Une aventure de la WC (World Company)


par  Anicet
Publication : juillet 2000
Mise en ligne : 29 mars 2009

C’était, à la sortie (ou à l’entrée, c’est selon !) d’un bourg voisin de la Dordogne, une aire dite de repos manifestement à la disposition des automobilistes désireux de faire une halte casse-croûte, dans une région appréciée pour ses paysages et la qualité de la vie ; lieu propre et calme où rien ne manquait à la remise en condition de tout conducteur soucieux, au moment du départ, de son confort entre siège et volant. L’édicule, proprement construit et de conception simple, ne cachait pas sa vocation : c’était bien là qu’il fallait aller, avant autant qu’après les sandwiches, la pomme et bouteille d’eau. Il avait l’allure d’une maisonnette avec son toit couvert de tuiles, dont la partie centrale était a priori destinée au lavage des mains et au coup de peigne de la mi-journée. Pas de jaloux : à gauche, lieu pour les dames, à droite, lieu symétrique pour les hommes (ç’aurait pu être le contraire, mais cela est sans importance) ; les deux équipés à la turque (la mondialisation ?). Et au milieu, ouvert à tous les vents, et visible depuis les environs puisque sans porte, un troisième lieu également équipé à la turque ! Ayant échappé de justesse à l’accident de chasse, je n’ai pu éviter le plongeon dans un abîme de perplexité : pour quelles raisons avait-on ainsi conçu cet endroit ? Avions-nous là une résurgence des pratiques soviétiques des années 60, époque où des bidets ont, paraît-il, été livrés à la Guinée ? ou une dérive des pratiques néo-libérales considérant qu’il était plus profitable de livrer une série de 3 équipements identiques (effet d’échelle ?), en laissant aux usagers le soin de trouver par eux-mêmes la solution au nettoyage de leurs mains ou, pourquoi pas, au captage d’une nouvelle réserve d’eau pour la route ? N’y avait-il pas, ailleurs, un autre endroit exclusivement équipé de 3 lavabos au lieu des choses désignées ci-dessus ?

Ayant encore de la route à faire, je n’ai pu attendre le soir ; pourtant, une question trottait dans ma tête : y avait-il un éclairage autre que celui de vessies, qu’on essaye quelque fois de nous faire prendre pour des lanternes ?