Sortir des chemins battus
par
Publication : janvier 1977
Mise en ligne : 14 mars 2008
La première fois que Jacques Duboin prononça,
dans un Congrès, le mot « Socialisme », il fut accueilli
par un « Ah » enthousiaste.
Presque en s’excusant il répondit : « C’est que je viens
de loin ».
Il venait peut-être de loin, puisque Républicain de gauche
avec Caillaux, lorsqu’il devint ministre. Mais il était depuis
longtemps socialiste, dans le sens où il l’entendait, et, la
longue marche qui l’a conduit à l’affirmer, c’est à ses
interlocuteurs qu’il voulut la faire accomplir.
Déjà comme député il avait eu beaucoup de
mal à se faire entendre par les dirigeants de son propre parti.
« - Est-ce qu’on t’a demandé cela dans ta circonscription
» lui rétorquait-on chaque fois qu’il voulait engager le
fer. - Non évidemment puisque sa circonscription, comme toutes
les autres, n’était peuplée que d’électeurs au
« crâne bourré » de vieilles romances.
Devenu promoteur d’une nouvelle philosophie sociale et fort d’une expérience
politique enrichissante, il comprit vite qu’il fallait savoir doser
ses effets pour parvenir à débourrer efficacement les
crânes de ses contemporains.
Il fallait en 1932, alors que tous les esprits étaient traumatisés
par le chômage, prôner le « Droit au Travail »
pour avoir une certaine audience.
Les idées faisant leur chemin, influencées par les vieilles
écoles à la peau dure, force était plus tard de
se laisser accoler l’étiquette socialiste. Tout le monde en était,
même Hitler avec son national-socialisme.
Cependant dès 1944 Duboin peut préciser que son socialisme
est celui de l’abondance et non celui de la rareté.