Le « pouvoir d’achat » et le système des « prix-salaires-profits »


Publication : octobre 1978
Mise en ligne : 14 octobre 2006

Une équipe convaincue s’est regroupée autour de Jacques Duboin, pour relancer la propagande interrompue pendant la guerre (au cours de l’occupation, certains de ses ouvrages avaient été saisis par les Allemands). Des hommes et des femmes renommés et compétents prêtent leur concours. Le journal est devenu hebdomadaire et apporte régulièrement l’analyse critique de l’actualité, étudiée « au fil des jours » :

DANS notre système actuel des salaires-prix profits, un seul palliatif : du moment que le pouvoir d’achat distribué par la production, sous forme de salaires et de profits, ne permet plus aux consommateurs d’acheter tous les produits, on s’efforce de provoquer quelque production exceptionnelle qui répondra aux conditions suivantes : distribuer, comme les autres, des salaires et des profits, mais n’apporter aucune marchandise à vendre sur les marchés déjà sursaturés. On grossira ainsi le pouvoir général d’achat des consommateurs, sans augmenter la masse des biens de consommation à vendre. En supprimant par ce procédé la mévente dont on se plaint, cette injection de pouvoir d’achat fera remonter les prix, ce qui permettra aux producteurs de retrouver-leurs profits.

(« La Grande Relève » du 7 avril 1956)

Nos lecteurs ne doivent pas s’étonner du cours que prennent les événements. Ne répétons-nous pas indéfiniment que les conséquences inexorables des progrès techniques dans le système des prix- salaires-profits, sont aujourd’hui la chute du pouvoir d’achat de la grande masse des consommateurs ? Les profits baissent aussi pour les mêmes raisons. Or, c’est pour maintenir la marge bénéficiaire d’autrefois, que les agriculteurs réclament le soutien des prix, et barrent les routes si « l’assainissement des marchés » ne leur paraît pas encore suffisant. C’est pour maintenir leur marge bénéficiaire d’autrefois que les boulangers se sont mis en grève. De plus en plus, les conflits sociaux auront un caractère de violence. Chacun défend son beefsteack, comme dit avec élégance le Français moyen depuis quelques années.

(« La Grande Relève » du 29 septembre 1956)