Pour l’économie, il allait encore plus vite !


par  P.-N. ARMAND
Publication : février 1981
Mise en ligne : 15 octobre 2008

DE nombreux lecteurs nous ont signalé que la rubrique «  Actualités Historiques » de la revue HISTORIA de décembre 1980, soulignait les idées très en avance sur son temps de Jacques Duboin, en matière de stratégie. Nous donnons ci-dessous quelques extraits de cette rubrique intitulée :
En 1922, un député réclamait une armée qui sente le pétrole et non le crottin.
« Si le général de Gaulle a su magistralement exprimer en 1935 dans un livre, l’idée d’une armée modernisée par le moteur et la vitesse, c’est-à-dire par l’apport d’un corps cuirassé, il n’en est pas le seul père. Tout le mondé s’accorde à reconnaître que le général Estienne et d’autres l’avaient déjà lancée. Ce que l’on sait moins, c’est qu’un jeune député de la Haute-Savoie, Jacques Duboin, en démontra vainement la nécessité à la Chambre des Députés le 14 mars 1922, consacrée au projet de loi sur l’organisation de la défense nationale par André Maginot.
Au député qui lui avait demandé « Qu’est-ce que cela veut dire moderniser une armée ? » il avait répondu  : « Une armée moderne, c’est une armée qui se reconnaît à l’odorat : elle sent le pétrole et ne sent pas le crottin. C’est une armée où le moteur mécanique joue le principal rôle ».
Au ministre qui lui avait demandé de définir l’armée moderne, il avait répondu : « C’est une armée dans laquelle vous ne compterez plus un seul cheval. Quand on veut moderniser une industrie, la première modification que l’on opère consiste à la « moteuriser ».
La tactique est d’une brutale simplicité : voici les chars de rupture sous le couvert de la nuit, ...écrasant tous les obstacles. L’infanterie blindée, l’artillerie d’accompagnement les suivent, profitent d’un chemin tracé. Les premières lignes ennemies surprises sont rompues, et voici les rapides chars d’exploitation qui s’élancent - comme jadis la cavalerie pour hâter la victoire...  ».
« Supposons, dit Jacques Duboin, que les Allemands auxquels nous pensons toujours, forcément, lorsque nous nous occupons de choses militaires, réalisent l’armée moderne dont je viens de parler... »
Cela se passait en imagination, en 1922, le 14 mars, et cela s’est passé réellement et tragiquement pour les Français le 10 mai 1940.
Après ce que’ l’on sait des insuffisances graves des armements de l’armée française, on conviendra qu’elles ne manquent pas de piquant, les paroles suivantes, prononcées le 14 mai 1922, par le colonel Fabry, rapporteur général du projet de loi en discussion
Les idées exposées par notre collègue Duboin, (qui fut très souvent interrompu) méritent d’être écoutées. Il peut apparaître ici peut-être comme un précurseur, mais ce sera le seul reproche qu’on pourra lui adresser. Il va beaucoup trop vite. »
Nous qui connaissons aussi l’oeuvre économique de J. Duboin, nous pensons que « Pour les économistes, il va encore plus vite... »
On pourrait aussi écrire à « Historia » que J.D. a beaucoup écrit en matière d’économie.