Choses et autres


Publication : 27 juillet 1939
Mise en ligne : 23 avril 2006

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Nous vivons vraiment des temps difficiles - comme dit l’autre. Figurez-vous que l’Office du blé a encore 18 millions de quintaux de blé sur les bras ! C’est l’excédent de la dernière récolte.

Au même moment, on déplore que la campagne se dépeuple et que l’agriculture manque de bras. Mais si l’agriculture avait quelques bras de plus, l’Office du blé croulerait sous le poids de nouveaux excédents. Et il y a encore des aveugles pour nier l’abondance.

 

Evidemment l’abondance n’existe pas : c’est la surproduction ; ce sont

des excédents de récoltes, bref c’est tout ce que vous voudrez, sauf de l’abondance. Interrogez là-dessus MM. Belin, joseph Caillaux, Coutrot, Rist, Quenille, etc., etc...

 

En attendant, que va-t-on faire de ces 18 millions de quintaux d’excellent froment ? Les Anglais veulent bien les payer 55 francs, mais pas un sou de plus.

Comme l’Office du blé a acheté chaque quintal de blé excédentaire au prix de 200 francs, c’est donc un petit cadeau de 145 francs par quintal que nous allons faire aux Anglais, pour les décider à manger du pain tait avec notre blé.

Comme nous leur donnons déjà ’J francs par kilo de beurre pour : qu’ils achètent le nôtre pour mettre sur notre pain.

Qu’en pensent MM. Coutrot, Gailtaux. Queuille, Rist, Belin et autres économistes orthodoxes qui nient l’abondance ?

En somme, ils ne paraissent comprendre l’abondance que pour les armements. Tout le reste ce sont des excédents à résorber... comme les chômeurs sont des excédents de travailleurs...,

 

Bref, nous nous ruinons au profit de nos alliés, les Anglais. Une prospérité folle doit donc régner en Angleterre, n’est-il pas vrai ?

Ce n’est toujours pas l’avis du doyen de la cathédrale de Canterbury qui, lui aussi, fulmine contre ceux qui maintiennent la misère dans l’abondance.

 

A cet égard, le doyen de la cathé drale de Canterbury est plus courageux que Son Eminence le cardinal Verdier, car il n’hésite pas à dénoncer que des millions de jeunes Anglais sont sous- alimentés. Lisez sa brochure Act now (« Agissez tout de suite... ») qu’il vient de faire paraître à Londres, et vous serez édifiés sur la révolution qui couve en Angleterre.

 

Nous avons, chez nous aussi, des centaines de milliers d’enfants qui vivent dans des taudis. M. Herriot aurait peut-être pu s’en souvenir alors que, sous prétexte de célébrer la Révolution de 89, on avait habillé les enfants des écoles en bleu, blanc et rouge, pour faire un immense drapeau tricolore sur la place de l’Hôtel-de-Ville, pendant que M. Herriot glorifiait les grands ancêtres du haut du balcon de la maison commune.

Quand M. Herriot, président de la Chambre embaumée, voudra-t-il bien se pencher sur le problème de l’estomac ? Il n’en est pas de plus respectable et le cri de la misère est de beaucoup le plus perçant. Or, des milliers d’enfants de la Ville de Paris ne mangent pas à leur faim, alors que le prix du pain augmente et qu’on prétend ne pas savoir que faire des 18 millions de quintaux de blé excédentaires que l’Office du blé a sur les bras.

C’est un problème moins noble en apparence, moins digne de figurer sur les bannières, mais qui n’en est pas moins sacré.

Et on pourrait peut-être l’étudier au lieu de nous hypnotiser sur les exploits des grands ancêtres.

Car les qrands ancêtres firent leur devoir en 1789, alors que nous ne faisons pas le nôtre en 1939.

 

Voilà notre grande presse qui verse des pleurs sur les orages qui anéantissent des récoltes et font des millions de dégâts. C’est cependant autant que nous n’aurons pas à détruire, ô étourneaux de la grande presse. De quoi vous plaignez-vous si le bon Dieu procède lui-même à l’assainissement des marchés ?

 

M. François de Champeaux est un député qui est allé récemment découvrir l’Amérique. Comme il se targue d’être, par-dessus le marché, un jeune économiste distingué, il a confié ses observations au journal de son beau-papa. Voici ses conclusions : II n’en reste pas moins vrai que si la paix s’affermissait dans l’univers, si le gouvernement donnait tant soit peu de confiance au monde du négoce et des entreprises, l’immense mécanisme de précision de la prospérité américaine démarrerait à nouveau pour longtemps. »

C’est tout simplement effarant. Notre homme a déjà oublié que l’immense mécanisme de la prospérité américaine s’est arrêté définitivement il y a dix ans ; que c’est poux cela qu’on a appelé Roosevelt ; que malgré tous les milliards que cet homme a dépensés, malgré les folles destructions de récoltes, etc., les 11 millions de chômeurs sont toujours là. M. de Champeaux n’a rien vu de tout cela, ou a déjà oublié l’histoire de ces dernières années. Le pauvre croit encore à la crise cyclique et s’imagine crue l’économie américaine va démarrer...

Pour cela, il suffirait que la paix voulût bien s’affermir dans le monde  !...

Mais la paix ne peut s’affermir dans le monde, que si l’économie pouvait démarrer.

Si notre excellente tante...

 

Que pensez-vous du Tour de France ? Un admirable exemple de l’exploitation de l’homme par l’homme. Car on suppose bien que vous ne prenez pas ça pour du sport !

 

A bas le fascisme t crient les intellectuels antifascistes. Mais faute d’avoir réclamé les réformes de structure capables d’éviter le fascisme, on y glisse tout naturellement...


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