Manifeste pour une coopérative de transition sociétale vers une économie distributive

Dossier : Mieux travailler, ensemble
par  Y. GRELIER
Publication : juin 2023
Mise en ligne : 30 septembre 2023

 Pour de nouvelles perspectives de liberté, d’égalité et de fraternité,

Pour une réappropriation des richesses,
Pour une révolution douce et intégrale,
Pour une quête d’Abondance dans le respect de notre planète, permettant une vie digne et épanouie pour chaque être humain.

Considérant que  :

– Le pouvoir d’aujourd’hui est économique, il faut envisager le changement par ce biais  ;
– Le système économique est au service d’une oligarchie et non plus au service de l’humain  ;
– Le droit à la propriété n’est pas un droit à l’accaparement  ;
– La concentration des richesses et du pouvoir est inversement proportionnelle à la capacité d’empathie  ;
– La production doit être au service de l’humain dans le respect de son environnement  ;
– La productivité et les méthodes de travail collaboratif et performant ont fortement progressé  ;
– Les choix d’engagements matériels et humains doivent être d’intérêt général et non plus d’intérêt économique  ;
– La misère et la pauvreté n’ont plus de sens en regard de nos capacités de production  ;
– La monnaie engendrée par le système économique en place a une capacité de destruction massive  ;
– La monnaie n’est pas destinée à la thésaurisation mais à la consommation de la production de biens et services  ;
– La monnaie doit être créée et exister pour servir et non plus pour asservir ;
– Le droit à la liberté doit s’exercer dans le respect d’autrui ;
– Le pouvoir de la connaissance, de la capacité, implique un devoir de partage, une responsabilité vis-à-vis de la collectivité ;
– La connaissance et les inventions de nos ancêtres sont un bien commun.

Une autre organisation économiques doit être explorée.

Vu que  :

– La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux des êtres humains, pour favoriser les débats et l’émergence d’idées  ;
– Une structure légale existe pour expérimenter ce qui pourrait devenir un réseau économique collaboratif  : la coopérative de travailleurs  ;
– Les richesses sont accumulées et leur possession permet de maintenir le statu quo… les travailleurs doivent se les réapproprier.
– Les capacités technologiques ont suffisamment évolué pour créer des communautés économiques non géographiques, en réseau  ;
– L’utilisation d’une monnaie complémentaire peut être mise en place entre membres d’une même organisation  ;

Une structure économique de type coopérative de travailleurs peut être envisagée pour expérimenter une transition vers une économie distributive.

«  La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme  », 

«  Tout travailleur participe à la détermination collective des conditions de travail ainsi qu’à la gestion des entreprises.  » [1]

 Le temps de la bifurcation

«  T’es comme… T’es comme une mouche dans un verre, tu vois la lumière mais tu ne sais pas passer au travers, parce que tu ne sais pas contre quoi tu te cognes. Et tu tournes et tu tournes et tu deviens fou. Parce que ce serait encore un verre carré, tu pourrais aller dans les coins et savoir que tu es puni, mais non il est bien rond, bien lisse, bien transparent. Et tu tournes et tu tournes et tu deviens complètement fou. Je le casserai moi ce putain de verre.  » [2]

Il est envisageable d’expérimenter une transition vers une économie distributive. C’est à travers notre travail quotidien, prenant à chacun une énergie et un temps significatifs [3], que l’investissement personnel dans une transition peut avoir un impact majeur. C’est en collaborant au maximum entre travailleurs dans cette même perspective que l’impact peut devenir décisif. Cette collaboration a de l’intérêt si la coopérative de travailleurs arrive à couvrir l’intégralité des besoins : nourriture, habillement, logement, santé, éducation, assurances sociales… et si elle en permet la distribution via une monnaie de consommation interne. L’intégration dans le système actuel doit atteindre une balance commerciale positive afin d’augmenter l’impact du mouvement.

Après le capitalisme libéral, le capitalisme d’État, établissons une économie sociale et solidaire intégrale.

