Sur le distributisme et le mondialisme


par  P. MOCH
Publication : juin 1986
Mise en ligne : 24 juin 2009

L’état actuel de la conjoncture mondiale m’incite, en tant que vieux militant distributiste et Citoyen du Monde, à expliquer pourquoi je crois le moment propice pour unifier vos efforts.
Vous servez, chacun à votre manière... un même idéal, celui de l’amélioration des rapports humains pour obtenir une société plus belle et plus juste. Nous avons compris, depuis longtemps, que la destruction menace l’humanité, avant qu’elle ait réalisé cet idéal. Les slogans, que ce soit « UN OU ZERO » de G. Marchand ou « l’économie distributive ou l’anéantissement de l’humanité », montrent bien le parallélisme de vos ambitions.
Pacifiste depuis la guerre de 1914, j’ai connu bien des déboires dans ma quête pour un monde meilleur. Il est temps de faire le point.
Les buts du « mondialisme » et de ce qu’on appelle maintenant « l’économie libérée » me semblent tellement proches qu’il faut examiner les possibilités de chaque organisation.
Les mondialistes, à part quelques enragés dans mon genre, travaillent pour un futur lointain. Il leur faut, pour arriver à changer les mentalités, un long et profond travail. La création par eux du « Congrès des peuples », a été, après la création du « Registre International des Citoyens du Monde » le peau finement de ce que l’on peut appeler l’infrastructure du monde dont ils rêvent... Mais je n’accepte pas facilement de travailler pour le long terme quand la catastrophe peut être proche.
L’Economie Libérée est aidée inconsciemment mais puissamment par ce que j’appellerais « le sens de l’histoire ». Elle n’a peut-être pas, comme les mondialistes, des structures de base, encore bien fragiles, il est vrai ; mais elle a pour elle des atouts qui me semblent bien plus réels, comme l’accélération de l’économie. Elle a, certes, ses propagandistes et ses écrivains souvent talentueux, mais elle a surtout la démonstration éclatante de l’évolution des rapports économiques et de la mutation qui en résultera pour la société humaine, et qui semble se rapprocher. Dans la « Grande Relève », j’ai souvent lu des commentaires sur le livre « La Crise Finale  » d’Ervin Lazlo ; celui-ci emploie le langage scientifique pour expliquer que la mutation économique est inévitable dans un délai qui ne dépassera pas de beaucoup le début du prochain siècle.
Amis mondialistes et amis distributitifs, c’est le moment d’unir vos efforts pour que cette mutation qui me semble inéluctable débouche vers l’idéal qui nous anime. Réfléchissez ensemble sur le travail à accomplir. Le vieil homme que je suis devenu vous regarde avec une certaine appréhension : saurez-vous unir vos efforts et, surtout, être efficaces ?