Le fédéralisme en économie distributive
par
Publication : octobre 1980
Mise en ligne : 25 mars 2008
L’Economie Distributive qui est notre idéal, se proposant d’instaurer
l’Egalité Economique doit, je le pense, se compléter par
une doctrine sociale. Jacques Duboin a esquissé quelques idées
sur le fonctionnement de l’économie distributive dont la structure
sociale serait un état utilitaire. Mais il ne s’est pas étendu
sur l’explication des rouages de cette organisation sociale, laissant
ce soin à l’imagination des adeptes de sa doctrine.
Pourtant il est une « constitution » sociale qui s’adapterait
fort aisément à la Révolution Economique qu’est
l’Economie Distributive. Et cette innovation qui peut nous conduire
à la solution organisationnelle que tant d’hommes cherchent et
ne trouvent pas, tant est fortement ancrée dans leur cerveau
la croyance qu’un gouvernement est indispensable, c’est le Fédéralisme.
L’Etat que tout le monde connait, puisqu’il en subit les méfaits
(sauf ceux qui en profitent) - qu’il soit libéral, totalitaire
ou « socialiste » - est par essence centralisateur, contraignant,
autoritaire ; alors que le Fédéralisme est exactement
son contraire, donc libertaire. L’Etat a la prétention, de gouverner
les hommes - par la nécessité de sauvegarder des profits
- de les soumettre à sa volonté , alors que le Fédéralisme
donne la liberté aux hommes de s’organiser entre eux. L’unité
de base de la vie c’est l’individu et, puisqu’il vit en collectivité,
la base de la société, c’est la commune, la localité.
Celle-ci, en relation économique avec d’autres localités,
doit former une Fédération de communes jusqu’à
la « limite » d’un canton (par exemple) qui, lui aussi,
associé à d’autres cantons, forme une Fédération
de cantons dans le cadre d’une Région économique , et
les Régions économiques, toujours fédérées
entre elles, donnent des Fédérations de régions
groupées enfin en confédération sur le plan national,
ou Grand Conseil Economique des producteurs et des consommateurs. Est-ce
si difficile à comprendre ?... Et ce serait par le truchement
de ce Conseil National des producteurs et des consommateurs que pourrait
être distribué le Revenu Social et la monnaie de consommation
basée sur la production totale ; mais toujours en égalité
absolue.
Comme l’a écrit Engels : « Au gouvernement des personnes
se substitue l’administration des choses et la direction du processus
de production : l’Etat n’est pas aboli : il meurt » (1). L’organisation
des choses. citée par J. Duboin (2), devient un fait et la liberté
des hommes aussi. Car l’économie distributive, avec .son complément
indispensable l’Egalité Economique, C’EST l’administration des
choses, il convient seule. vent, pour qu’elle soit effective, de l’organiser
en société fédéraliste.
C’est une utopie ? Ce mot est bien vague et on a vu combien il est devenu
ridicule au cours des deux derniers siècles. Bien sûr,
le mot Fédéralisme, depuis la naissance de cette doctrine
vers les années 1860-65, a quelque peu été galvaudé
et vis à la sauce politique. Le comprenant mal ou par intérêt,
on va jusqu’à appeler Fédération un conglomérat
de peuples ou de nations dans le cadre du capitalisme ; on nomme aussi
Fédérations des groupements d’intérêts purements
politiques... Le fédéralisme qui bannit l’autorité
politique et contribue par sa souplesse à faciliter l’organisation
de l’Economie, donc des choses, est tout indiqué pour faire fonctionner
l’Economie Distributive. Car enfin, si le capitalisme et son corollaire
l’Etat sont supprimés, il serait val venu d’en conserver des
séquelles en maintenant les différences sociales tels
des revenus d’émulation et autres inégalités !
S’il s’agit d’appliquer la satisfaction des besoins dans l’Egalité
Economique, il est superflu de légiférer à nouveau
pour obliger les hommes à se soumettre à (les lois qui
n’existent que pour protéger la propriété privée.
Organiser les choses est le but concret de la vie en collectivité.
L’économie des besoins ne peut exister que par l’administration
des choses, jamais par l’Etat qui est un processus politique qui soumet
l’économie aux intérêts du capitalisme c’est-à-dire
du profit. Ne sentez-vous pas qu’il est temps d’appliquer la contrainte,
non plus aux hommes, vais sur les choses ? L’économie distributive
devient une réalité quand, dépouillé de
toute entrave politique, chaque homme, fédéré aux
autres hommes, assume son entière responsabilité sociale.
Il est évident que pour l’heure. il faut une maturité
révolutionnaire économique des esprits. Alors libérons-nous
des croyances politiques et vivons pleinement par le Fédéralisme
en Economie Distributive.
(1) Cité par Gaston Britel, dans sa brochure « Périr
ou Distribuer » ; édition de la Moisson Nouvelle, 1950.
- Le contenu de cette brochure renforce la conviction de vivre par le
Fédéralisme et l’administration des choses en Economie
des Besoins.
(2) Dans « L’Economie Distributive de l’Abondance », page
41.