Diplomatie pour le cardinal
par
Publication : mars 1977
Mise en ligne : 14 octobre 2006
Je n’oublie pas un seul instant ce que je dois à Jacques Duboin. Je lui ai écrit un jour une lettre dans laquelle figuraient ces mots : « Mon père m’a donné le jour ; Jacques Duboin m’a donné la lumière »...
Je vais vous rappeler un fait amusant - que certains d’entre vous n’ont sans doute pas oublié.
Jacques Duboin m’a raconté un jour (vers 1955 ou 1956) qu’il avait obtenu une audience auprès du Cardinal Feltin. C’était à Paris. Il avait à ses côtés l’excellent et dévoué Henri Cèdre. A la fin d’un exposé - fait sans doute à la fois par J. Duboin et H. Cèdre - le Cardinal avait observé :
« Tout cela est très intéressant, Messieurs. Mais dans cette hypothèse, que deviennent les gens d’Eglise ?... »
Henri Cèdre a répondu le premier (et je vois encore la mine de Jacques Duboin quand il me narrait la chose !)
« Eminence, vous serez assimilés aux gens de lettres, aux gens de théâtre, aux comédiens... »
Il paraît que cela avait jeté un froid... Mais Duboin est intervenu aussitôt :
Non, non ! Eminence... Rien ne sera changé pour vous... sauf la quête ! Vous n’en aurez plus besoin ! »
Soulagement du Cardinal qui déclara aussitôt :
« Ça, c’est intéressant ».
Et Duboin ajouta ces derniers mots, en terminant son histoire :
« C’est la preuve que la quête ne doit pas toujours être florissante. »