Mais où va-t-on ?
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Publication : août 2015
Mise en ligne : 9 décembre 2015
Nous avons tous suivi les événements récents qui ont abouti à la mise sous tutelle de la Grèce. Passé l’espoir, au vu du résultat du référendum du 5 juillet, que la démocratie allait faire une percée en Europe, il semble que le sentiment qui domine aujourd’hui soit la rage. Personnellement, je ne peux plus voir ces “responsables” politiques dont l’irresponsabilité est vraiment trop manifeste. Ces marionnettes m’écœurent, et je ne pense pas être la seule. Je ne veux plus entendre N.K.M. oser déclarer : « c’est une question de solidarité : on ne peut pas demander aux contribuables français de payer pour les contribuables grecs », alors qu’elle sait que les contribuables français ont déjà payé, sans broncher (souvent sans le savoir), les titres grecs… mais pour sauver les banques privées qui les détenaient ! Nous ne pouvons plus entendre insulter ces “fainéants de grecs” par des gens qui savent aussi bien que nous que ce n’est pas le peuple grec qui a bénéficié de “la dette” et que ce n’est pas lui qui a triché pour entrer dans la zone euro… Et ils se gardent bien de dire à qui profite le crime.
Comment un ministre allemand peut-il avoir le culot de désigner au gouvernement grec quelles sont les privatisations qu’il doit faire ? On dit que les voyagistes allemands ont déjà mis la main sur le tourisme en Grèce, mais il y a peut-être d’autres intérêts, qui sait ?
Le diktat imposé à la Grèce n’est pas seulement odieux, il est aussi stupide ! Même le FMI reconnaît qu’il ne résout rien et qu’il va encore aggraver la situation !
Seul l’avenir dira jusqu’où la Grèce va pouvoir supporter que s’aggrave encore la détresse dans laquelle elle est plongée.
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Il faut poser cette question essentielle : pourquoi les autres peuples, européens d’abord, ont-ils si peu manifesté leur solidarité envers le grec ? Car malgré le rôle de désinformation de la grande presse, dont les journalistes sont mis dans l’obligation de défendre les intérêts de leurs propriétaires, toute la dramatisation médiatique, ces renversements multiples et tout le ”suspense” organisé autour d’innombrables “négociations de la dernière chance” n’ont pas pu cacher l’échec complet de cette pseudo “Union” Européenne, qui nous a été imposée sous prétexte… de faire régner la paix en son sein ! Il est désormais évident que l’Europe est coupée en deux, d’un côté, les “accros” à des règles parfaitement arbitraires, de l’autre, ceux qui en pâtissent, les premiers paraissant majoritaires au nord et les seconds au sud… La guerre a changé de forme, mais elle s’annonce d’autant plus meurtrière que la fracture se manifeste aussi au sein même des pays.
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Il est vrai que pour comprendre la portée de ces règles budgétaires, de ces “credo”, il faut accepter de se plonger dans les chiffres, or ces histoires de déficit primaire <3%, de ratio dette/PIB <60% et les détails sur le rôle de la banque centrale et des marchés financiers n’ont rien d’attrayant. Au fur et à mesure que les traités qui les figeaient dans le marbre étaient signés, sans et souvent contre l’avis des peuples, nous les avons dénoncés dans ces colonnes, n’y revenons donc pas. Ce qu’il y a de nouveau, c’est que ceux qui n’avaient pas encore compris le sens de ces traités, ont été mis devant l’évidence de ce que signifie cette déclaration de J-C Juncker, président de la Commission européenne : « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens déjà ratifiés » (publiée par exemple dans Le Figaro du 2/2/ 2015).
En s’abritant derrière ces traités, nos dirigeants se révèlent déshumanisés, totalement insensibles, aux aspects humains de leurs décisions. Au nom de quelques chiffres, ils sont des mécaniques qui viennent de montrer qu’elles sont capables d’anéantir un peuple sans avoir conscience de leur responsabilité.
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D’où la réaction qui monte : « il faut sortir de l’euro, ou de l’UE » ! Mais pour aller où ? Et c’est là que le bât blesse : les peuples n’ont pas une porte de sortie. Si sortir de l’euro, c’est pour rester soumis à la main invisible du marché, s’il faut toujours se battre, chacun dans ses frontières, contre tous les autres, être toujours plus compétitif parce qu’il faut “l’emporter”, gagner des marchés, gagner de l’argent, etc, on connaît la chanson, c’est celle du totalitarisme, alors on comprend que les fascistes en puissance ne demandent que ça, au contraire de ceux qui refusent de rester soumis à quelque dictature que ce soit !
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Mais ces derniers n’ont pas encore tous réalisé que ce dont il faut sortir, c’est de l’économie de marché.
Il leur reste à se faire à l’idée qu’il faut changer complètement la création et le rôle de la monnaie pour pouvoir construire ensemble une économie solidaire et coopérative, soucieuse essentiellement des vrais besoins des gens et de leur environnement…