Article I-1.2 : LUnion est ouverte à tous les États européens qui respectent ses valeurs et qui sengagent à les promouvoir en commun.
Aucune définition de lEurope nest donnée, ce qui est regrettable. La Biélorussie et lUkraine sont en Europe, mais quid de la Russie à lest de lOural ? Si la Turquie nest pas en Europe, Chypre non plus.
Article I-3.2 : LUnion offre à ses citoyennes et à ses citoyens un espace de liberté, de sécurité et de justice sans frontière intérieure, et un marché intérieur où la concurrence est libre et non faussée.
Pris au mot, cet article interdit toute intervention et toute règlementation entrainant des distorsions de concurrence, comme des prêts à taux bonifiés en faveur de certaines personnes, des tarifs nationalement unifiés en dépit de coûts de service différents, des subventions aux établissements dintérêt général opérant dans des zones défavorisées, etc.
Ce passage est incompatible avec lénoncé quelques lignes plus loin de ce que LUnion promeut : la cohésion économique, sociale et territoriale, et la solidarité entre les États membres.
Cet article est également incompatible avec les considérables distorsions de concurrence résultant de la totale absence dhomogénéisation fiscale et sociale.
Article I-4.1 : La libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux, ainsi que celle détablissement sont garantis par lUnion et à lintérieur de celle-ci, conformément à la Constitution.
Pris au mot, cet article sécurise les paradis fiscaux sis dans tout pays de lUnion et ses dépendances (Andorre, Gibraltar, Iles anglo-normandes, Ile de Man, Monaco, etc).
Article I-12.2 a) : Les citoyens de lUnion ont le droit de circuler et de séjourner librement sur le territoire des États membres.
Les interdictions juridiques de séjour sont donc illégales.
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INSTITUTIONS ET ORGANES DE LUNION
Articles I-20.2 et I-20.3 : Les membres du Parlement européen sont élus au suffrage universel direct... leur nombre ne dépasse par 750... avec un seuil minimum de 6 membres par État membre.
La représentation des États nest pas fonction de leur population et un État peut adopter le système délection de certains États américains où le mouvement majoritaire a tous les élus. On peut difficilement faire moins démocratique.
Articles I-26.5 et I-26.6 : La première Commission nommée en application de la Constitution est composée dun ressortissant de chaque État membre, y compris son président et le ministre des affaires étrangères de lUnion qui en est lun des vice-présidents Les membres de la Commission sont sélectionnés parmi les ressortissants des États membres selon un système de rotation égale entre les États membres
La Commission étant nommée pour 5 ans, de grands États membres, dont la France, nauront périodiquement aucun commissaire avec droit de vote pendant 5 ans. Il nest pas dit si le président et le ministre des affaires étrangères doivent être dune nationalité différente de celle des commissaires. Avec un tirage au sort défavorable, les grands pays de lUnion pourraient donc navoir aucun représentant au sein de la Commission.
Article I-30.2 : Lobjectif principal du Système européen de banques centrales est de maintenir la stabilité des prix.
Aucun objectif social nest envisagé, ni envisageable. La Banque centrale européenne se situe au dessus des États, de lUnion, et de leurs Parlements. Ceci paraît dautant moins acceptable que les États-Unis, tout en affirmant le contraire, dévaluent leur dollar et, de ce fait, le yuan. Combien de temps les producteurs de lUnion pourrontils survivre dans un tel contexte ?
Article I-40.1 : LUnion européenne conduit une politique étrangère et de sécurité commune fondée sur un développement de la solidarité mutuelle des États membres...
Rien nest dit ici concernant lappartenance
à lOTAN, autorité supérieure à lUnion
et dirigée
par un pays extérieur à lUnion !
La principale menace pesant sur lUnion et sur le reste du monde,
pour des siècles, est la dérive climatique, qui ne peut
être contrée que par une action internationale presque
sans limite dans le temps, qui devrait être la priorité
absolue de la politique étrangère de lUnion.
Articles I-40.6 à I-40.8 : Le Parlement européen est consulté régulièrement sur les principaux aspects et les choix fondamentaux de la politique étrangère et de sécurité commune, et est tenu informé de son évolution.
Le Parlement nest que consulté. En clair, les décisions sont prises en toute indépendance du Parlement par la Commission, le Conseil européen et le Conseil des ministres.
Article I-41.2 : La politique de sécurité et de défense commune inclut la définition progressive dune politique de défense commune de lUnion. Elle conduira à une défense commune dès lors que le Conseil européen, statuant à lunanimité, en aura décidé ainsi. La politique de lUnion respecte les obligations découlant du Traité de lAtlantique Nord...
