Bizarre !
par
Publication : février 1981
Mise en ligne : 15 octobre 2008
LORSQUE nos compatriotes ont tendance à rouspéter un
peu trop fort et à se plaindre que tout va de mal en pis, il
est de bonne guerre de leur rétorquer qu’au delà de nos
frontières la situation n’est pas tellement plus réjouissante
; et surtout de leur faire remarquer combien ils ont de la chance d’être
nés au pays des libertés, et de pouvoir exprimer leurs
griefs sans encourir les gros ennuis inhérents aux régimes
totalitaires de tous acabits.
C’est en considération de cette précieuse liberté
d’expression que je me suis permis d’adresser la lettre ouverte ci-après
à l’un de nos sympathiques confrères de la presse parlée :
Monsieur Daniel SAINT HAMOND
Journaliste ORTF
116, avenue du Président Kennedy
75016 PARIS
Paris, le 17 décembre 1980.
Cher Monsieur,
Je ne suis pas un fanatique de l’écoute de FRANCE-INTER sur
lequel sévissent, à mon humble avis, beaucoup trop de
blablateurs entre deux séries de vociférations de soi-disant
chanteurs qui encaissent, paraît-il, des millions en imitant (mal)
les babouins.
Je fais néanmoins une exception pour la revue de presse quotidien.
ne qui nous apporte chaque matin, entre 8 h 30 et 8 h 40 environ, une
physionomie des commentaires journalistiques inspirés par l’actualité.
Cette revue nous est le plus souvent présentée par vous,
et il m’est agréable de constater vos efforts d’impartialité
politique dans l’échantillonnage de vos morceaux choisis.
C’est pourquoi je me permets d’attirer votre attention sur deux points :
1°) Au fil des mois et des années, je suis frappé
par la répétition d’abord lassante, puis décevan
te et irritante, des mêmes clichés et des mêmes ritournelles.
Vous n’y êtes évidemment pour rien, mais vous êtes
mieux placé que quiconque pour apprécier à quel
degré d’inconscience ou de cynisme sont parvenus les experts
économiques qui, depuis des décennies, nous promettent
que demain on rasera gratis mais qu’aujourd’hui il convient d’augmenter
les taxes et de se serrer la ceinture. Je suis convaincu que vous pourriez,
sans même que vos auditeurs s’en aperçoivent, citer des
extraits de journaux de toutes tendances vieux de 20 ou 30 ans... c’est
à peu près toujours la même chanson.
2°) Au fil des mois et des années, j’ai entendu présenter
des articles venus de tous les horizons politiques, de tous les grands
quotidiens nationaux ou régionaux, des hebdomadaires ou des mensuels
spécialisés, des journaux féminins ou écologistes,
etc..., et c’est fort bien ainsi.
Et pourtant, bizarre ! Il existe depuis plus de 40 ans une publication
indépendante de toute appartenance politique et qui n’a jamais
cessé de sortir des sentiers battus en matière économique.
Dénonçant l’absurdité d’un système dans
lequel coexistent l’insatisfaction des besoins vitaux des individus
et le chômage, la faim dans le monde et les destructions volontaires
de denrées. Cette publication fondée par Jacques DUBOIN
propose des solutions constructives basées sur le Revenu Social
et la monnaie de consommation. Que l’on soit ou non d’accord avec ces
réflexions relève évidemment du droit d’appréciation
de tout un chacun. Mais que jamais, je dis bien jamais, les revues de
presse n’aient fait la moindre allusion à la Grande Relève
des Hommes par la Science me paraît absolument extraordinaire
!
Que faut-il en conclure ? Y a-t-il eu des ordres venus de Très
Haut ? Et si oui, serait-ce que nos articles soient considérés
comme dangereusement subversifs ?
Mais peut-être, après tout, n’ai- je pas eu de chance ou
ai-je mal écouté. Peut-être allez-vous me faire
connaître les jours où vous avez bien honnêtement
distillé à vos chers auditeurs quelques bribes de nos
fumeuses utopies, et soyez bien persuadé alors que je m’empresse.
rai de faire publiquement amende honorable auprès de nos lecteurs.
Mais peut-être aussi n’aviez-vous jamais eu connaissance de l’existence
de notre journal et que, cette lacune comblée, vous allez bientôt
nous réserver une heureuse sur. prise ?
C’est dans cet espoir que je vous prie d’agréer, Cher Monsieur,
l’expression de mes meilleurs sentiments.