Lu, vu, entendu


Publication : août 1986
Mise en ligne : 24 juin 2009

Les beautés de notre civilisation

Un jeune homme de 22 ans, s’est pendu jeudi à Beauvais (Oise) parce qu’il en avait « marre de la vie, sans argent, sans ou dormir et manger et sans travail », ainsi qu’il l’explique dans un ultime message adressé à son père,
Sur lui, les policiers ont également trouvé les numéros de téléphone de nombreuses entreprises que le jeune homme avait contactées pour essayer de trouver du travail. Ironie tragique, Didier s’est donné la mort le jour même où un employeur cherchait à le joindre pour lui proposer un emploi.
Couvreur au chômage depuis plusieurs mois, il vivait très mal cette situation selon ses proches. Le jeune homme tentait de donner le change, jouant une sorte de « comédie du bonheur ». En début de semaine, apparemment en pleine forme, il annonçait à son père une embauche prochaine. Ce qui, vérification faite auprès de l’entreprise qu’il avait citée, se révéla pure invention. Il s’était même inventé une vie familiale, parlant un jour à l’un de ses frères d’un fils qu’il aurait eu avec une jeune femme.
Jeudi, au bout du rouleau, il s’est pendu dans une petite cabane située près du jardin de ses parents. Ce sont des enfants, en sortant de l’école qui ont découvert son corps.
(extrait du journal « L’Eclair des Pyrénées » du 10 juin 1986, envoyé par D. SARRAT).

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Les cartes bancaires

Le ministre du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme a fait à un député qui l’interrogeait sur le développement de la monétique, la réponse suivante :
« L’équipement des commerçants en terminaux points de vente (T.P.V.) participe de l’effort de modernisation globale de l’économie française ; en effet la monétique va progressivement s’insérer dans la vie quotidienne de chacun des Français. Technologiquement, la carte à microprocesseur - dite carte à puce - constitue une invention française grâce à laquelle notre pays dispose d’une avance mondiale. Il est important de consolider cet avantage pour permettre une percée industrielle et commerciale au plan international. A cet effet, le gouvernement s’est efforcé de créer les conditions d’un développement rapide de la carte à puce en France. Il a pris des mesures pour permettre l’acceptabilité de ce nouveau moyen de paiement.
« Ainsi la loi n° 85-695 du 11 juillet 1985 portant diverses dispositions d’ordre économique et financier a posé le principe de l’irrévocabilité du paiement par carte ; elle a d’autre part établi la pleine compétence de la commission de la concurrence en matière bancaire. Par ailleurs, derrière l’avancée industrielle, se profilait le problème du partage du coût du service rendu, entre le commerçant et son banquier. Il n’était pas dans le rôle de l’Etat de s’immiscer dans une négociation, en cours depuis plusieurs mois, entre banquiers et commerçants. Cependant, tout` au long de l’an dernier, les pouvoirs publics se sont attachés à suivre de près l’issue de cette négociation.
« De fait, celle-ci vient d’aboutir, le 27 septembre dernier, à la suite d’une décision du groupement « carte bancaire » qui réunit l’ensemble des banques. En effet, les banquiers ont posé le principe de la totale liberté de négociation tarifaire entre les commerçants et leurs banquiers. Cet élément nouveau est déterminant et rejoint le point de vue énoncé depuis plusieurs mois par les commerçants. Ces derniers, qui ont pu légitimement être inquiets, ont lieu aujourd’hui de se rassurer. L’accord s’est désisté dans la saisie qu’il avait introduite devant la commission de la concurrence. Les conditions sont donc réunies pour une montée en puissance du plan monétique couvrant l’ensemble du territoire national d’ici à trois ans.
« Dès la fin de cette année, 50 000 cartes devraient être en circulation dans la région de Rennes, et le groupement « carte bancaire » a passé commande à la société Bull CP8 de 12,4 millions de cartes livrables avant fin 1988. D’autres commandes industrielles sont encore prévues.
Envoi de L. Bigoureau, la réponse citée est parue au J.O. du 20 janvier 1986.

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« Revenu minimum garanti », pour le MPPT :

Etant donné que dans notre esprit le premier droit d’un être humain est celui qu’il détient des lois de la nature (à savoir, le droit de vivre de sa juste part des richesses du monde) il paraît évident que pour un militant MPPT les soupes populaires ne devraient plus avoir de raison d’être en 1986.
C’est la raison pour laquelle la section du Grésivaudan a inscrit, en tête de son cahier de revendications, l’institution d’un «  REVENU MINIMUM GARANTI ».
Cette mesure, c’est l’intégration systématique de tous les exclus du salariat (Jeunes, mères au foyer, handicapés, chômeurs en fin de droits) dans le jeu de l’économie, en leur rendant leur dignité. Comment ? Par l’allocation mensuelle inconditionnelle à chaque citoyen d’un revenu minimum identique, sans autre considération que le fait d’exister.

transmis par Lucien TISSOT