En clair, lUnion naura pas de politique de sécurité et de défense commune, les décisions seront prises aux États-Unis, et transmises à lUnion via lOTAN, pour exécution.
Article I-44.1 : Les États qui souhaitent instaurer entre eux une coopération renforcée doivent y être autorisées par le Conseil des Ministres... et réunir au moins un tiers des États membres. Les actes adoptés dans ce cadre ne lient que les États participants.
Des coopérations renforcées, exigeant la participation dau moins neuf états, devront ainsi rester exceptionnelles.
Article I-46.1 : Le fonctionnement de lUnion est basé sur le principe de la démocratie représentative.
Mais rien nest prévu pour imposer une telle démocratie lors des élections, tant communautaires que nationales.
Article I-53.2 : Le budget doit être équilibré en recettes et dépenses.
Aucun des États membres ne se conforme à une telle pratique qui interdit de faire des dépenses essentielles maintenant pour en tirer des bénéfices demain. LUnion est ainsi émasculée.
Article I-54.1 : LUnion se dote des moyens nécessaires pour atteindre ses objectifs et pour mener à bien ses politiques.
Un vu pieux, eu égard aux termes de larticle I-53.2.
Article I-58.2 : Tout État européen qui souhaite devenir membre de lUnion adresse sa demande au Conseil des ministres. Le Conseil des ministres statue à lunanimité après avoir consulté la Commission et après approbation du Parlement européen.
Le risque dune admission imposée par certains est donc nul, et la présente controverse concernant la Turquie sans aucune justification. Lacceptation au sein de lUnion de la Bulgarie et de la Roumanie devient ainsi très incertaine, et celle des autres États dEurope centrale plus encore.
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II. LA CHARTE DES DROITS FONDAMENTAUX DE LUNION
Article II-67 : Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de ses communications.
Les écoutes téléphoniques, même autorisées par un magistrat, sont illégales.
Article II-70.1 : Toute personne à droit ... de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, lenseignement, les pratiques et laccomplissement des rites.
La loi sur le voile devient inconstitutionnelle.
Article II-74.2 : Le droit à léducation comporte la faculté de suivre gratuitement lenseignement obligatoire.
Y compris dans le cas où cet enseignement obligatoire est assuré par une institution privée qui devra ainsi, de jure, être subventionnée par lÉtat.
Article II-96 : LUnion reconnaît et respecte laccès aux services dintérêt économique général afin de promouvoir la cohérence sociale et territoriale de lUnion.
En oubliant de préciser quune telle position est incompatible avec lAccord général sur le commerce des services (AGCS) de lOrganisation mondiale du Commerce, qui prévaudra, sauf décision formelle inscrite dans la Constitution, protégée par la règle de lunanimité, ce qui nest pas le cas.
Article II-97 : Un niveau élevé de protection de lenvironnement et lamélioration de sa qualité doivent être intégrés dans les politiques de lUnion et assurés conformément au principe du développement durable.
Rien nétant dit sur la nécessité de réduire les émissions excessives de gaz à effet de serre dune façon internationalement équitable, et de sanctionner fiscalement les abus, cet article relève de la plus grande hypocrisie.
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III. LES POLITIQUES ET LE FONCTIONNEMENT DE LUNION
Article III.122 et Article III.136 : Clauses dapplication générale et transports
Lexistence de Services dintérêt général est reconnue, mais nest pas protégée dune décision contraire ultérieure par une exigence dunanimité. Donc rien de garanti à long terme, ce qui correspond bien aux déman- tèlements en cours. À terme, tous les services dintérêt général disparaîtront, enseignement compris. Tu nas droit à rien remplacera Liberté, Égalité, Fraternité.
Articles III.132 et III-170 : Marché intérieur - Dispositions fiscales
Dans le cas de décisions nationales faussant la libre concurrence, le Conseil des ministres peut réagir par une décision unanime, dont celle du coupable... ou par une décision à la majorité qualifiée sil sagit dune fraude manifeste, ce qui ne permet aucune harmonisation fiscale ou sociale. Or, sans harmonisation fiscale concernant lénergie, lagriculture et les transports, aucune lutte crédible contre les émissions excessives de gaz à effet de serre nest possible.
Article III-177 : Politique économique et monétaire -
Le respect du principe dune économie de marché ouverte où la concurrence est libre paraît incompatible avec lobjectif de stabilisation du climat : celle-ci implique la pénalisation des émissions de gaz à effet de serre, et de lutilisation de leurs précurseurs, or un État qui refusera dagir ainsi bénéficiera dun avantage concurrentiel sur les autres États.
