Au fil des jours

Chronique
par  J.-P. MON
Publication : décembre 2017
Mise en ligne : 16 mars 2018

 Où en est la lutte contre la corruption :

La progression en matière d’intégrité publique s’essouffle. Selon le journaliste Gian-Paolo Accardo de Vox Europ, les libertés de la presse et du commerce, deux éléments clés de la maîtrise de la corruption, régressent dans la plupart des pays européens, comme le prouve le dernier rapport sur l’Indice de l’intégrité publique (IPI), qui a été publié le 9 décembre, journée internationale de lutte contre la corruption, par le Centre de Recherche Européen pour la lutte contre la corruption et le renforcement de l’État (ERCAS). Cet indice IPI utilise les données publiquement disponibles dans six domaines que les chercheurs Victoria Dykes et Ramin Dadasov de l’ERCAS ont identifiés pour mesurer la corruption, à savoir : l’indépendance de la justice, le fardeau administratif, l’ouverture du commerce, la transparence du budget, l’e-citoyenneté et la liberté de la presse. Ils sont déterminants pour la capacité de la société à maîtriser la corruption et ils peuvent également avoir un caractère dissuasif. Les chercheurs utilisent une définition plus large de la corruption, qui comporte notamment l’attribution de contrats publics ou de fonds à des amis politiques… L’indice, de même que les sous-indices, va de 1 (pire score possible) à 10 (le meilleur score possible). Un seul pays, Chypre, est exclu de l’étude IPI parce qu’il refuse la transparence de son budget.

D’après la professeure Mungiu-Pippidi, « 2017 a été une année mitigée pour la lutte contre la corruption. D’un côté, la France s’est affranchie de l’hypocrisie si souvent présente dans les pays développés ces dernières années en s’attaquant aux conflits d’intérêts au sein de l’élite politique. La demande de bonne gouvernance a augmenté dans de nombreux pays à travers le monde mais les autorités et l’opinion publique ont fermé les yeux dans les pays où la corruption a été mise au grand jour. Pas de foules dans les rues pour dénoncer l’évasion fiscale des élites dans les pays développés suite aux Paradise Papers. Aucune indignation en réaction aux révélations sur le cartel du diesel en Allemagne ».

Les changements positifs les plus importants ont été enregistrés sur le front de la réduction des contraintes administratives (la paperasse) et sur celui de l’e-citoyenneté (accès à Internet et nombre de comptes Facebook, ce qui explique l’essentiel de la demande de bonne gouvernance dans un pays donné). L’indépendance de la justice et la transparence fiscale n’ont pas changé de manière significative, alors que l’Europe recule un peu sur le front de la liberté de la presse et des contraintes commerciales (le temps nécessaire pour créer une entreprise et payer les impôts commerciaux), deux composantes essentielles. Les progrès dans certains pays (la Macédoine par exemple) ne sont pas suffisants pour compenser les pertes en termes de liberté ces deux dernières années et qui affecte presque tous les pays européens, notamment la France.

 Le mythe de la protection des emplois

Dans les années qui ont suivi la crise de 2008, 229 réformes sur la “protection” de l’emploi ont été imposées aux États membres de l’Union européenne. Toutes étaient caractérisées par des mesures (très fortes dans certains États) conduisant à une diminution de la protection de l’emploi. Le principal argument avancé pour leur mise en œuvre était que « rendre les licenciements plus faciles encouragerait les employeurs à embaucher des travailleurs en contrats à durée indéterminée, ce qui réduirait par là même le chômage et la segmentation du marché du travail » [1].

Il n’y a pourtant aucune raison logique pour qu’il en soit ainsi. Bien au contraire, une moindre protection pourrait tout simplement conduire à plus de licenciements et à des conditions de travail moins garanties décourageant la formation et l’acquisition de compétences.

Déterminer quel effet est prépondérant demeure un sujet de recherches expérimentales à développer !

L’OCDE, un protagoniste de premier plan de la dérégulation de ces dernières années, a largement reconnu que les réformes augmentant la flexibilité et réduisant la protection des salariés pouvaient à long terme « n’avoir au pire aucun impact ou un faible effet limité sur les niveaux d’embauche » [2] . Elle cherche cependant encore quelques exemples qui pourraient confirmer son hypothèse de départ. Faute de mieux, elle souligne le cas de l’Estonie comme étant un exemple où la facilité des licenciements a conduit à un taux de chômage plus faible que ce qu’il aurait été.

Mais cette étude ne prend pas en compte la structure économique du pays, les effets des fonds européens, ou l’accroissement de l’immigration…

Etudier les effets de la dérégulation de l’emploi demande une analyse détaillée des conditions particulières d’un grand nombre de pays, en prenant en compte autant que possible d’autres facteurs ayant un effet significatif sur l’emploi. C’est ce qui est fait pour neuf États membres de l’UE dans l’ouvrage Mythes de la dérégulation de l’emploi qui montre que la dérégulation n’a aucun effet significatif sur les créations d’emplois mais qu’au contraire elle provoque un accroissement du nombre de travailleurs précaires.


[1Agnieszka Piasna and Martin Myant, Les mythes de la dérégulation des emplois : comment elle ne crée ni emploi ni réduction de la segmentation du marché de l’emploi, ETUI éd.

[2OCDE, Perspectives de l’emploi, 2016.


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