Détruire l’homme pour faire du chiffre …
par
Mise en ligne : 31 mars 2010
Telle est la méthode utilisée afin d’aider le capitalisme à survivre à ses excés ! Au nom de l’idéologie libérale, et sa “loi” du marché, on assiste partout, et surtout depuis trois ans en France, au démantèlement systématique de ce qui avait été installé pour reconstruire ce que la Deuxième Guerre Mondiale avait déchiré. Tout ce qui formait une véritable société (code du travail, retraites par répartition, mutualité, tous les services publics, les hôpitaux et la santé, la justice, l’enseignement, la recherche, la poste, les transports, les services communaux, etc.), tout est sacrifié, à seule fin de permettre à des entreprises privées de rapporter plus de profit à leurs actionnaires.
La question maintenant est de savoir si l’humanité parviendra à se resaisir avant qu’il ne soit trop tard.
Les acteurs de cette démolition estiment qu’ils ont tous les droits, sous prétexte qu’ils obéissent à un élu : ils se sentent autorisés par les lois élémentaires de la démocratie à traiter par le mépris les professionnels qui, par leur métier, sont bien placés pour comprendre le sens de cette destruction. C’est ainsi, par exemple, que le Ministre de l’Éducation Nationale refuse d’entendre ces enseignants dont la tâche éducative est devenue impossible et qui se voient directement, physiquement, menacés par la violence que cette politique fait naître dans notre société en miettes.
Que font les distributistes, demande une lectrice (voir p.14) qui se plaint que les autres lecteurs ne brandissent pas des pancartes dans toutes les manifestations sur la voie publique. Un autre s’étonne qu’aucun parti politique ne prête attention à nos propositions, alors que dans l’opposition ils sont tous en quête d’un véritable programme.
Mais l’issue possible ne se résume pas à un slogan. Le changement nécessaire étant aussi énorme que le danger qui nous menace, il n’est pas porteur de voix aux prochaines élections.
La tâche est immense parce que c’est d’un véritable changement de société qu’il s’agit. Celà demande une réflexion profonde, à la fois philosophique, culturelle, sociale, s’appuyant sur l’histoire, la sociologie, la psychologie, etc. C’est tout un édifice qui est à construire, et chaque mois, La Grande Relève s’efforce d’y apporter sa pierre.
Pour arriver au niveau de réflexion nécessaire, il faudrait que l’opinion parvienne à se libérer du conditionnement que l’argent exerce sur elle. L’humanité ne se sortira de l’impasse où elle s’est engagée qu’en se débarrassant de l’emprise exercée partout aujourd’hui par la finance. Or celle-ci tient son pouvoir de la monnaie bancaire, cette monnaie privée conçue pour drainer les richesses vers quelques uns, au détriment de tous les autres, et qui y réussit d’autant mieux que tous ces autres, ignorant ces mécanismes, valident sa monnaie en acceptant de l’utiliser.
Si le public, en général, n’est pas conscient de ce pouvoir, qui est devenu plus grand que celui des gouvernements, la crise financière vient encore de le montrer, si beaucoup de gens se résignent en pensant “qu’on n’y peut rien”, ou qu’eux mêmes s’en sortiront, c’est sans doute que les spécialistes de la “com’”, payés pour fabriquer l’opinion, sont très forts.
Mais, à force d’être trompé, le public est de moins en moins dupe. Les Français sont bien obligés de constater que toutes les mesures prises vont à l’opposé des beaux discours, la main sur le cœur à la Sarkozy, qui les avaient séduits. Les Grecs n’acceptent pas qu’on leur impose des mesures de rigueur quand ils comprennent le rôle joué par les agences de notation, au service de la plus grande banque américaine, etc.
Alors partout la réflexion fait certains progrès : à l’occasion de la déclassification de documents récents, des historiens apportent un nouvel éclairage sur les causes des dernières guerres [1]. Divers mouvements se développent, en réaction contre ce qui est pressenti ; par exemple, au Royaume-Uni [2], des populations s’organisent parce qu’elles s’attendent à une catastrophe, en cherchant comment survivre quand on ne peut plus compter ni sur le gouvernement ni sur les services publics. En France, le mouvement l’Appel des appels s’est donné pour but d’unifier, en celle d’un “Nous raisonnable” [3], la réflexion de tous ceux qui, quels que soient leur domaine d’activité et leur fonction, refusent la dégradation des valeurs sociales par leur asservissement à la finance.
En s’associant à ces mouvements, à des SEL, à des AMAP et à tant d’autres associations qui cherchent autre chose, que d’occasions, pour nos lecteurs, de distribuer [4] la GR en participant à la réflexion… !
[1] Voir ci-dessous pp. 5 à 7.
[2] Voir ci-dessous pp. 8 à 11.
[3] Voir ci-dessous pp. 12-13.
[4] Nous mettons pour cela d’anciens numéros à leur disposition.