 L’histoire portée vers l’avenir [4]

L’histoire montre que des comportements destructeurs peuvent faire péricliter l’ambition d’un tel mouvement. Cette conscience doit être entretenue et des garde-fous doivent être mis en place pour contenir les interventions psychopathiques, les dérives d’utilisation du système expérimenté. [5]

Abondance [6], Bien-être et Collaboration, l’ABC du système doit porter les ambitions de chacun pour soi et pour les autres. Il doit réconcilier le travail et les valeurs humaines. L’objectif du système d’expérimentation d’une économie distributive et un partage du travail, ainsi qu’un partage des richesses à travers le partage des revenus.

Toutes les connaissances et les savoir-faire, les infrastructures, la culture, les conquis sociaux, sont un héritage de notre histoire, de nos ancêtres. Ils doivent pouvoir servir chacun d’entre nous.

Pourtant, nos services publics sont déconstruits, en contradiction avec notre constitution  : «  Tout bien, toute entreprise, dont l’exploitation a ou acquiert les caractères d’un service public national ou d’un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité  »(1). Restaurer un service public pourrait être un objectif de cette coopérative de travailleurs.

 Prendre part et non plus prendre sa part

La coopérative de travailleurs est l’outil envisagé pour soustraire le travail des profits, et choisir collectivement les investissements. Cette coopérative intégrale de transition vers une économie distributive doit permettre d’expérimenter  :

– un effacement de l’écart des revenus, qui peut être compensé par une diminution du temps de travail lorsque la pénibilité le justifie  ;
– un mécanisme de distribution et d’ajustement de la production via une monnaie de consommation  ;
– une expérimentation des prises de décisions efficaces et dans le respect de la diversité des membres  ;

Afin de faire disparaître la misère et la pauvreté. Créons «  une monnaie qui, cessant d’être circulante, sera gagée sur la production elle-même dont elle assurera le passage à la consommation.  » Jacques Duboin, Rareté et abondance, Chapitre 19

La dimension cible de la coopérative doit permettre d’envisager le travail non plus comme du salariat, mais comme des partenariats de travailleurs autonomes. La coopérative centrale doit permettre la gestion administrative du système et ses forces vives, tandis que des entités filiales porteront les activités de production et leurs spécialités grâce aux équipes mandatées. Elle doit inclure une structure de gestion de la propriété collective et de ses usages particuliers, afin d’offrir confort et qualité de vie à ses membres.

On peut voir comme un paradoxe de vouloir dissocier les revenus du travail en commençant par une coopérative de travailleurs. L’idée est pourtant de commencer à former une communauté de producteurs, ainsi la production peut être partagée entre ces travailleurs et une communauté élargie : conjoints, enfants… Ce nouvel organisme économique a pour vocation non seulement de créer de l’innovation de production, d’organisation, mais surtout de l’innovation sociétale autour d’une nouvelle économie, distributive. En soustrayant le moteur productif d’un système ultra-libéral désormais hors-sol, comment pourra-t-il tenir  ?

«  Tous les hommes ont naturellement au coeur l’amour de la liberté et la haine de la servitude.  » 
Jules César, La Guerre des Gaules, Livre Troisième, §10.

 Pour une coopérative intégrale et humaine [A}


[2Préambule à la pièce Kou l’ahuri, adaptée et jouée au théatre belge en 1996 par la compagnie Biloxi 48. — Visible sur https://www.economiedistributive.fr/Kou-l-ahuri-ou-La-misere-dans-l

[3«  Les collaborateurs fournissent leur bien le plus précieux, leur temps à Toyota, qui doit le transformer en opportunité de développement et de création de valeur, pour éviter que ces collaborateurs n’aient gâché leur vie  ». Eiji Toyoda in Caseau Processus et entreprise 2.0

[4En hommage aux combats sociaux, à la défense des droits portée par nos anciens et aux recherches d’une société plus juste, aux expérimentations, qu’elles aient échoué ou démontré leur pertinence.

[5«  Au cœur de ce dispositif théorique et pratique se trouve la notion de gouvernement par la mission, qui pose un objectif décidé en haut lieu, mais en laissant toute latitude et initiative aux subordonnés sur les moyens à employer pour y parvenir. Cette liberté très orientée ne donne ainsi que la "liberté d’obéir"  » 
http://chouard.org/blog/2020/01/18/le-management-science-de-loppression-les-nazis-pionniers-du-management-johann-chapoutot-signale-par-mediapart/1


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