Au fil des jours


par  J.-P. MON
Publication : octobre 1977
Mise en ligne : 21 mars 2008

Devant la montée continue du chômage (5,8 millions de chômeurs dans la Communauté Economique Européenne, soit 500 000 de plus qu’au début de l’été) et constatant que les remèdes classiques de stabilisation et de relance sont inefficaces, les experts des Neuf pays membres, de la Communauté sont en plein désarroi :
- les uns affirment que la solution du problème de l’emploi ne pourra être trouvée que grâce à une croissance soutenue ;
- les autres pensent que l’obsession du développement industriel est injustifiée du point de vue de l’emploi car la plupart des entreprises disposent encore d’une importante marge de productivité et qu’en fait le secteur industriel est un secteur où l’emploi plafonne...
Moyennant quoi, suivant on ne sait quelle logique, les uns et les autres se montrent hostiles aux mesures de réduction hebdomadaire ou annuelle de la durée du travail, à l’avancement de l’âge de la retraite, à l’allongement de la scolarité obligatoire, mesures qui, selon eux, sont coûteuses, généralisables rapidement et qui entament définitivement le potentiel de production... Comprenne qui pourra.
Et cependant un point fait l’accord unanime des experts, c’est que le chômage durera et s’aggravera encore.
Parmi les sans emploi, la part des jeunes de moins de 25 ans ne cesse d’augmenter. Elle dépasse en moyenne 40 %. Lors du dernier colloque organisé par le Conseil de l’Europe sur le thème «  Les jeunes et l’emploi », quelques chiffres particulièrement éloquents ont été avancés : au cours des dix dernières années (c’est donc bien avant le début de la « crise du pétrole » qu’on se plaît à accuser de tous nos maux) le nombre de jeunes au chômage a été multiplié par 9 en France, par 6 en R.F.A., par 5 en Angleterre, en Belgique et aux Pays-Bas, par un peu moins de 2 en Italie.

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Un signe encourageant cependant. Au cours du présent colloque, un des participants, M. Feldheim, professeur de sociologie à l’Université libre de Bruxelles, a déclaré que « la plupart des dispositions prises actuellement ne sont que des mesures correctrices superficielles. Ce sont des solutions au coup par coup, souvent improvisées, qui ne touchent pas au fond du problème qui est de trouver un nouveau système économique cohérent où l’emploi et la technologie se marient harmonieusement  ». Nous lui envoyons tout de suite « La Grande Relève  ».

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Dans la rubrique « Idées » du «  Monde » des 20 et 21 septembre 1977, le Pr. Friedmann constate que « le temps disponible pour les loisirs n’a cessé de croître depuis le début des révolutions industrielles  » mais que « ce temps libéré n’est pas le temps libre, durée préservée des multiples contraintes extérieures où, dans une société «  meilleure » la personnalité tenterait de s’exprimer et. si elle en a l’étoffe, de s’épanouir »...
Mais alors, nos sociétés, qu’elles soient d’abondance ou de pénurie, la pression des « besoins » et de la publicité enferme l’individu dans le cycle produire-consommer et se manifeste sous des formes variées tout aussi contraignantes  ».
Parlant ensuite de la nécessité de préparer les travailleurs à utiliser leur temps « libéré  », Friedmann souhaite que l’Etat consacre des sommes importantes à l’éducation « véritable » ainsi qu’à la multiplication et à l’équipement des Maisons de la Jeunesse et de la Culture. Il pense qu’alors l’homme pourra se «  désaliéner » dans un travail librement choisi.
Il restera bien sûr des tâches ingrates, sans intérêt, et cela quels que soient les progrès techniques et les structures sociales, mais « on peut raisonnablement prévoir que la durée hebdomadaire de ces tâches sera, en tous cas, de plus en plus réduite et constituera une sorte de service social d’une trentaine d’heures par exemple, réparti sur un maximum d’individus actifs ».
Bien que ne proposant pas de mesures monétaires propres à mettre en place une telle société, on voit que le Pr. Friedmann s’approche à grands pas de nos thèses.

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Le « Plan Acier » du gouvernement prévoit une diminution des capacités de production de 33.7 millions de tonnes à 31,5 millions de tonnes d’ici à 1980. Entre temps, l’Etat aura investi dans l’affaire 7 à 8 milliards de francs. Payer pour produire Moins, c’est une bien étrange politique !
Mais qui donc a dit que le premier Ministre était le meilleur économiste de France ?

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En huit mois (du 1er janvier au 31 août 1977) le déficit commercial des Etats-Unis a atteint le niveau record de 17,6 milliards de dollars (en 1972, pour l’année entière, il n’avait été que de 6,4 milliards).
Quoi d’étonnant donc, si pour favoriser leurs exportations, les Américains font volontairement baisser leur dollar !


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