Articles III-194 à 197 : Dispositions institutionnelles et transitoires
Une distinction est faite entre les États de lEurogroupe et les États membres ne pouvant encore accéder à la zone euro, les pays de lUnion ne voulant pas faire partie de cette zone paraissant oubliés. À ce jour, sur 25 États, 12 seulement font partie de la zone euro et sont soumis à des contraintes ne sappliquant pas aux autres États. Dans ces conditions, la libre concurrence, une fois de plus, relève de la farce.
Articles III-203 à 219 : Emploi et politique sociale
La politique de lemploi et la politique sociale, en dépit de bonnes intentions exprimées, exclut toute harmonisation législative ou réglementaire, sauf décision à lunanimité, donc jamais.
Articles III-225 à 232 : Agriculture et pêche
La Politique Agricole Commune a pour but daccroître la productivité, sans tenir compte du fait que lagriculture est le principal émetteur de gaz à effet de serre de lUnion, et de ce quune grande partie des produits agricoles sont vendus à perte sur le marché mondial, contribuant ainsi à ruiner les paysans des pays du tiersmonde.
Article III-233 : Environnement
La politique de lUnion dans le domaine de lenvironnement
contribue à la poursuite des objectifs suivants :
d) la promotion, sur le plan international. de mesures destinées
à faire face aux problèmes régionaux ou planétaires
de lenvironnement.
Cet alinéa pourrait concerner leffet de serre, bien que ce ne soit pas dit clairement. Si cest le cas, lUnion paraît avoir lintention dattendre des décisions internationales avant denvisager dagir au niveau européen alors que, collectivement, les pays de lUnion constituent le plus grand émetteur mondial de gaz à effet de serre et, quindividuellement, ils se situent dans le peloton de tête des plus grands émetteurs mondiaux par habitant. Alors que la dérive climatique constitue la plus grande menace planant sur lhumanité, le projet de Constitution de lUnion nenvisage aucune action concrète, régionale et dentrainement international.
Article III- 292 : Laction extérieure
de lUnion Dispositions générales
En matière daction internationale de lUnion, le Conseil
européen statue à lunanimité.
Peu de décisions concrètes sont donc à attendre.
Articles III-296.2. : La politique étrangère
et de sécurité commune
Pour les matières relevant de la politique étrangère
et de sécurité commune, IUnion est représentée
par le Ministre des Affaires étrangères de lUnion.
Il conduit au nom de lUnion le dialogue politique et exprime la
position de lUnion dans les organisations internationales et au
sein des conférences internationales.
La France peut ainsi faire des économies, en supprimant sa représentation auprès des Nation-Unies et de leurs agences, et en fermant la majorité de ses ambassades
Article III-305 : Lorsque lUnion a défini une position sur lordre du jour du Conseil de Sécurité des Nations Unies, les états membres qui y siègent demandent que le Ministre des Affaires étrangères de lUnion soit invité à présenter la position de lUnion.
Sans commentaire !
Bien des pages pourraient être consacrées à la discussion, ligne par ligne, du projet mais ce qui précède met en valeur assez déléments significatifs, tant du point de vue français, quUnioniste et mondial. En bref :
Le projet constitutionnel est-il démocratique
? Non.
Pourrait-il être amélioré sans une improbable décision
prise à lunanimité ? Non.
Le projet constitutionnel a-t-il un
objectif social ? Non.
Pourrait-il être amélioré sans une improbable décision
à lunanimité ? Non.
Le projet constitutionnel offre t-il
une perspective de stabilisation, à terme, du climat de la Terre
? Non.
Pourrait-il être amélioré sans une décision
unanime sur les régimes fiscaux ? Non.
Le projet constitutionnel est-il acceptable dans lintérêt des résidents français, des résidents des autres États de lUnion, et des autres habitants de la Terre ? Non.
PETITE BIBLIOGRAPHIE sur le changement climatique :
Lévaluation de lampleur des changements climatiques, de leurs causes et de leur impact prévisible sur la géographie de la France à lhorizon 2025, 2050 et 2100, (rapport de lOffice parlementaire dévaluation des choix scientifiques et technologiques), par M. Deneux, 2002.
Leffet de serre. Allons nous changer le climat ?, par Le Treut et Jancovici, 2001.
Lavenir climatique. Quel temps ferons nous ?, par Jancovici, 2003.