L’eau, citoyenne du monde !


par  A. NIKICHUK
Publication : janvier 2011
Mise en ligne : 12 mars 2011

Regarder comment agit l’eau dans notre environnement écologique perçu dans son sens le plus large, c’est percevoir notre essence, notre propre comportement, notre personnalité, notre propre finalité dans le système Terre. Par son cycle naturel l’eau se manifeste dans les océans, les rivières, sous terre, dans les nuages. Lorsque nous nous trouvons sous un ciel couvert de nuages, ce même ciel est dégagé sous une autre latitude, et le même phénomène sera inversé peu de temps après.

L’eau est ainsi dans un permanent mouvement circulaire, se glissant partout, étant présente partout, et aucune limite, aucune contrainte, aucune frontière ne peut la retenir, faisant partie du mouvement éternel du globe terrestre, le conditionnant à son tour et ce, depuis des temps immémoriaux, et pour des temps éternels.

Partant de là, il est vain, futile, illusoire, de la retenir, de la confiner dans une quelconque limite, de la soumettre à un quelconque contrôle. Elle sait, et saura, déjouer les piètres pièges que nous, les humains, lui tendons, par les bagarres, les digues, les canalisations, par notre soi-disant volonté de la soumettre à de pitoyables lois dites de “marché“, car elle sait nous plonger dans le désespoir le plus absolu lors de ses colères.

Et par sa nature même, elle fait partie de notre intimité la plus sécrète, se trouvant au coeur de nous mêmes, au centre des cellules végétales, dans la moindre motte de terre que nous foulons aux pieds, elle fait partie de la moindre de nos réalisations à la plus grandiose production du genre humain.

Faisant partie de notre vie, étant l’essence de la vie même, elle nous compose, nous représente, nous symbolise et nous met aussi bien en arrière qu’en avant de nous-mêmes. La comprendre, c’est accepter humblement son côté indispensable, inévitable même, c’est nous comprendre nous-mêmes ; c’est pouvoir comprendre le monde dans lequel nous vivons, dans lequel nous nous projetons, et de quelle manière nous établissons des liens d’abord entre nous, ensuite avec notre propre environnement et en final, avec l’univers tout entier.

Ainsi, nous lui devons respect, déférence, compréhension, acceptation, amour, car, ce faisant, c’est nous respecter, nous comprendre, nous aimer. C’est ce qu’elle nous rend au centuple par sa disponibilité et son adaptation, étant donné ses qualités si particulières, car elle est tout à tour molécule, goutte, cours paisible, torrent qui rien ne peut arrêter, masse immense, et aussi par le bien-être qu’elle nous procure, telle une mère vraiment universelle.

Nous, habitants de cette Terre, la terre nourricière des ancêtres, nous nous considérons des citoyens par cette occupation, en réalité ce n’est pas nous les vrais citoyens.

Oui, décidément, sans conteste, l’Eau est une vraie citoyenne du monde.