Bâtiment et habitation

1er juillet 1935.

Publication : 1er novembre 1935
Mise en ligne : 10 décembre 2006

NOTRE TRAVAIL

Le Groupe Dynamo va publier sous peu le résultat de ses premiers travaux. Le volume qui sera, intitulé :

Pauvre Français...
Introduction à un recensement des richesses de la France

a été écrit en se basant sur les rapports techniques établis par une douzaine de commissions spécialisées : Forces Motrices, Mines et Combustibles, Agriculture, Bâtiment, Textiles, etc., dont les travaux complétés paraîtront ultérieurement en brochures.

Nous donnons, ci-dessous, quelques extraits du remarquable rapport fourni à la Commission d’urbanisme de Dynamo, par un de nos camarades.

Statistique. - Le nombre des personnes employées dans l’industrie du bâtiment pour toute la France était :

en 1906 950.597 personnes
en 1921 995.986 personnes
en 1926 1.085.825 personnes

Pour Paris et le département de la Seine seulement, les nombres étaient les suivants :

Paris Banlieue Total
en 1911 96.879 54.425 151.304
en 1921 93.248 47.151 140.399
en 1926 105.446 62.779 168.225

Les entreprises de maçonnerie résidant dans Paris et le département de la Seine sont au nombre de 660.

Elles occupent environ 72.600 personnes réparties très inégalement. 430 entreprises emploient de 5 à 100 personnes, à peu près le tiers de l’effectif et les 230 autres entreprises emploient les deux autres tiers de l’effectif. De cet éparpillement des efforts il résulte un gaspillage de main-d’œuvre qui devrait être évité. Une organisation différente groupant le personnel en un petit nombre d’entreprises importantes permettrait de produire beaucoup plus en moins de temps avec moins d’efforts.

Nombre de logements pour Paris :

Habitants lmmeubles Logements
en 1911 2.888.112 80.639 996.597
en 1926 2.871.429 86.048 992.462

Le nombre des logements insalubres est considérable.

C’est une situation déplorable à laquelle on peut remédier facilement ; la quantité dé personnel et l’outillage actuels le permettent ; la santé générale et la durée moyenne de l’existence en dépendent directement.

42 % des familles parisiennes sont logées dans des conditions d’hygiène insuffisantes. 186.000 personnes occupent des immeubles déclarés officiellement insalubres. La mortalité par tuberculose y atteint 25 pour mille. Dans les hôtels meublés cette mortalité monte à 40 pour mille.

310.000 personnes occupent des logements composés d’une seule pièce, presque toujours dépourvue d’eau courante et servant tout à la fois de cuisine, de toilette, de salle à manger et de chambre à coucher pour plusieurs personnes, parents, et enfants. Depuis quelques années on a déterminé la limite de 17 îlots d’immeubles qu’on a déclaré insalubres. Leur démolition est restée à l’état de projet.

Le Conseil municipal a décidé d’emprunter 300 millions en vue de l’aménagement de ces îlots insalubres. Non seulement cette somme est absolument, insuffisante ; mais à cause des, difficultés financières présentes, l’emprunt n’a pas été réalisé et les travaux, dit-on ne pourront pas commencer avant 2 ans 1/2 ou 3 ans.

Pendant ce temps, les habitants de ces îlots continuent à s’étioler et.à mourir. La banlieue n’est pas plus favorisée que Paris.

A Aubervilliers 58 % des familles sont logées dans des conditions insuffisantes ; à Saint-Ouen 58. % ; à Issy-les-Moulineaux 51 % et ainsi de suite pour les autres localités. En résumé on peut évaluer à 1.500.000 le nombre des habitants de Paris, et du département de la Seine qui sont mal logés avec la certitude d’être au-dessous de la vérité.

C’est tout à la fois la honte de la ville dite « Ville Lumière » et la honte de l’époque de l’abondance qui a la possibilité de donner à chacun l’habitation saine indispensable, et qui ne le fait pas.

De la part de ceux qui détiennent toutes les richesses et font tout pour entraver le progrès, c’est une maladresse insigne puisque les malheureux entassés dans les taudis sont pour eux une source de contagion des maladies transmissibles, entretenues et développées dans ces infectes habitations.

D’autre part les loyers sont beaucoup trop élevés. Un propriétaire qui construit au moyen d’un emprunt ordinaire est obligé de fixer les loyers de ses immeubles aux environs de 15 % du capital engagé, qui comprend des frais considérables et dont l’an,nuité d’amortissement est beaucoup trop élevée.

Les loyers des logements ayant tous les mêmes dépendances : cuisine, entrée, W.C., débarras, dans les immeubles neufs, sont fixés aux environs des prix suivants :

Pour une pièce habitable et dépendances : 2.800 francs par an. Pour 2 pièces habitables et dépendances : 4.000 francs par an. Pour 3 pièces habitables et dépendances 5.200 francs par an.

La Ville de Paris au moyen des emprunts qu’elle a prévus au taux de 5,75 % dont l’amortissement en 50 ans est de 6,12 % par an, pourra louer ces mêmes locaux : une pièce : 1.810 francs ; deux ; pièces : 2.480 francs ; trois pièces : 3.340 francs.

(À suivre.)