Pour résoudre les problèmes de l’environnement

Déclaration du mouvement “Changer l’agriculture !” au symposium international de Kobé (25 mai 2008)

par  Changer l’agriculture !, M.-L. DUBOIN
Mise en ligne : 31 juillet 2008

Voici la traduction en Français de la déclaration, transmise par Daniel Vuillon et issue du symposium auquel il a participé à Kobé. Cette déclaration sera remise aux Présidents des Pays du G8 qui se réunissent en juillet au Japon.

Daniel Vuillon commente son envoi en ces termes : « Bien sûr, ce texte pourrait être complété par bon nombre d’autres recommandations mais si les quatre qui sont décrites étaient prises en compte par les pays les plus riches, la planète se porterait déjà mieux ! »

Pour répondre aux problèmes posés au sommet du G8 de Toyako, au Japon, en 2008, à savoir ceux du réchauffement global, de la biodiversité, de la crise alimentaire et le souci de n’émettre que de faibles taux de gaz carbonique, nous proposons « une politique d’agriculture, d’alimentation et d’environnement soutenables basée sur l’agriculture organique ».

Les crises à l’échelle planétaire, telles que les anomalies climatiques, la montée des prix des vivres et des ressources et la raréfaction de l’eau potable, ne font qu’empirer. Pour résoudre ces crises, nous attirons l’attention sur la relation entre agriculture, alimentation et environnement :

Pendant des siècles, la société humaine a été nourrie par les terres cultivées et les pâturages, qui occupent environ le tiers de la surface de la planète. Celles-ci ont produit la nourriture, assuré l’habillement et l’habitat pour les populations, formé les cultures et conservé l’environnement local. Telle était la relation entre les êtres humains la Terre.

L’agriculture moderne a été construite ensuite avec des structures d’entreprises commerciales qui ont poussé à l’extrême l’industrialisation et le commerce mondial. De telle sorte que l’agriculture, aujourd’hui industrielle, a sa part dans la destruction de l’environnement.

Notre objectif est de mettre fin à cette société industrielle moderne qui dépend de ressources limitées, à cette lourde économie de marché centralisée, structurée par l’OMC, et de la transformer en une société durable, basée sur la coopération et sur des productions recyclables.

Nous croyons que l’agriculture organique durable, qui est ce qu’une authentique agriculture doit être, est le point de départ nécessaire pour atteindre ce but.

Voici les voies de sortie que nous proposons et que les gouvernements du Japon et des autres pays du G8 devraient étudier pour améliorer l’environnement global :

1• Promouvoir l’agriculture organique à l’échelle appropriée pour que les producteurs, les distributeurs et les consommateurs puissent coopérer.

La petite échelle et la polyculture, qui conviennent à la diversité de l’environnement local, constituent l’organisation la plus efficace pour réaliser l’agriculture organique.

Il faut un système de distribution à cette échelle pour pouvoir fonctionner avec cette variété de petites cultures.

Aujourd’hui la sécurité alimentaire est de plus en plus mise en danger par l’extrême commercialisation des produits alimentaires et par la priorité dévorante qui est accordée au marché. Pour parvenir à la sécurité alimentaire il faut établir une relation stable entre producteurs et consommateurs. Nous avons besoin de développer une relation humaine qui permette d’apprendre mutuellement et de se soutenir les uns les autres.

D’où la nécessité de promouvoir dans le monde une agriculture organique à l’échelle appropriée pour que puissent coopérer producteurs, distributeurs et consommateurs.

2 • Mener une politique de développement de communautés locales et de biodiversité basée sur l’agriculture, la nourriture et l’environnement.

Le corps humain fait partie d’un cycle naturel qui est maintenu par la nourriture issue de l’agriculture. Toute vie est connectée de façon inséparable à l’environnement.

Il faudrait donc tenir compte de cette étroite connection entre agriculture, alimentation et environnement. Le développement de l’agriculture organique durable, qui harmonise les diverses écologies de la terre, réalise ce fondement de la santé humaine.

La politique basée sur agriculture, alimentation et environnement peut être réalisée en établissant des exploitations organiques. Il faut encourager l’indépendance et la diversité de chaque région, de chaque pays, en maintenant la biodiversité, donc encourager la stabilité des communautés locales, donc de l’environnement global.

3 • Établir des règles de commerce qui soient saines vis à vis de l’environnement en valorisant l’agriculture locale et l’autosuffisance alimentaire.

L’agriculture organique est une méthode d’exploiration moins lourde pour l’environnement. Elle utilise les ressources locales et réunit les moyens de production locaux, ce qui évite les émissions de gaz à effet de serre dues aux transports. L’agriculture organique “de production locale pour une consommation locale“ réduit donc les kilomètres “alimentaires”.

La standardisation de la production agricole n’est pas la relation idéale entre producteur et consommateur pour une société durable. Ce dont nous avons besoin, au contraire, c’est d’une structure qui soutienne une large variété agricole, et qui soit adaptée à l’environnement local et aux ressources de la région et du pays. Il faut établir une règle commerciale pour apprécier mutuellement une large variété d’agricultures.

Chaque gouvernement devrait clairement évaluer son objectif d’auto suffisance par une agriculture organique, cesser d’exploiter les pays en développement, et établir les règles internationales pour promouvoir la souveraineté alimentaire et agricole.

4 • Fonder une société orientée vers le recyclage et la coopération, basée sur les cycles naturels de la vie.

Pour fonder une société durable, il faut évaluer le cycle des ressources locales et promouvoir des coopérations, tant pour les moissons qu’entre producteurs et consommateurs.

Tout sous-produit, tout déchet issu de la production agricole ou de la consommation alimentaire doit être considéré et utilisé comme une précieuse ressource locale.

L’agriculture organique peut utiliser les déchets organiques de la communauté locale …

Cette exploitation agricole durable permettrait d’augmenter l’alimentation faite à la maison et, par le recyclage des ressources et avec la coopération des consommateurs pour recycler leurs résidus alimentaires, de réduire l’empoisonnement des fermes et la pression exercée sur l’environnement.

Pour aller de l’avant et fonder cette société de coopération et de recyclage qui met la vie en valeur, réduit les déchets, réutilise et recycle en réhabilitant l’agriculture réelle, il faut agir dès maintenant.

(texte traduit de l’Anglais par Marie-Louise Duboin).