Les cochons américains
En 1933, les prix du porc étant tombés
très bas, il fut décidé aux Etats-Unis la destruction
de 6 millions 188 717 jeunes cochons, dont la viande fut distribuée
en secours aux chômeurs.
En 1934, continuant la même politique, on distribuait 250 millions
de dollars aux agriculteurs qui consentaient à réduire
de 25% leur production de cochons et de 15% celle de blé ; le
financement de l’opération était assuré par une
taxe que payait le consommateur, de 2 cents 25 sur la livre de porc
et de 5 cents sur le boisseau de blé.
Mais la sécheresse en 1934, le mauvais temps en 1935 ont réduit
les récoltes et les troupeaux. Le résultat est qu’en août
1935, la viande de porc est revenue aux prix de 1929, c’est-à-dire,
dans les circonstances actuelles, à un prix prohibitif pour les
bourses moyennes.
Alors on vient de décider qu’on ne paierait plus les agriculteurs
que pour une réduction de 5% des surfaces ensemencées
en blé et qu’on les paierait aussi pour les cochons, à
condition qu’ils en produisent le plus possible avec le blé qu’ils
récolteraient.`Comme les taxes subsistent, les consommateurs
américains paieront donc en 1935 et en 1936, 300 millions de
dollars sur le blé et les cochons, pour réduire une production
qu’on supplie maintenant les agriculteurs d’augmenter.
Et les United States News du 19 août 1935, qui nous racontent
cette savoureuse histoire, ajoutent que les âmes des 6 188 717
petits cochons sacrifiés empêchent le « Brain Trust »
de dormir.
Ed. CHARPENTIER
***
Nous lisons d’autre part, dans le Coopérateur
de France (18/8/35) qu’un magazine américain publie les chiffres
suivants :
« En 1934, 2 400 000 individus sont morts d’inanition ; 1 200 000
se sont donnés la mort pour des motifs directement déterminés
par le manque de nourriture.
« D’autre part, la crise économique et la baisse des prix
ont provoqué la destruction d’un million de quintaux de blé,
de 267 000 wagons de café, 258 millions de kilos de riz et 25
millions de kilos de viande. »
Nous bornons là pour aujourd’hui nos citations que commente
notre rédacteur en chef en première page et nous suivrons
comme il convient dans l’avenir l’organisation du Pacte de famine.