Une coopérative internationale
par
Publication : juillet 1981
Mise en ligne : 14 novembre 2008
L ’OPINION courante semble s’être résignée, comme
à une fatalité, à la concurrence internationale,
alors qu’elle est la source de tant d’incohérences, de gaspillages
et d’injustices. Et l’on persiste à parler, sans qu’il soit question
d’abolir un principe aussi contraire à tout « ordre »
digne de ce nom, d’un « nouvel ordre économique mondial »...
Pour ma part, je crois possible de concevoir sur les bases suivantes
et sans attendre qu’une transformation profonde ait eu lieu à
l’intérieur des différents Etats, une organisation non
concurrentielle de l’économie mondiale, qui s’inspire des structures
coopératives.
Les nations, groupées en une Communauté, ne pratiquent
plus les échanges bilatéraux : les produits exportés
par elles sont « vendus » à la Communauté,
à qui elles « achètent » ce qu’elles désirent
importer. En dernier ressort, c’est la Communauté qui fixe les
prix. Des conventions spéciales pourraient permettre d’avantager
les pays pauvres.
Il paraît avantageux de recourir, pour ce double mouvement «
vertical » des marchandises, à une monnaie de consommation
mondiale, qui ne peut être utilisée qu’une fois : chaque
Etat reçoit, en échange des produits qu’il a livrés,
des sommes qui lui permettront de régler ses importations. La
monnaie mondiale n’est pas convertible en monnaie nationale. Des organismes
nationaux, contrôlés quand ce sera possible par les consommateurs,
devront assurer la rémunération des producteurs en monnaie
nationale et introduire dans le circuit de distribution, selon des méthodes
qui varieront nécessairement d’un pays à l’autre, les
produits importés.
Cette Communauté Internationale Coopérative a la faculté
de conseiller à ses membres les productions les plus utiles,
en tenant compte des intérêts de toutes les populations,
et en particulier des plus déshéritées. Elle constitue
en quelque sorte l’ébauche d’un pouvoir économique supranational
où les décisions seraient prises dans l’optique des consommateurs.
Très souple, le système peut être appliqué à un nombre variable de nations, et se limiter tout d’abord à un certain nombre de produits. Toute opération concernant les armements doit être exclue.
Il semble que les problèmes de l’économie mondiale, auxquels
le « Résumé de nos thèses » ne consacre
pas une seule ligne, aient été quelque peu négligés
par notre mouvement. Je souhaiterais qu’un projet soit mis à
l’étude, pour être proposé à titre de mesure
transitoire, car il s’agit là de problèmes qui exigent
une solution dans l’immédiat. Et peut-être le plan que
je viens d’esquisser serait-il susceptible de servir de base de discussion.
La publication d’un tel projet ne pourrait de toute évidence,
et même s’il n’avait pour le moment aucune chance d’être
pris en considération par les gouvernements, que favoriser la
diffusion de l’ensemble de notre doctrine.