Au fil des jours


par  J.-P. MON
Publication : juillet 1977
Mise en ligne : 17 avril 2008

L’an dernier, vous vous en souvenez, on ne trouvait plus de pommes de terre, et celles que l’on pouvait se procurer coûtaient très cher (c’était la faute de la sécheresse !). Or, dans un n° de mai du « Dauphiné Libéré  », nous apprenons que plusieurs dizaines de tonnes de pommes de terre d’importation, en provenance des Etats-Unis, et propres à la consommation, ont été déversées dans une carrière près de Romans.
C’est la Société d’Importation Delassus (de Merville, dans le Nord) « propriétaire de ces pommes de terre » qui a décidé de s’en débarrasser.
Il vaut mieux ça que de voir les prix s’effondrer, n’est-ce-pas  ?

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Il y a 20 ans un Américain, J. ENGLEBERGER, mettait au point le premier robot utilisable industriellement. Aujourd’hui, un millier de robots fonctionnent dans le monde. La majorité d’entre eux travaillent dans des usines de production automobile où ils effectuent les travaux les plus pénibles : vaporisation de peinture sur les voitures, soudure des châssis, manutention des pièces...
En Europe où l’on en dénombre 300, les plus grands utilisateurs sont Volvo et Fiat.

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L’informatique à la Ferme :
A Amarillo (Texas), l’un des plus grands parc d’embouche des Etats-Unis, des dizaines de milliers de bêtes sont nourries a partir d’une mixture préparée par un mélangeur géant. Cet engin est relié à un ordinateur qui est chargé de calculer chaque jour la formule alimentaire la plus économique en fonction de l’évolution des cours des divers composants de l’alimentation.

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Alors que la victoire de la gauche aux prochaines élections apparaît chaque jour plus probable, les pseudo libéraux qui nous gouvernent, et le patronat, attaquent violemment les entreprises nationalisées. Celles-ci peuvent pourtant présenter un bilan très positif : les compressions de personnel entraînées par l’évolution économique ou technologique y ont été opérées sans licenciement, grâce à des mises à la retraite anticipée ou à des reclassements internes ; la réduction de la durée du travail à quarante heures par semaine (ou moins) a été réalisée sans perte de salaire, ainsi que l’allongement des congés payés.
Et pourtant la productivité des entreprises nationalisées continue à augmenter.
Alors, pourquoi ne nationaliserait-on pas tout le secteur productif  ?

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Toujours à propos de sociétés nationalisées et quitte à faire frémir d’horreur M. Fourcade, actuel ministre de l’Equipement et ex-ministre de l’Economie et des Finances, J. de Barrin écrit dans « Le Monde » du 29 juin 1977 :
« A quoi servirait d’avoir nationalisé Air-France si l’Etat renonçait à l’utiliser comme un instrument de sa politique économique et sociale et même de se politique tout court  ? Qu’en fin de compte la Compagnie en vienne à perdre de l’argent, quoi d’étonnant et quoi de scandaleux si elle y trouve sa raison d’être ?.. Il n’y a rien d’humiliant pour une entreprise publique de s’écarter des chemins de la rentabilité ».
N’est-ce pas là une bonne évolution des idées vers l’Economie Distributive ?

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Un bon point au Dr RICHARD, adjoint au maire P.S. du Mans, qui a fait scandale aux cérémonies du 15 mai dernier commémorant la bataille de Dien Bien Phu en déclarant notamment :
Faisons un rêve : imaginons un instant que le dixième de l’effort à la fois matériel et en hommes consenti par la France sur le plan militaire l’ait été sur le plan de l’aide réelle et de la coopération...
En 1977, faut-il dire la longue liste des conflits d’outremer que nourrissent encore les armes livrées par les pays industrialisés, avec les meilleures justifications du monde, devant des populations de plus en plus démunies et consternées... ».
Il paraît que, pendant l’allocution, un certain nombre de «  personnalités » militaires ont quitté la cérémonie et que, la presse locale n’a pas osé publier l’allocution.
Ils reconnaissent donc qu’ils sont pour le profit à tout prix et pour l’industrie de la mort ?

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Quelques titres stupides de « France-Soir » après le « discours de Carpentras » :
« - La France sortira de l’inflation avant la fin de l’année  ;
- Il n’y aura plus de jeunes chômeurs à la rentrée  ».
En fait, le Président de la République n’a pas été aussi précis. Il a dit : « Notre société doit adopter les mesures nécessaires pour que tout jeune soit assuré d’être soit au travail, soit en formation ».
Gageons que pour certains la formation risque de durer longtemps... Quant à l’inflation, nos lecteurs savent depuis belle lurette que c’est un mal inévitable de l’économie de marché.