Un pas en avant, trois en arrière


par  H. du PERTHOIS
Publication : août 2005
Mise en ligne : 1er novembre 2006

L’avez-vous remarqué ? Un peu partout sur cette planète, ce sont les manifestations de rues qui déclenchent les changements de régime. À Belgrade, la population a contraint S. Milosevic à l’exil ; en Géorgie, l’ancien ministre des Affaires étrangères de l’URSS, Édouard Chevernadze, fut contraint à plier bagage. Même sort pour le candidat soutenu par la Russie en Ukraine, puis pour le fils qui s’était proclamé successeur de son père après le décès de ce dernier, au Togo. Au Liban, une majorité de citoyens d’opinions diverses, se lève à l’ombre du cèdre, symbole national, pour exiger le départ des troupes syriennes.

En France, les manifestations de rues, de plus en plus drues et compactes, se sont succèdé, mais révèlant surtout des mécontentements sectoriels et ne débouchant sur aucun changement global de société. On nous énonce des “réformes” qui, dans la réalité, relèvent de démarches ultra-réactionnaires, qui visent à remettre en cause les acquis sociaux obtenus depuis la Libération et même depuis le Front populaire. Le pouvoir en place procède par étapes, fait un pas en avant puis recule de trois pas en arrière. À la manière des écrevisses. Jusqu’à quand ?

SÉCURITÉ SOCIALE : LE GROS MENSONGE

Considérons un exemple entre cent : le prétendu gouffre financier de la Sécurité Sociale, que l’on ne cesse de dénoncer en haut lieu.

Si l’on en croit un lecteur du grand quotidien régional L’Union, en date du 14 mars 2005, s’appuyant sur le rapport des comptes de la Sécurité Sociale pour 2003, les sommes qui lui seraient dues et qui n’ont pas été reversées par l’État s’élèvent à :

 7,8 milliards au titres des taxes sur le tabac ;
 3,5 milliards au titre des taxes sur les alcools ;
 1,6 milliard dus par les assurances auto pour les accidentés de la route ;
 1,2 milliard de taxes sur les industries polluantes ;
 2,0 milliards de TVA ;
 2,2 milliards de retard de paiement pour les contrats aidés ;
 1,9 milliard de retard de paiement par les entreprises, etc.

Soit au total : 20,1 milliards d’euros.

On a inventé la CSG, le RDS, soi-disant pour combler le “gouffre” de la Sécurité sociale. Mais, pour le gouvernement, il convient de mettre en évidence que la “Sécu” n’est pas rentable et que notre organisme paritaire national doit céder la place à des Caisses d’assurances privées !