Les moteurs des marchés
Mise en ligne : 30 novembre 2008
L’an dernier un article de Libération rapportait que les calculateurs géants des grandes banques d’affaires américaines étant programmés pour faire du “trading” pratiquement sans intervention de l’homme (en utilisant de savants modèles qui anticipent l’avenir en se basant sur les comportements enregistrés dans le passé), ils étaient complètement affolés par la situation financière exceptionnelle. Un expert s’inquiètait même en constatant qu’ainsi utilisés par la finance, les modèles informatisés devenaient le moteur des marchés !!
Cet article avait inspiré à Luc Douillard cette réflexion :« Tous les verrous ont sauté quand les flux financiers irresponsables sont devenus les pilotes dans l’avion, avec la complicité des dirigeants politiques occidentaux de la génération de Reagan, Thatcher-Blair et Mitterrand, et alors que nous nous sommes privés à jamais de tout instrument de recours, comme par exemple avec cette énormité significative : “l’indépendance” de la banque centrale européenne face à une raison collective qui serait incarnée par la politique (volontairement soumise et impuissantée) et les citoyens (muselés et distraits par le pain, les jeux et les faux-débats).
Songeons que si, par une catastrophe subite de type nucléaire ou cosmique, toute vie humaine devait subitement disparaître, le show financier continuerait pour rien, et les ordinateurs des banques d’affaires continueraient à spéculer automatiquement comme si de rien n’était en brassant des biens immatériels, jusqu’à épuisement progressif des énormes réserves de fioul prévues pour leurs groupes électrogènes. Une fin du monde cauchemardesque et un beau sujet de roman !
Ajoutez à cela la montée simultanée des périls climatique, chimique, atomique, neuroleptique, médiatique, éducatif, mafiosi et terroriste, bref l’irakisation progressive du monde, tous phénomènes découlant largement de cette dictature « apolitique » de la technique financière laissée à elle-même, et vous avez un constat assez réaliste de l’illusion paresseuse des gauches politiques et syndicales de tous pays, qui ne veulent toujours pas s’affronter courageusement aux vrais enjeux tant qu’il est encore temps.