accord, par la croissance du capital… dont notre auteur observe au passage que c’est bien la seule chose à laquelle on confère le pouvoir de croître éternellement, sans limite ! Il en profite pour retracer, brièvement mais magistralement et simplement, l’évolution de la monnaie et ses dérives, jusqu’à en conclure sur la nécessité d’une monnaie de consommation. Il voit une telle monnaie fonctionnant en parallèle avec une monnaie d’investissement, et pour distinguer les deux, il aboutit à la nécessité d’une double comptabilité. Les choses deviennent de ce fait un peu compliquées, mais l’essentiel est bien qu’il s’agit, pour lui comme pour nous, d’éviter les dérives de la spéculation monétaire.
Ayant le courage d’aborder cette question, Michel Laloux reproche à l’association Attac de se contenter de reprendre l’idée de la taxe Tobin pour réduire la spéculation sur les taux de change, sans oser aller jusqu’à s‘attaquer aux causes. Lui, il va donc plus au fond des choses, et outre qu’il montre les avantages et la nécessité d’une monnaie de consommation, il défend une démocratie dans laquelle la question de l’utilité d’une entreprise serait enfin posée et où elle serait même démocratiquement examinée par la société civile : il envisage, en effet, d’associer des organisations de consommateurs et de producteurs à la création de la monnaie de financement.
Bref, voici quelqu’un avec qui il devrait être possible de parler de contrat civique.
Peut-être même de revenu perçu pour être et non pour avoir et capitaliser ?