Qui ment ? Qui trompe les Français ?


par  J.-P. MON
Publication : mars 1978
Mise en ligne : 28 août 2008

LE 28 janvier 1978, le Président de la République, discourant à Verdun sur le Doubs sur le « bon choix » que les Français seront appelés à faire les 12 et 19 mars prochains, déclarait : « Je ne permettrai jamais que les Français puissent dire : on nous a trompés. » (gros titre dans « France- Soir », bien sûr).
Les Français ont la mémoire courte, c’est bien connu, et tout le monde en profite et nos gouvernants les premiers.

Le barrage contre l’inflation

CAR enfin, n’est-ce pas ce même Valéry Giscard d’Estaing (pas encore Président de la République, il est vrai) qui, en 1960, proclamait fièrement : « J’ai élevé contre l’inflation un véritable barrage ». Barrage qui s’est révélé de la même solidité que le barrage de triste mémoire de Malpasset, puisque, depuis 1960, et selon le très officiel I.N.S.E.E., les prix ont augmenté de 262 %.
N’est-ce pas encore le même Valéry Giscard d’Estaing qui, ministre des Finances de 1962 à 1966, puis (après avoir fait campagne contre le général de Gaulle en 1969), de 1969 à 1974 nous a répété tous les ans avec la même assurance que la hausse des prix ne dépasserait pas... la moitié (ou à peu près) de ce qu’elle s’est avérée être en fait.
Nos lecteurs savent, eux, depuis longtemps, qu’en économie capitaliste il est vain de prétendre lutter contre l’inflation et que ce « mal terrible » est nécessaire pour assurer l’expansion.
Nous ne ferons pas au Président de la République, ancien élève de l’Ecole Polytechnique et de l’Ecole Nationale d’Administration, l’injure de croire qu’il l’ignore... Mais alors, pourquoi nous répéter à longueur d’année que l’inflation sera vaincue ? Qui veut-il tromper, sinon les Français ?

R. BARRE et la Trilatérale

QUI ment, qui trompe les Français lorsqu’il feint de s’indigner des ingérences américaines dans la politique française ou italienne sinon le Premier ministre R. BARRE, dont on ne parle jamais de l’appartenance à la Trilatérale  ?
La Trilatérale ? Rares sont les Français qui savent ce que c’est. La grande presse n’en parle pas (et pour cause !).
Eh bien, sachez que cette Commission internationale a été fondée en 1973 par David ROCKEFELLER, président de la Chase Manhattan Bank, et qu’elle regroupe en son sein les tout-puissants d’Amérique du Nord, de l’Europe et du Japon (1).
Son but, c’est d’unifier le Nord pour faire face au Tiers-Monde et s’opposer a la progression électorale communiste en Europe de l’Ouest.
Estimant que les democraties « liberales » tendent à devenir ingouvernables (2), quelles sont gravement menacées par les intellectuels et les journalistes, la Trilaterale entend renforcer le principe d’autorité. (Nous voilà donc avertis !).
C’est cette commission qui a « fabriqué » Jimmy CARTER (1) et qui lui a impose ses principaux collaborateurs tels que le vice-président Walter MONDALE et Zbignew BRZEZINSKI, principal collaborateur du President et premier directeur de la Trilatérale.
Lorsque l’on sait tout cela, on peut apprécier l’étendue de la duplicité du Premier ministre et on ne s’étonne plus de sa politique systématique de mise au pas de la Presse et dd démantèlement de l’Université, pas plus que de la liquidation, pour le plus grand profit des Américains, de secteurs clés de l’économie tels que l’informatique ou l’industrie des composants électroniques, ou encore, dans le domaine des réacteurs nucléaires, le choix des systèmes à eau pressurisée (licence Westinghouse) au détriment de la filière française graphite-gaz.
Ce ne sont là que quelques exemples, très révélateurs et très inquiétants, des mensonges de nos gouvernants actuels, et la liste est longue des déclarations et des promesses que « les Princes qui nous gouvernent » depuis vingt ans nous ont faites et qui n’ont pas été tenues ! Mais dans la Trilatérale il n’y a pas que des banquiers et des hommes politiques :
Il faut aussi que les agriculteurs français, objets depuis quelque temps (pourquoi, diable ?) de la sollicitude du Président de la République et de son Premier ministre, sachent que Michel DEBATISSE, président de la puissante F.N.S.E.A., appartient lui aussi à la Commission Trilatérale. Cela leur permettra peut-être de voir sous un jour nouveau les problèmes qui se posent à eux.
Enfin, nos camarades membres de la C.F.D.T. pourront aussi interroger leurs dirigeants sur les raisons de l’appartenance à cette même Trilatérale de l’un des leurs, René BONETY.
Ces quelques compléments, ou dessous de table, que nous vous avons donnés et qui permettent de voir la vie politique française et internationale sous un tout autre aspect, qui est-ce qui vous les refuse, qui vous les cache, et pourquoi ? N’est-ce pas le pouvoir en place ?
Alors, qui ment ? Qui trompe les Français ?

(1) Le Monde Diplomatique, n°272, Novembre 1976.
(2) The crisis of Democracy, Report on the governability of democraties to the Trilateral Commission - New-York University Press, 1975.